Il est l’homme du « Plan de reprise du rugby amateur » après la fin du premier confinement en juin 2020. En sa qualité de Directeur Technique National, Didier Retière ne s’imaginait sans doute pas devoir plancher à nouveau sur un tel plan, un an plus tard. La flambée épidémique actuelle du variant Delta, vient bousculer la projection d’une reprise « normale » en septembre prochain. Le Choletais de 53 ans a répondu en toute transparence à nos questions sur une situation qui se complique de jour en jour, tout en prônant la vaccination…
Didier Retière, tout d’abord, quel regard portez-vous sur la situation actuelle ?
Tout le monde attend de pouvoir revivre normalement, c’est logique, mais entre la fin juin et aujourd’hui, en seulement quinze jours, le contexte a de nouveau évolué. Les difficultés actuelles liées à ce variant Delta qui se propage rapidement, ne permettent pas d’être serein à 100%, c’est évident.
Les joueurs devront-ils présenter un Pass sanitaire pour pouvoir s’entraîner et jouer ?
Il y a une pression très forte sur les clubs amateurs, qui ne sont pas prêts à affronter pareille situation. Le Pass sanitaire dont tout le monde parle, surtout depuis lundi dernier et l’intervention du Président de la République, laisse à penser que l’on peut éviter de revivre ce que nous avons vécu l’an passé. Mais cela ne va pas être simple à gérer. Doit-on avoir un pass sanitaire pour pouvoir avoir une licence ? C’est une possibilité que nous ne pouvons pas écarter, mais on ne peut pas l’imposer, nous ne sommes qu’une Fédération, au sein d’un service public, seul l’Etat peut prendre ce genre de décisions. Imposer un pass sanitaire serait une mesure discriminatoire, qui pose la question sensible des libertés individuelles. Nous avons le devoir de les respecter, tout comme celui de garantir la protection de nos licenciés. Le point d’équilibre n’est pas simple à trouver. Ce qui est certain en revanche, c’est qu’il faut encourager la vaccination.
En septembre 2020, la saison du rugby amateur reprenait. Avec ses douches en extérieur, ses premiers cas positifs, ses premiers cas contacts, ses premiers matchs reportés, pour la fin que l’on connaît tous. N’avez-vous pas le sentiment qu’à un mois et demi de la reprises des compétitons en Nationale et Fédérale 1, et deux mois pour les autres niveaux, on se dirige vers le même scénario ?
Le contexte est différent, 40% de la population est vaccinée à ce jour, des gens ont déjà été touché par le covid, beaucoup vont se faire vacciner. Je ne suis pas médecin, mais malgré le rebond épidémique, il n’y a pas d’augmentation d’admissions aux urgences. On ne peut pas encore parler d’immunité collective, c’est certain, mais la situation est différente il me semble. Maintenant, j’entends bien que certains soient inquiets ou pessimistes… pour ne plus l’être, la vaccination est le seul chemin qui nous mène vers la tranquillité, et ne pas revivre le même scénario que l’an passé. Personne ne le souhaite !
« Ne pas faire preuve d’un excès d’optimisme, ni de catastrophisme »
Les clubs de Nationale et de Fédérale 1, de par les contrats qui les lient à leurs joueurs, sont en mesure « d’inciter fortement » ces derniers à se vacciner. Mais ce n’est pas le cas dans les divisions inférieures…
Quel que soit le niveau, si nous voulons retrouver une activité rugby simple et sans inquiétude, cela passera par le vaccin, je le répète, et je pense que cela ne se discute pas. Les clubs professionnels ont dû s’adapter et suivre ces recommandations, car il y avait un soutien de l’Etat envers la LNR. Ce n’est pas le cas avec le rugby amateur. Nous ne pouvons qu’appliquer les directives de l’Etat, qui, à ce jour, sont très claires : vaccinez-vous, et le plus tôt sera le mieux. Nous ne sommes pas là pour l’imposer, car nous ne pouvons pas le faire, je le redis pour tous les licenciés. A moins qu’il y ait des directives qui aillent dans ce sens dans les prochaines semaines. La Fédération n’est pas là pour rajouter des contraintes auprès de clubs qui ont déjà beaucoup souffert de la pandémie, bien au contraire !
Le Pass sanitaire devra être présenté à l’entrée des lieux de loisirs et de culture rassemblant plus de 50 personnes à compter du 21 juillet, dont les stades font partie. Donc, de même que pour les restaurateurs, comment va-t-on vérifier à l’entrée d’un stade, si un joueur, un dirigeant, un parent ou un supporter, est bien vacciné ?
Les clubs auront du mal à le vérifier, on ne va pas se raconter d’histoires. Et interdire l’accès à quelqu’un ne sera pas chose aisée, j’en conviens aussi. Mais nous sommes à la mi-juillet, il y aura des directives ministérielles d’ici la reprise, cela me semble incontournable, et nous les appliquerons avec soin. Comme nous l’avons fait jusqu’à présent, nous serons là pour accompagner et épauler les clubs amateurs, de villes, de quartiers et de villages, gérés par des bénévoles, qui contribuent à la vie sociale sur place. Tout le monde s’est rendu compte de l’importance de ce lien lors du premier confinement. Les clubs ont maintenu tant bien que mal le contact, des entraînements, il faut les féliciter encore pour tout cela. Nous proposerons toujours le meilleur compromis possible. Mais je ne peux répondre à votre question avec précision pour le moment, car nous n’avons pas encore tous les éléments en notre possession, et bien des choses peuvent changer d’ici la reprise.
Les calendriers sont sortis, les dates de reprise sont calées, êtes-vous optimiste quant au respect de ces dates pour tous les niveaux, de Nationale à 4ème série ?
Il ne faut pas faire preuve d’un excès d’optimisme, ni de catastrophisme. Le passé récent nous impose d’être prudent, c’est tout. Nous avons dû revoir nos plans lors de la saison dernière, qui a été compliquée pour tout le monde. S’il faut les revoir à nouveau, nous le ferons, mais, je suis désolé de le redire, c’est prématuré de l’évoquer maintenant. Nous sommes en contact avec les clubs, ce genre de question sera posée en interne avant une quelconque décision.
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