C’est au pied des murs de la cité médiévale de Lectoure et sous un ciel gersois maussade que se jouait l’acte dernier de la longue saison de la 1e série. A l’affiche, le club landais d’Ondres, tout frais champion de Nouvelle-Aquitaine de la division, opposé au club héraultais d’Olonzac, tout récent finaliste de la finale d’Occitanie. L’objectif d’un doublé était donc grand et légitime pour les Landais qui rêvaient d’une année 2022 en forme de légende dans l’histoire du club. Mais pour autant, Olonzac ambitionnait de venger le destin d’une défaite d’un point dans la dernière minute de la finale occitane par le plus beau bouclier qu’il puisse être : celui de champion de France. Entre ambition, aspiration et détermination, Lectoure serait pour toujours le « théâtre des rêves » d’une équipe. Mais pas des deux. A 15h00, restait à savoir pour laquelle… (Résumé et photos Wildon).
Très vite, il faut bien se rendre à l’évidence : l’enjeu prend le pas sur le jeu. Non pas que les trente protagonistes ne se livrent pas, mais les tactiques sont réciproquement neutralisées par deux grosses défenses et la volonté évidente de ne pas prendre d’essais ou de points. L’opposition lando-héraultaise se résume alors à de grands coups de pied loin devant en vue d’occuper le terrain de l’autre voire un duel d’artilleurs, Kacy et Dufourg (Ondres) répondant à la botte de Dalbeau (Olonzac). Quant au jeu à la main, ni l’un ni l’autre des adversaires ne parvient à rallier l’en-but opposé, l’essentiel du combat se déroulant de part et d’autre de la ligne médiane.
On ne s’ennuie pas, mais on ne s’enflamme pas non plus. Le seul fait notable est qu’Ondres passe devant au score pour la première fois après deux pénalités consécutives de Dufourg (32e et 38e, 9-6). Une « domination » de courte durée puisque Dalbeau remet les pendules à l’heure deux minutes plus tard. Moralité, l’heure des citrons et des oranges est sifflée sur un score nul de 9-9, sans qu’aucune équipe ne parvienne réellement à prendre l’ascendant sur l’autre.
La seconde période démarre sur les mêmes bases que la première : les deux équipes se neutralisent au milieu du terrain pendant que Dalbeau trouve à nouveau les perches sur pénalité (43e, 9-12) et que Dufourg lui réponde positivement dans la foulée (46e, 12-12). Et puis, alors que pointe un timide soleil sur Lectoure, le match bascule : la lumière vient avec une offensive héraultaise qui trouve la faille dans la défense landaise avec un essai en coin signé Rémy, que Dalbeau bonifie de deux points de mieux (49e, 12-19).
La rencontre vient dont de prendre un tournant décisif, mais ça, personne ne le sait encore. Ce que le public sait, en revanche, c’est la réaction logique attendue des Landais. Si Dufourg y va de son coup de pied de pénalité réussi et ramène les siens à portée d’essai d’Olonzac (15-19, 53ème), les autres offensives ondraises vont rester stériles. Ce n’est pourtant pas faute d’essayer avec quelques ballons bien portés par un gros pack ou quelques percées individuelles en forme de flèches dans le jeu adverse, mais tout se fracasse contre une défense olonzaguaise érigée à coup de parpaing et de moellons.
Le temps passe et le coaching des deux bancs lance à qui mieux mieux du sang frais dans les lignes, entre changements tactiques et remplacements sur blessure. Ca entre, ça sort, ça revient, ça repart mais Olonzac mène toujours au score alors que file inexorablement le temps. L’heure de jeu est vieille de neuf minutes quand une nouvelle percée héraultaise, initiée par Glili, traverse la défense landaise. Il trouve Gongora sur son côté droit lequel s’ouvre un boulevard pour l’essai de la gagne, suivie d’une transformation réussie de Dalbeau (69e, 15-26).
