Quatre défaites en autant de matchs, 304 points encaissés (!), un groupe restreint de 28 joueurs, dont beaucoup de novices, quelques vétérans, et déjà de nombreux blessés. Si ce début de saison serait qualifié de cauchemardesque pour beaucoup, à Villefagnan, en Charente, il est plutôt vécu comme un beau challenge à relever. Les « Gaulois » de l’Avant-Garde comptent bien résister encore et toujours, pour faire honneur aux 120 ans d’histoire de leur club…
Un club historique
Malgré ses récents résultats, l’Avant-Garde Villefagnaise est loin d’être un nouveau-venu en construction. Le club souffle en effet cette année ses 120 bougies. La plus vieille preuve de l’existence du club se trouvait dans un livre de compte de 1911, aujourd’hui disparu, qui relevait l’achat de 4 poteaux, ainsi que d’un jeu de 15 maillots.
Depuis cette époque, l’AGV n’a jamais cessé d’exister, même durant les guerres mondiales, et s’est construit un joli palmarès. Le club a en effet soulevé 7 boucliers de champions de Charente ou Charentes-Poitou (1925, 1950, 1960, 1966 et 1970 et 2015), ponctué de beaux parcours en Championnat de France. De quoi garnir l’armoire à trophées du club-house et décupler la motivation des troupes actuelles.
Cette riche histoire permet de compter de nombreux sympathisants, aussi bien au niveau des supporters, que des sponsors. Pour preuve, le groupe Facebook des « Amis de l’Avant Garde Villefagnan Rugby » compte 897 membres, soit quasiment autant que le nombre d’habitants total du village (990). Et les tribunes sont toujours bien garnies, voire trop petites pour accueillir tout le monde. Le repas des partenaires de début de saison au stade André Pourageaud et la diffusion des matchs de l’équipe de France lors de la coupe du monde, ont encore fait salle comble.
Un groupe recomposé, mais motivé
Cependant, malgré la popularité du rugby en Charente, tirée par les récents exploits du Stade Rochelais, le nombre de licenciés de Villefagnan a malheureusement diminué d’année en année. Le village n’a d’ailleurs plus d’école de rugby, ni d’équipes cadets et juniors depuis 5 ans.
Conséquence directe de la baisse du nombre de licenciés, le groupe bleu et blanc a dû entamer cette saison de Régionale 3 avec un groupe restreint de 28 joueurs. Surtout, l’équipe manque d’expérience individuelle et collective, car la moitié d’entre eux se sont mis au rugby il y a moins de 2 ans. Enfin, quatre ont plus de 40 ans et le doyen, le demi-de-mêlée Emmanuel Gantois, est toujours présent sur le terrain à 41 ans ! Ce dernier a assuré que, tant qu’il tiendrait physiquement et que sa licence serait acceptée, il mouillerait le maillot pour aider son équipe. Une belle preuve de l’état d’esprit combatif villefagnanais.
Déjà peu nombreux, donc, les Charentais ne sont en plus pas épargnés par les blessures. Rien que durant le match contre Oléron (2ème journée, 118-7), 3 joueurs sont sortis sur luxation, fracture et entorse. Récemment encore, lors de la réception de Melle (3ème journée, 15-28), le n°8, Guillaume Defoort surnommé « Taloche », a du quitter prématurément ses coéquipiers et il ne pourra malheureusement pas rejouer de la saison. Les 3 entraîneurs, Cédric Machet (55 ans, dont 31 ans sur un banc), Dylan Pourbaix (le kiné du village) et Stephen (un anglais à la retraite), doivent donc composer avec cette contrainte supplémentaire.
Cependant, s’il y a bien une chose sur laquelle ils savent pouvoir compter, c’est l’engagement de leurs joueurs, sur et en dehors du terrain. À titre d’exemple, le second ligne Villem Lafaud, le centre Hugo Plisson et l’ouvreur Valentin Marquet n’ont pas hésité à se retrousser les manches et prendre les rouleaux pour repeindre les vestiaires, en début de saison.
Un seul objectif : progresser
Si leur bonne ambiance leur permet d’afficher une certaine décontraction (à retrouver en fin d’article), même dans les défaites, les joueurs de l’AGV restent néanmoins très compétiteurs et font tout pour gagner rapidement des matchs. D’ailleurs, leur progression s’est faite ressentir entre les 3 premières journées. Après avoir perdu 7-90 contre Saint-Maixent-l’École puis 118 à 7, à Oléron, le premier du championnat, ils ont livré une bien meilleure performance, à domicile, contre Melle (15-28). Cette défaite de seulement 13 points et les 2 essais inscrits sont un signe d’espoir pour la suite. En revanche, le dernier match contre Les Marcassins (5-68) est à oublier, car le groupe était trop touché par les blessures et ne s’est présenté qu’à 19.
En plus de cette progression de semaine en semaine, c’est aussi l’état d’esprit de l’équipe sur le terrain, qui laisse entrevoir une suite plus favorable à ses entraîneurs et supporters. En effet, après chaque match, l’envie et la grande solidarité des joueurs sont saluées par leurs observateurs. La meilleure preuve en est d’ailleurs sûrement la fin de match contre Melle, car au lieu d’être découragés par une nouvelle défaite, qui se profilait, les Gaulois sont restés soudés et sont allés chercher un dernier essai à la 76ème minute.
En ajoutant à cette mentalité positive, le travail fourni et l’expérience qu’ils accumulent de semaine en semaine, nul doute que le succès arrivera bientôt pour les Bleu et Blanc. La chance et la météo n’ont pas été avec eux, puisqu’à cause des intempéries, ils ont manqué une première occasion, chez l’ASC de Poitiers (dernier, avec trois défaites et un forfait). Restait à se projeter vers un déplacement autrement plus périlleux, dimanche dernier à Marsilly, le leader invaincu. Les Gaulois se sont bien défendus, mais sous une pluie battante, se sont logiquement inclinés 80 à 7.
Mais la bonne nouvelle de la semaine, c’est le lifting apporté au club house : nouveau bar, 70m2 de salle, 40m2 de réserve pour la cuisine, décoration, tout est prêt pour fêter la première victoire…
Réaction d’Anthony Papot, co-président de l’Avant-Garde :
« Effectivement, nous avons des difficultés car notre groupe n’est pas très étoffé, beaucoup de joueurs sont encore novices et on compte déjà trois ou quatre blessés. En plus, nous rencontrons souvent des équipes descendues de Régionale 2, et donc au-dessus de nous techniquement. Mais nos garçons ne baissent pas les bras pour autant et continuent de travailler sérieusement aux entraînements. Donc, petit à petit, l’équipe apprend à se connaître. Surtout, ils gardent une très bonne ambiance entre eux, quelles que soient les circonstances. C’est d’ailleurs ce qui a toujours sauvé ce club, dans les hauts et les bas.
L’Avant-Garde est avant tout un club de village. Pour tous les Villefagnanais, le dimanche, c’est rugby. Pour preuve, nous avons des supporters de 80 ou 85 ans à chaque match, qu’il pleuve ou qu’il vente. En cela, ce serait une catastrophe pour le village, s’il n’y avait plus d’équipe. C’est donc une motivation supplémentaire. Surtout, cette saison est également très importante pour nous, car le club aura 120 ans en 2024. Pour faire honneur à cette histoire, le groupe va donc continuer à bien travailler sur la phase aller, afin d’obtenir le maximum de victoires lors des matchs retours. »