C’était acté depuis plus d’un an, histoire de préparer la succession correctement. Christophe Géraud a donc disputé dimanche à Layrac, son dernier match à la tête du groupe séniors de Grenade. Il sera très proche de l’équipe 2 et des Belascain pour les soutenir dans leurs phases finales respectives, mais une page vient de se tourner. L’esprit famille du GS perdure, la transmission aussi. C’est pourquoi, la relève sera assurée en interne. Mais le futur-ex coach n’est pas prêt d’oublier « son » club, et encore moins « ses » joueurs. Et réciproquement…
Grenade s’est incliné de 6 points à Layrac, soit quatre de trop pour pouvoir continuer l’aventure en 16ème de finale. Christophe Géraud est revenu sur cette rencontre un peu spéciale pour lui forcément : « C’est difficile, je suis habité de regrets, de perdre dans ces conditions surtout, car on avait les moyens de franchir ce tour. On les a pris en mêlée, en conquête, là où ils ne nous attendaient pas. On avait très bien préparé le match retour ».
Une fois l’analyse sportive passée, vient l’heure de l’analyse plus générale, celle de ces cinq dernières années passées à coacher : « C’est la fin d’un cycle. Je l’avais annoncé en janvier 2015, et puis on a continué une saison de plus. Je voulais éviter l’érosion du discours. Là, tout le staff s’arrête en équipe une et deux ».
Et quand on lui demande ce qu’il retiendra de son expérience de coach, l’aspect humain revient en premier dans ses pensées, sans surprise, sans oublier tout ce qui a été bâti depuis : « Ce que je retiens avant tout, c’est une aventure humaine extraordinaire. On partait de loin, et un peu dans l’inconnu. Là, en cinq ans, on a deux équipes séniors compétitives, la Une s’est encore qualifiée, la deux aussi, est reste invaincue à ce jour, avec un groupe qui composait la Une il y a cinq ans. On a deux équipes Belascain, dont la première est championne de France en titre. Je pars donc l’esprit tranquille. Le groupe séniors est repris par des gens qui ont toutes les compétences pour faire du bon boulot. J’ai été consulté, mais ce n’était pas nécessaire. Le président a privilégié la promotion interne et c’est très bien ainsi ». En effet, il s’agit de Philippe Gordo et Pierre Pélissier, actuels entraîneurs des Belascain, champions de France en titre.
Reverra-t-on Christophe Géraud sur un banc ? la question est posée, la réponse est immédiate : « Ca fait partie de mes gênes, donc j’y reviendrai oui. Mais je vais couper au moins un an. Ca fait 35 ans que je vis rugby tous les jours, à fond, je suis passé de joueur à entraîneur sans coupure, là, j’en ai besoin d’une. Je dois bien une année à ma famille ». Fidèle à lui-même et à ses engagements, comme d’habitude.
« Je vais devoir faire le deuil de cette relation, de cet « amour » donné, et reçu »
Une année sabbatique donc, pour mieux revenir en séniors et toujours à Grenade ? « Je suis capable d’entraîner des benjamins comme des séniors. Il faudra que je fasse surtout attention à ne pas me tromper, car j’ai pris beaucoup de plaisir avec ce groupe, il y a eu des pleurs dimanche après le match. Je garderai en mémoire ma relation avec eux. Malgré ce que l’on m’avait dit, on peut être amis avec ses joueurs, en restant dans son rôle bien sûr, mais en partageant beaucoup, sans tricher. Je vais devoir faire le deuil de cette relation, de cet « amour » donné, et reçu. Et il sera temps de poser une réflexion ensuite. Entraîneur ailleurs ? Il ne faut jamais dire jamais. Mais j’habite à Grenade, ma fille y joue, j’y ai mes amis, mes habitudes, c’est mon village. Donc je me vois mal dire aujourd’hui quoique ce soit d’autre. On verra quand le temps aura fait son oeuvre. Et puis, la saison n’est pas terminée pour autant, car comme de coutume, on va accompagner notre équipe 2 et nos Belascain pour qu’ils aillent le plus loin possible. » On n’a donc pas finit d’entendre parler de Grenade, ni d’un certain Kiki…