Pour le compte de l’Africa Cup Bronze, qui représente le niveau C (sur 4 niveaux au total), la finale opposait l’Algérie qui s’est déplacée en Zambie. Dans un stade construit par les miniers installés sur place, l’ambiance était énorme. Plus de 6000 spectateurs s’étaient amassés et faisaient autant de bruit que 30 000 fans. Constituée de nombreux joueurs habitués à pratiquer le rugby à 7, la Zambie est une équipe très joueuse. Les Fennecs se devaient de s’adapter au jeu adverse mais aussi à l’altitude puisque le terrain culminait à près de 1500m d’altitude. Sans oublier un voyage interminable de 30 heures (dont 26 de vol avec 3 escales !)
Les hommes de Boumédienne Alam, épaulé par un certain Jean-Jacques Crenca, et François Gelez dans le staff (joueurs emblématiques d’Agen), ont pu récupérer après une bonne nuit de sommeil, et se préparer à ce match historique avec un seul entraînement dans les jambes. Et ces dernière semblaient bien lourdes dès le coup d’envoi à 16h (heure locale). Mais les coéquipiers de captain Khalouchi, qui disputait là sa dernière bataille internationale, ont su faire abstraction d’un public chaud (mais pas hostile), et mener 15-6 au terme d’une première période qui aura durée 48 minutes !
La deuxième commençait à l’heure, et plutôt bien pour les visiteurs puisqu’ils creusaient l’écart avec deux nouveaux essais. A 25-6, on se disait que la cause était entendue, mais les Zambiens, devant leurs supporters ont eu une belle réaction d’orgueil pour revenir à 25-18. Les avants algériens ont alors enfoncé le clou avec un ballon porté dévastateur, et un dernier essai. Mais pas le dernier de la partie puisque l’arbitre a laissé jouer d’interminables arrêts de jeu, permettant ainsi aux zambiens de revenir grâce à un essai transformé (30-25). Mais les Algériens, dans une deuxième période a été fertile en offensives, et en essais donc, ont su préserver leur avance pour l’emporter, offrant ainsi à leur pays, le premier trophée de l’histoire.
La joie sur le terrain, dans les vestiaires et lors de l’après match restait intense, avec le sentiment d’avoir accompli quelque chose de grand pour le rugby algérien. Tout aussi grand que le voyage de retour comme nous le confiait Johan Bensalla, demi d’ouverture de Lombez-Samatan en escale au Kenya quand nous l’avons contacté : « Oui, je suis au Kénya encore quelques heures avant de passer par Amsterdam, puis Paris, avant de prendre un dernier avion pour Toulouse. Soit un petit périple de 36 h, et une arrivée lundi à 19h ». Le temps pour l’international algérien de se remémorer de beaux souvenirs, comme l’ensemble de la délégation.
Réactions
Kahled Kahlouchi (capitaine) : Un match très dur et très, très long (rires). On a joué une mi temps de 53 minutes et l’autre 48 je crois bien ! On ne connaissait pas cette équipe de Zambie mais ont savait qu’elle avait une culture seven donc on a opté pour un jeu simple et direct puis insisté sur les phases de conquête car on avait un pack solide. L’ambiance était énorme au stade, c’était vraiment super. Pour moi c’était mon objectif, une finale de coupe d’Afrique, pour mon dernier match avec l’équipe nationale algérienne. Et oui, mon corps me lâche et mon emploi du temps professionnel ne me permettra plus de pouvoir me libérer. Je suis heureux de terminer ainsi.
Johan Bensalla (demi d’ouverture) : Le match, physiquement, a été dur avec l’altitude, et ils étaient plus coureurs que nous, mais malgré ça, notre conquête et notre organisation collective ont fait la différence. L’ambiance était énorme, j’ai pris une leçon tellement les gens étaient gentils, ils n’étaient « que » 6000, mais je peux te dire qu’ils étaient très bruyants, surtout quand, en fin de match, ils sont revenus à 5 points. Il y a eu une grosse intensité, la preuve avec nos quatre blessés, on a fini sur les rotules, mais on a gagné et c’est l’essentiel.
Boumédienne Alam (coach) : C’est un véritable exploit que mes petits on réalisé, en battant la Zambie, qui était invaincue chez elle depuis 2002. Le périple pour arriver en Zambie n’as pas été une tâche facile : Paris, Amsterdam, Nairobi, Lubumbashi, Ndola, Mufulira, soit près de trente heures de trajet. C’était notre première compétition officielle en coupe Afrique, ce qui rend ce moment encore plus précieux. En remportant la Bronze Cup nous rentrons dans l’histoire du rugby Algérien. C’est le tout premier trophée remporté. La sélection nationale Algérienne, évoluera la saison prochaine dans la Rugby Africa Silver Cup, et c’est une véritable satisfaction, un long travail d’équipe. C’est une grande fierté car nous ne sommes membres à part entière de Rugby Afrique que depuis un an. Nous avons une jeune fédération, et notre marge de progression est immense ! Bravo à tout le monde, et merci pour tous les soutiens reçus.