Elections Ligue Occitanie – Alain Doucet, l’interview

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Le vote pour élire le futur président de la Ligue Occitanie sera ouvert dès ce mercredi 6 décembre à midi et fermera samedi 9 à midi. Le débat, que nous avions initialement prévu le 16 novembre dernier, n’a pu avoir lieu tel que nous l’espérions. A défaut d’un face à face entre les deux candidats à la présidence de la plus grande région de rugby de France, nous les avons interrogé indépendamment. Par souci de transparence, précisons auprès de nos lectrices et lecteurs que dans l’impossibilité de nous rencontrer, Alain Doucet nous a répondu par téléphone, et Gilles Sicre nous a reçu à la Maison du Rugby…

Elections Ligue Occitanie - Alain Doucet, l'interview
Alain Doucet à Ernest Wallon, lors de notre entrevue en septembre dernier, lorsqu’il briguait alors la présidence de la FFR (photo RugbyAmateur.fr)

Alain Doucet, avant toute chose, à cause d’une erreur « administrative » vous avez failli ne pas pouvoir vous présenter (voir article diffusé le 19 novembre dernier). Vous avez songé à renoncer à moment-là ?
J’ai été informé qu’il y avait un problème sur ma liste oui. Mais il y avait un vice de forme pour les deux listes, qui ont été invalidées en même temps. On a trouvé un accord fort heureusement. J’avoue que nous avons été dans l’incertitude.

On vous déjà a posé la question en mars dernier (voir l’annonce de la candidature) , mais pourquoi se présenter à la présidence de la Ligue Occitanie ?
Ça remonte au mois de janvier, Bernard Laporte, après son élection à la FFR, m’a demandé d’assurer cette candidature. Je n’ai rien demandé, mais on m’a dit qu’on aimerait bien que je sois le leader de cette liste. J’en ai parlé auprès de mes proches, de mon épouse, et j’ai décidé de me lancer. J’ai des convictions, un programme dans lequel je crois et que je veux défendre. Et quand je me lance dans une aventure, j’y vais à fond.

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Vous avez déclaré que la région Occitanie ne pouvait plus vivre sur ses acquis , ni sur son image d’il y a 30 ou 40 ans. Que vouliez-vous dire ?
On a l’impression que les gamins viennent naturellement au rugby, mais c’est fini ce temps là ! D’autres fédérations, d’autres sports sont plus agressifs que nous pour les faire venir, et ça marche. Il faut se remettre en question. Le Hand grandit, le foot est plus fort qu’on ne le croit en Occitanie, le tennis aussi. On perd des licenciés chaque année. Le rugby n’a aucun leadership dans aucun département en Occitanie. Il faut savoir se revendre, remettre le rugby en vitrine. D’où les actions prévues au niveau du scolaire. Il faut enseigner le rugby dès le primaire, puis dans le  secondaire. Si on sait qu’un prof est entraîneur de rugby, on l’aidera à ce moment là. Il faut se rapprocher de l’Unss aussi. Ces professeurs sont des porte-paroles privilégiés du rugby dans les classes, des agents de développement, à nous de les accompagner.

Comment se traduirait cet accompagnement concrètement ?
On ne peut pas jouer partout, on manque de terrains, de matériel, d’hommes. Il faut aider, en poussant la pratique du rugby à 5, favoriser l’accès à des formes plus ludiques du rugby. Par exemple, « Rugby au chaud », créé chez moi, dans les Hautes Pyrénées, a vu le jour sur la base d’une idée simple : pourquoi ne pas faire du rugby en salle l’hiver. Ça regroupe plus de 1 000 gamins, et c’est un succès qui ne se dément pas depuis. Il faut qu’en sortant du primaire, chaque gamin ait touché un ballon de rugby. Les gens s’engagent de moins en moins dans les fédérations à cause de certaines contraintes. Il faut y être très attentif. Mais sachez que je compte aussi sur RugbyAmateur.fr pour nous aider à communiquer régulièrement.

Le rugby des villages se meurt aussi. De nombreuses équipes séniors ont déclaré forfait par manque d’effectif en début de saison. Comment comptez-vous aider les clubs qui manquent de moyens humains, et financiers aussi, pour continuer ?
On manque de population dans certains endroits oui, et de ressources. On ne va pas faire un chèque pour l’un, sinon les 399 autres clubs vont demander la même chose, et seraient en droit de le demander en plus. Un club qui disparaît, c’est une perte immense car un club a beaucoup de mal à repartir. Sortir 50 mecs dans un village de 300 habitants, c’est compliqué. Il faut pousser aux ententes. Je veux qu’une équipe continue à jouer, même s’ils déclarent 3 forfaits, sans fausser le championnat bien sûr, avec interdiction de se qualifier par exemple. Chacun souffre dans son coin, on peut aider par un cadre technique, par plus plus de doubles licences, proposer du rugby loisirs comme alternative, autoriser un club à jouer un niveau au dessous, favoriser les fusions, etc… Je ne peux pas me contenter de constater qu’un club meurt.

Il me tarde de construire maintenant, de passer du papier au concret…

Vous pensez que les dirigeants du Comité Midi-Pyrénées n’ont pas fait assez d’efforts en ce sens ?
Je ne vis pas dans le Comité Midi-Pyrénées, et je ne permettrai sûrement pas de juger ni les hommes, ni les actions. Mais ce qui est certain, c’est qu’un Comité n’est pas là que pour sanctionner, sans écouter, sans soutenir.

