Après neuf mois de compétition acharnée, Carcassonne et Lézignan étaient sortis premier et deuxième de la phase régulière. Retrouver ces deux formations en finale semblait donc logique. Même si pour cela, « Carca » avait dû batailler pour dominer Avignon en demie (27-18), tout comme Lézignan, venu à bout de Saint-Estève (26-18). Les retrouvailles entre les deux clubs audois, s’annonçaient donc aussi indécises (victoire du FCL à l’aller 20-16, victoire de de Carca 36-32 au retour) qu’électriques pour décrocher le titre de champion de France 2021. Tapis rouge (et noir) pour ce derby XXL qui s’est disputé dimanche au Stade Ernest-Wallon… (résumé et photos par Wildon)
La particularité de cette ultime rencontre de la saison 2020-2021, était celle d’un affrontement de deux clochers séparés quarante kilomètres à peine. Et pourtant, ces deux historiques ne se sont affrontés en finale qu’à une seule reprise à… Toulouse. C’était en 1976, et Carcassonne l’avait emporté 14-6, devant 14 000 spectateurs. 45 ans plus tard, pandémie et jauge sanitaire obligent, 3 000 supporters (en grande forme) du « Feuceuleu » et des « Canaris » avaient obtenu le précieux sésame pour soutenir leur équipe. Et de quelle façon !
Leur enthousiasme a visiblement déteint sur les joueurs qui attaquaient la partie comme dans les tribunes, tambours battants ! Dès l’entame du match, Lézignan trouve la faille dans la défense carcassonnaise et envoie Gagan en terre promise, sans que Marginet ne bonifie l’ensemble de cette œuvre inaugurale (4-0). Pas le temps de souffler, que le berger carcassonnais répond à la bergère lézignanaise : sur un ballon à suivre parfaitement dosé, Alberola plonge dans l’en-but adverse pour un bel essai en coin. Herrero botte avec succès entre les barres et voici « Carca » qui prend l’avantage (4-6). Le jeu s’équilibre, on cherche un second souffle tant la chaleur est lourde et accablante.
Lézignan respire visiblement un peu mieux. Les hommes du stade du Moulin inscrivent en effet un deuxième essai par Stacul. Marginet lui, manque à nouveau les perches (8-6). Les joueurs de la Cité réagissent à nouveau et parviennent à monter une nouvelle excursion dans l’en-but des Corbiérais. Gambaro y envoie une carte postale de quatre points pendant que Herrero y colle le timbre à deux points. Les supporteurs jaunes et noirs accusent réception avec plaisir. Le tableau d’affichage indique 8-12. On le croit figé ainsi pour la mi-temps, mais le Lézignanais a de la suite dans les idées. Sur une très belle ouverture de Thomas Lacans, Tort marque un essai et donne raison aux siens. Le FCL vient d’égaliser à 12-12, peut passer devant avant de rentrer aux vestiaires, à condition que la transformation soit convertie mais… Marginet n’est décidément pas en réussite.
Ô rage, Ô désespoir…
Après une pause bienvenue pour se rafraîchir les idées et les muscles, ces derniers sont immédiatement sollicités dans un bras de fer intense. Les deux équipes semblent décider à faire plier leur adversaire physiquement. L’usure, le jeu, l’enjeu, la chaleur orageuse, et la fatigue grandissante, font le reste. Les Canaris y laissent des plumes, deux joueurs sortent sur blessure, et les fautes se multiplient. Les coéquipiers de Thomas Lacas et Antoni Maria font mal à leur adversaire. Leur saine agressivité marque les Carcassonnais. Reste à convertir par des marques au tableau d’affichage. Rémy Marginet, peu en réussite jusque là, a donc de nouveau l’occasion de prendre des points au pied.
Et le buteur lézignanais a visiblement donné un bon tour de vis à son pied droit, et enquille coup sur coup, deux pénalités. 16-12, rien n’est fait, « Carca » sonne la révolte, jette ses dernières forces dans une bataille féroce. Les intentions sont là, mais les actions restent stériles. Le vent de la défaite souffle derrière les Jaune et Noir à mesure que l’orage monte dans le ciel toulousain. Il n’y aura plus d’éclair, sur le terrain tout du moins. Et Lézignan, dix ans après son dernier sacre, remporte le huitième titre de son histoire, déjouant ainsi les pronostics. Aurélien Cologni, l’ancien joueur du FCL et sélectionneur du XIII de France pouvait savourer ce retour au premier plan.
Un grand huit salué comme il se soit par Luc Lacoste. Le président de la Fédération Française de Rugby à XIII convalescent après un problème de santé début avril (voir article) mais bien présent, et toujours aussi dynamique remettait le bouclier Max Rouzié aux nouveaux champions de France. Les nuages noirs décidaient juste à ce moment-là d’arroser ce sacre. Les Lézignanais chantaient sous une pluie battante. Une pluie qui masquait à peine les larmes carcassonnaises, qui avaient déjà coulées en 2019 (défaite en finale contre St Estève). L’Aude compte dans ses rangs deux beaux champions, mais un seul est rentré chez lui avec le bouclier… en attendant la saison prochaine, avec impatience…
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