Il y a un an, nous étions en guerre, contre un virus inconnu, dont on moquait de moins en moins le nom. Le monde faisait une pause forcée, découvrait le confinement, et les attestations de sortie. Le sport était à l’arrêt aussi, sauf à domicile, où chacun s’entretenait ou se découvrait une nouvelle âme de sportif. Les courses de première nécessité ne s’effectuaient pas que dans les centres commerciaux. Certains travaillaient le raffut et le grattage au sol pour remplir le caddie de pâtes, oeufs, farine et des monticules de PQ… Les cons finis étaient pointés du doigt par tous les autres confinés. La vie 2.0 s’accélérait, les premières visio-conférences ou autres « conf call » s’organisaient de plus belle. Zoom est devenue l’appli incontournable, même pour des apéros. Il faut dire qu’il devenait nécessaire d’alcooliser autre chose que nos mains. Dans notre langage courant, les mots distanciel ou présentiel trouvaient bonne place. Les DJ ne peuvent plus crier que « On lève les bras au sky….pe, et c’est partiiiiiiii »! Calme plat dans les bars, les restos et les boîtes, invités à baisser le rideau quelques temps. En revanche, c’est le défilé sur les plateaux télé, des médecins, scientifiques, épidémiologistes deviennent des stars. Le professeur Raoult et la chloroquine se font un nom, sur fond de guéguerre Paris-Marseille, Capitale-province.
On se paye le luxe de faux débats entre experts de tout mais sûrs de rien, pour nous rappeler les gestes barrières, se laver les mains, éternuer dans son coude, ce que personne ne faisait avant donc. La nature reprend ses droits, l’être humain continue ses travers, à savoir si le port du masque est souhaitable ou pas. Il faudra attendre quatre mois avant qu’il ne devienne obligatoire. De toute façon, la France n’en dispose pas, il faut patienter que la Chine, d’où est parti le virus, veuille bien nous dépanner, par avion cargo. Sibeth mais c’est comme ça. Les aéroports sont ouverts, avant de devenir tout rouge. L’Italie est à la botte du virus, le reste de l’Europe va lui emboîter le pas, faute d’avoir posé un grand plexiglas aux frontières.
Les soignants sont applaudis à 20 heures, les éboueurs ont moins de public aux aurores, mais sont reconnus pour leur courage, comme les caissières, qui sont en première ligne… Première ligne dîtes-vous ? Mais au fait, que devient le rugby dans tout ça ? Secondaire forcément, anecdotique même, on peut s’en passer un petit moment, pour se sauver de l’épidémie. Et puis, on reprendra dans un mois ou deux, grand max. Sauf que les instances doivent trancher. La saison 2020 s’arrête là, aussi blanche que la barbe d’Edouard Philippe. Il n’y aura pas de champion chez les pros, et encore moins dans le rugby amateur. Une première depuis la seconde guerre mondiale. Après tout, nous sommes en guerre on vous le rappelle.
Fini le rugby donc, fini les embrassades, fini les regroupements. Les jeunes passent encore plus de temps sur les Ipad, les vieux dans les Ephad, vivant l’isolement bien différemment. Et puis, l’autre mot star de l’année, le déconfinement, se précise. Cette grippette asiatique est passée, l’été arrive, on permet à tous de circuler normalement, de sauver le tourisme estival. On ouvre l’accès aux plages, horaires et de sable chaud, histoire de prendre un bon bain avant de prendre une bonne deuxième vague, à l’automne, prévisible.
Les entraînements de rugby ont repris pendant ce temps-là, avec les beaux jours et avec contact. Si, si ! La saison 2020-2021 sera celle du renouveau, de la relance. Même si les vestiaires et les douches sont fermés. Même s’il faut respecter des protocoles stricts. Et puis il fait bon, il fait chaud, ça fait rire les oiseaux… de voir des rugbymen et women se doucher au jet d’eau. Nez en moins (ben oui, les contacts ont repris, il faut suivre), le rugby, sport de combat par excellence, ne peut éviter les (cas) contacts, et on déchante vite. Quarantaine, quatorzaine, septaine, peu importe, l’isolement devient aussi régulier que problématique. Il n’y a pas que le calendrier qui est chamboulé. Les championnats amateurs ne peuvent être nasopharyngés tous les trois jours.
Alors, la décision est prise, fini les tests-matchs, on appuie sur le bouton pause encore une fois. Le rugby, comme les autres sports, tombe au champ d’honneur face au général Cluster. Principe de précaution oblige. Le virus lui, continue son jeu à une passe, il avance. Il varie le jeu même, tantôt à l’anglaise, tantôt à la sud africaine. Il se fraye un chemin dans nos défenses immunitaires, en attente d’un vaccin, n’ayant que faire des distanciations sociales. Le temps passe, les fêtes de fin d’année arrivent, on profite du réveillon à six, ou debout, c’est selon. Le spectre d’un couvre feu se précise, le territoire passe du vert au rouge, et même à l’écarlate parfois. La couleur blanche elle, va appliquer une deuxième couche sur la saison 2021, on le sent, on le sait. La décision tombe fin février, inévitable. Le rugby est placé sous cellophane, retourne au frigo, au congélo même. A côté des premiers vaccins qui arrivent. En attendant des jours meilleurs. Qui vivra Véran.
Le rugby est sous assistance respiratoire, l’Etat finance les professionnels qui continuent à jouer dans des stades vides. Le rugby amateur lui, reste en file d’attente, et se morfond, privé de tout. Au moment de faire les comptes et passer en caisse, le rugby d’en bas, paye cher le sans contact. Inimaginable il y a encore un an. Oui, c’était déjà il y a un an jour pour jour, le début du confinement 2.0, premier du nom. Rendez-vous compte, parler de corona le jour de la Saint Patrick, sacrilège tout de même, c’est un véritable beer…ratage.
Voilà les ami(e)s, cette piqûre de rappel d’un passé pas si lointain est là pour nous préparer au mieux pour monde d’après… dès à présent. Et espérer revivre les émotions d’un match, sur le pré pour les plus jeunes, en tribunes ou derrière les mains courantes, mais propres bien sûr, pour les autres. Oui, le rugby ama… pleure, il a un genou au sol, mais va se relever, c’est sûr ! Et vous savez quoi ? RugbyAmateur vous accompagne dans cette aventure « covid » tous ensemble. Pour vous informer, vous distraire, et surtout maintenir le lien. On va s’en souvenir de ce pangolin !