D’où ce « On doit tout construire, on part d’une feuille blanche », phrase que vous avez prononcé lors de votre campagne. Qu’est ce que cela signifie ?
Il faut du concret. Par exemple, chaque comité sera doté de visio conférence. On a encouragé la « championnite » chez les jeunes, alors qu’il faut que ce soit plus ludique, plus formateur. il faut oublier ce fonctionnement. On a un immense réseau, ce qui n’est pas une faiblesse, bien au contraire. Thierry Murie (vice président en charge du rugby amateur fédéral) a opté pour une grande consultation des clubs avant de proposer des solutions qui ont été toutes adoptées. Nous ferons de même pour le niveau régional. Je veux une compétition où les équipes se situent sur toute une saison…

C’est-à-dire ?
J’en ai assez des poules de brassage. Alors on va garder les niveaux acquis, en janvier prochain, le dernier brassage sera fait. On le prendra en compte pour déterminer qui jouera en Promotion Honneur, 1ère ou 2ème série, etc… On fera des poules logiques, on rapprochera certains clubs qui n’étaient distants que de quelques kilomètres, mais séparés par les frontières départementales. Par exemple, l’Aude et la Haute Garonne peuvent jouer ensemble je pense. J’ai discuté avec les clubs catalans, qui attendent tous des changements, dans le Languedoc aussi.

Il y aurait donc un championnat départemental, puis régional pour définir les champions d’Occitanie ?
On planche dessus oui, mais sans trahir de secret, on vise à faire qualifier les quatre premiers de poules, qui disputeront les quarts, demis, et finales régionales. Du 5 au 8, les équipes participeront à la Coup d’Occitanie, et les derniers joueraient les play down. On rentre dans une ère de compétition renouvelée, si les clubs le souhaitent.

Pourquoi un président devrait-il voter pour vous ?
Je suis porteur du programme fédéral, je défends ce qui a été mis en place par l’équipe de Bernard Laporte. Mais je ne promettrai pas ce que je ne peux pas promettre. Ce chantier, car c’en est un, m’intéresse, je veux y associer un maximum de personnes, que ces échanges ne nuisent pas à l’identité mais au contraire, favoriser les convictions. Mon leitmotiv, c’est que les clubs existent toujours dans 15 ou 20 ans. Durant ma campagne, j’ai eu l’occasion de discuter avec beaucoup de présidents, au travers de 16 ou 17 réunions. Il me tarde de construire maintenant, de passer du papier au concret. Il me tarde aussi de travailler dans la sérénité…si je suis élu bien sûr.

Qu’est ce qui vous différencie de Gilles Sicre, l’autre candidat à cette présidence régionale ?
Ma conception de la Ligue sans doute, qui doit s’appuyer sur les comités départementaux, en s’appuyant sur les clubs, en lien direct avec les applications des directives fédérales. Les comités sont parfois des culs de sac. On est passé de 27 comités à 13 ligues, il faut s’adapter. On a mis l’accent sur la cohésion sociale aussi. Ce n’est pas un problème de personnes, mais on est rentrés dans une certaine routine depuis des années, il faut faire évoluer cela. Gilles Sicre est un homme courageux, il aura permis une plus grande réflexion durant cette campagne. J’ose espérer qu’après les élections, si j’ai la chance d’être élu, on saura coopérer pour aller dans le même sens. Si je suis élu, je n’irai pas polluer la vie du comité pendant la période de transition. Quand on voit certains événements dans le monde, on doit se rappeler qu’on ne parle que de rugby.

alain doucet
Photo de famille entre présidents départementaux le mois dernier.

Ce 9 décembre prochain se déroulera le premier vote décentralisé de l’histoire du rugby français pour élire l’exécutif des 13 prochaines ligues régionales. On vous dit tout sur les modalités de ce vote.

Pour doter les 13 nouvelles Ligues d’un exécutif, les représentants des 1 900 clubs français sont appelés aux urnes le 9 décembre. Un jour historique, puisque pour la première fois, les électeurs trouveront un isoloir où qu’ils soient avec cet inédit vote décentralisé. Terminé donc le recueil laborieux des procurations, fini également le long trajet jusqu’au bureau de vote désigné.

Comment l’opération va-t-elle se dérouler ? Quelles conditions de sécurité et d’anonymat ? « On s’est adossé les services d’une société spécialisée pour ce genre d’action. Il y a une certification sur le vote, son secret et les modalités mises en place », explique Laurent Gabbanini, directeur général adjoint de la FFR. Que les allergiques à l’informatique se rassurent, la procédure s’annonce d’une simplicité enfantine. « Même pas besoin d’être chez soi devant son ordinateur puisqu’on peut voter aussi sur Smartphone ou tablette », se réjouit Laurent Gabbanini.

LE PROCESSUS DE DÉSIGNATIONS DES POUVOIRS

Si cela paraît simple, la Fédération appuie sa démarche par un tutoriel vidéo envoyé aux clubs pour expliquer les modalités du vote. « Le dépouillement se fait par clé électronique, par un membre habilité d’une commission indépendante. Il n’y a pas de bulletins et le secret du vote est assuré », précise encore le directeur général adjoint de la FFR.

Le vote sera ouvert dès le 6 décembre à midi et fermera le 9 à midi.

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