Samedi 11 novembre, anniversaire de l’armistice de la première guerre mondiale, les sélections nationales de la Marine Nationale (RCMN) et de l’Armée de Terre (RCAT) se sont affrontées au stade Jean Bouin du Stade Français Paris, pour la dixième édition du challenge Foch-Ronarc’h. Les équipes masculines et féminines se rencontrent tous les ans à cette date, et les bénéfices sont reversés aux blessés de guerre. Avec deux équipes militaires françaises championnes du monde en titre, chez les garçons et chez les filles, ces deux matchs promettaient d’être de haut niveau. Retour sur ce bel après-midi, entre commémoration, compétition et collecte de fonds…
Le challenge Foch-Ronarc’h, dixième édition d’une institution
Le challenge Foch-Ronarc’h existe donc depuis 2013, et s’inspire d’une tradition anglaise. En effet, depuis 1907, la Royal Navy et l’Armée de Terre britannique se rencontrent chaque année à Twickenham et cet événement rassemble jusqu’à 60 000 spectateurs. En France, les lieux varient, mais ce sont souvent des stades de prestige, comme en 2018, au stade de la Rabine de Vannes.
Un des objectifs majeurs de cet événement est bien évidemment de commémorer l’armistice et d’honorer les blessés de guerre. D’ailleurs, cette année, la portée symbolique était encore plus forte, car nous célébrions le centenaire de la flamme de la tombe du soldat inconnu. Cette édition 2023 était parrainée par Thierry Dusautoir, ancien capitaine du XV de France, et les chefs d’état-major de l’armée de Terre et de la Marine, le Général Schill et l’Amiral Vaujour étaient également présents.
Le challenge Foch-Ronarc’h a donc également un but caritatif, comme nous le précise la troisième ligne aile de la Marine : « Tous les bénéfices réalisés durant cette journée sont reversés à Terre Fraternité, qui oeuvre pour les blessés de l’Armée de Terre. Samedi, 4000 personnes sont venues à Jean Bouin pour voir les matchs. » Avec les places à 5€, nul doute que cette récolte d’argent aura été un succès.
Sur le terrain, deux rencontres très serrées.
Avant d’entamer ces rencontres tant attendues, les équipes ont respecté un protocole, digne d’une finale de Top 14. La Marinette nous raconte : « Au moment de rentrer sur la pelouse, les enfants de l’école de rugby de Fontainebleau nous tenaient la main. Puis nous avons salué les Hautes Autorités des deux armées (comprenez les hauts-gradés), avant de chanter la Marseillaise. Enfin, un coup d’envoi fictif a été donné par deux anciennes joueuses, une de l’armée de terre et une de la Marine Nationale. »
Concernant la rencontre, elle se souvient d’un scénario assez fou, et d’une fin de match très serrée : « À la mi-temps, nous étions menées 22 à 7, soit plus de deux essais transformés d’écart. Mais nous avons réussi à revenir et même prendre 5 points d’avance. Mais rien n’était fait jusqu’à la sirène, car nous avons passé les 5 dernières minutes à défendre sur notre ligne. C’était tellement tendu, que les garçons ont tous arrêté leur échauffement pour nous soutenir. Finalement, on gagne 22-27 et on soulève le trophée. Il sera bien sûr remis en jeu le 11 novembre prochain. »
Côté masculin aussi, l’issue du match était assez imprévisible. En effet, les deux équipes n’ont pas réussi à se départager et, après 80 minutes, se sont quittées sur une égalité parfaite (22-22). Quid du trophée ? Et bien pour la première fois, les deux capitaines l’ont soulevé ensemble. Rendez-vous donc dans un an, pour connaître son vrai propriétaire.
La suite du programme pour les « Marinettes »
Tout comme les joueurs de l’équipe de France, les joueuses de la Marine Nationale ne se retrouvent que lors de quelques rassemblements au cours de l’année. Le reste du temps, elles jouent en club, à condition de ne pas être prises par leurs missions. D’ailleurs, la troisième ligne explique que la sélection a souvent du mal à être au complet, car le travail prime sur tout : « Pour ce rassemblement par exemple, beaucoup de joueuses n’ont pas pu venir, à cause de l’actualité à Gaza. Heureusement, nous avons pu compter sur les contrats-rugby, c’est-à-dire les filles qui sont mises à disposition de la sélection dès que besoin par leur hiérarchie. Moi-même, j’ai longtemps été sur des porte-avions, et donc dans l’impossibilité de rejoindre le groupe. »
Désormais basée en Corse, où elle joue pour les Ponettes (Fédérale 1 Féminine), elle devrait pouvoir participer aux prochains rassemblements, qu’elle nous détaille : « Il y aura d’abord une rencontre à Vannes le 16 mars, contre nos homologues de la Royal Navy. Ensuite, nous nous retrouverons à nouveau pour le challenge Violette Szabo, du nom d’une résistante française, contre l’Armée de Terre britannique. Pour chacun de ces rassemblements, nous passons une semaine ensemble, en vue du match. À plus long-terme, le XV de la défense, qui rassemble les armées de Terre, de l’Air, la Marine et la Gendarmerie Nationale, jouera la Coupe du Monde en 2025. Notre sélection féminine a déjà été sacrée en 2021 et y remettra donc son titre en jeu. » Un calendrier bien chargé pour les Marinettes, en plus de leurs missions respectives.