Cette fois-ci, les illusions landaises se confirment en désillusions. Ondres a laissé passer le train et ne reverra plus Olonzac. La nervosité gagne les rangs et deux cartons jaunes renvoient Vaisse (Olonzac) et Lespade (Ondres) sur leurs bancs respectifs. La finale s’arrête là pour eux. Une chamaillerie éclate peu après, proche de la ligne d’essai ondraise où les Landais sont acculés : on se fricote, on s’asticote, on s’empoigne, on s’échange quelques amabilités mais plus rien ne viendra changer le cours de ce match. Et après quelques secondes de temps additionnel seulement, l’arbitre signifie la fin de ce match, plongeant les battus dans cette détresse que l’on rencontre tous les ans, à la même période, et les vainqueurs dans une joie indescriptible. Il était désormais l’heure, Olonzac, allait toucher, embrasser, serrer et secouer en tous sens le bout de bois tant désiré…
Réactions
Pierre Ramon, co-entraîneur d’Olonzac : « Je pense que c’est un de nos matchs les plus accomplis, que ce soit défensivement ou offensivement. On a été un peu au-dessus des Landais, c’est une belle équipe mais on a été plus fort, plus frais sur ce match, et on a marqué deux essais, alors qu’on avait eu du mal à conclure dimanche dernier. Là, on l’a fait sur des actions collectives. Le collectif et la solidarité ont primé. A la fin, on les renverse de partout. Bravo aux joueurs car la saison longue a été longue et éprouvante pour de multiples raisons, notamment la grave blessure d’un de nos joueurs (voir article) et une finale d’Occitanie perdue à la dernière minute (voir résumé du match), pas méritée, mais c’est comme ça. On a su ressourcer toutes les énergies du groupe et les joueurs nous l’ont bien rendu. Un grand coup de chapeau à eux parce que ces phases finales ont été difficiles. C’est le sport : on gagne, on perd. Là, on a gagné. Avec une pensée pour Anthony donc, qui commence un autre combat pour retrouver une vie normale après son accident. »
Cyrille Lauferon, entraîneur d’Ondres : « On était stressé, on n’a pas joué, on est passé à côté de notre finale tout simplement. Après, on est tombé sur une superbe équipe. Franchement, ils ont été bien partout. Nous, on prend des essais « casquettes ». On a été trop tendus. A chaud, là, on retient la finale perdue de championnat de France bien sûr, parce que cela aurait été historique, le club ne l’ayant jamais gagné. Mais le meilleur qui a gagné, et plus tard, on réalisera la très belle saison que nous avons tous réalisé. »
FEUILLE DE MATCH
A Lectoure (Stade E. Vila) – Ondres – Olonzac 15-26 (MT : 9-9)
Pour Ondres : 5 pénalités de Kacy (12) et Dufourg (32,38, 46, 53)
Pour Olonzac : 2 essais de Rémy (49) et Gongora (69), 4 pénalités (5, 15, 40, 43) et 2 transformations (49, 69) de Dalbeau.
Ondres : J. Bellecave, R. Iturria, C. Lespade, I. Casabonne, J. Manent, O. Saint Martin, E. Bremand, A. Dublanc (cap), G. Destribats, P. Haurieu, G. Kacy, T. Da Cunha, E. Chaperon, L. Lefeuvre Sallenave, L. Dufourg – Remplaçants : S. Ortiz, M. Guichemerre, L. Romero, P. Boulin, N. Desbans, S. Arnoux, E. Bernou.
Olonzac : D. Bonzom, R. Olcina, A. Romera, T. Galigne, B. Vaisse (cap), T. Mazollier, D. Marcouire, T. Glili, M. Bazy, N. Olcina, A. Barreda, J. Gongora, M. Dalbeau, Q. Remy, M. Dalbeau – Remplaçants : N. Milan, R. Vivar, C. Vordy, P. Cortal, L. Falcou, P. Tisseyre, R. Fouquet.
PORT FOLIO: les supporters
LE MATCH
L’après-match