Dimanche dernier, l’équipe première de Visé, club de première division régionale belge, recevait le Stade Nivellois pour le compte de la septième journée de championnat. Les équipes s’échauffent pour débuter le match à 13 heures. Les bleu et blanc imposent leur jeu sans trop de difficulté, l’arbitrage est exemplaire. Malgré un match à sens unique, le jeu est plaisant à regarder et les supporters, nombreux, apprécient le spectacle. La mi-temps est sifflée sur le score de 42 à 7 en faveur de Visé. Nul ne se doutait de ce qu’il allait se passer quelques instants plus tard…
Quelques minutes après la reprise, un joueur de Nivelles est remplacé, il se plaint d’une douleur à la jambe. N’ayant pas de soigneur ou kinésithérapeute, c’est Bénédicte Mauron qui officie pour Visé, qui examine le blessé. L’état de Ludovic Dumont, quarantenaire, n’a, a priori, rien d’inquiétant. Il se passe une poche de froid sur son mollet, rejoint les vestiaires pour se doucher et se réchauffer. Arrivé à hauteur des vestiaires, Ludovic s’effondre au sol. C’est le début d’une tragédie qui se joue alors dans le stade.
Ludovic serre la mâchoire, on imagine une crise d’épilepsie mais au fil des secondes sa respiration est moins fréquente, de plus en plus angoissante, et finalement s’arrête, il devient bleu. Mis en position PLS, Jean Frère, joueur et supporter ce jour-là, entame un massage cardiaque avec le soutien d’autres personnes. On fait arrêter le match car ce qu’il se passe en bord de pelouse est trop grave. Le joueur, Jérémy Nulens, voyant le drame, court en direction de Ludovic, il a une formation de secouriste et semble plus apte à affronter cette situation. Il appose les bons gestes et continue le massage cardiaque. Véronique Ponsen, bénévole, fidèle supportrice de l’équipe fanion, a déjà averti les secours et amené le défibrillateur.
Plusieurs minutes s’écoulent, la réanimation est en cours, les secours sont déjà là. L’ambulance et le VIM arrivent, tous les supporters sont à l’affût pour les diriger vers l’action. Les secouristes reprennent la réanimation en main et les précédents protagonistes s’écartent pour laisser faire les professionnels. Les joueurs Nivellois, les Visétois, l’arbitre, l’encadrement, les supporters, tous espèrent que le pire n’est pas déjà arrivé pour Ludovic. Une grande haie d’honneur et des applaudissements nourris en témoignage de soutien accompagnent les secours qui quittent le club. Avant de partir, les secouristes félicitent les héros du jour et ne le cachent pas : sans leurs interventions, Ludovic ne serait d’ores-et-déjà plus de ce monde. Rassurant mais il ne semble pas du tout sorti d’affaire, il était inconscient et respirait à peine. Le score est scellé, fin du match, les joueurs vont aux vestiaires et rentrent chez eux. Le sort du joueur est désormais entre les mains du personnel médical de la Citadelle de Liège.
Le soir-même, Jean frère se rend sur place pour prendre des nouvelles de Ludovic. Le médecin des soins intensifs lui donne de premières informations : on attend son réveil pour un premier bilan neurologique, son cœur est bien reparti, le caillot a été arrêté à temps.
« S‘il n’y avait pas eu d’intervention dans les deux minutes suivant le malaise, Ludovic ne serait plus de ce monde« .
C’est finalement ce mardi que l’épouse de Ludovic a donné davantage de nouvelles : son mari est réveillé, conscient, n’a pas de séquelle sinon un trou de mémoire. Il a même demandé à voir l’échographie de son quatrième enfant, madame attendant un heureux événement. Les Visétois qui ont permis la vie sauve au joueur, Jérémy, Jean et Véronique lui ont rendu visite ce mercredi soir. Il est désormais sorti d’affaire et sans séquelle cardiaque ni neurologique, un petit miracle rendu possible grâce au courage de rugbymen, d’êtres humains, qui ont su agir et prendre leurs responsabilité face à une situation critique. Nul doute que le match retour à Nivelles aura son lot d’émotion.
Christophe, responsable de la communication du Rugby Club de Visé, et membre par ailleurs du Comité, grâce à qui nous pouvons vous conter cette incroyable histoire, vient de nous de donner des nouvelles encore plus récentes : « Ludovic va beaucoup mieux, il a juste quelques problèmes de concentration et des petits trous de mémoire, mais surtout dus aux médicaments apparemment. Il sera transféré demain à un hôpital plus proche de chez lui. Les médecins ont encore insisté pour dire que s’il n’y avait pas eu d’intervention dans les deux minutes suivant le malaise, Ludovic ne serait plus de ce monde« .
Au delà de cette histoire incroyable, dont le dénouement est miraculeusement heureux, il est important de rappeler l’importance des formations aux premiers secours dispensés régulièrement, ainsi que, pour chaque club, de disposer d’un défibrillateur en état de marche.