Les chocs, les affiches ou les duels du monde professionnel régalent nos week-ends à grands renforts de retransmissions télévisuelles, de couvertures médiatiques, de flashes photographiques. Mais ces mêmes chocs, affiches et derbys se retrouvent aussi dans les niveaux sportifs amateurs, y compris dans les strates de la 3e/4e série, le plus petit niveau du rugby français. Rugby Amateur est donc allé couvrir ce rugby des champs en se rendant au stade municipal de Reyniès pour une vraie et belle affiche à double niveau. Tout d’abord en tant que derby entre deux clubs du Tarn-et-Garonne, puis comme un match au sommet entre le premier du classement de la poule 7 (Grisolles), et son dauphin sur la pelouse de ce dernier (Reyniès). En jeu, la première place du groupe donc, entre deux équipes qu’un seul petit point sépare. Dans ce duel de clochers, le Reyniès Olympique Club fera-t-il régner sa loi à domicile ? Le Sporting de Grisolles restera-t-il invaincu ? Rien n’est moins sûr pour l’un comme pour l’autre et c’est bien ce qui rend ait l’affiche attrayante (résumé et photos par Wildon)
Et les intentions de Reyniès sont très vite offensives. Premières actions, premières attaques, le ROC est d’attaque et Grisolles se met à la faute. Paulo s’y colle, prend son élan, allume la première mèche du match mais le buteur reyniésien rate les perches (3e). S’en suit alors une bonne grosse vingtaine de minutes d’une rencontre physique, engagée et virile de part et d’autre, de la ligne médiane entre les deux formations. Grisolles essaie de justifier son statut de leader mais aussi de favori, sans trouver la faille dans une défense locale plutôt bien en place.
Le Sporting enclenche le turbo
Sur une attaque bien menée, Reyniès obtient une pénalité que Vallès, le talonneur (et oui !), vient taper. Le coup de pied est puissant mais la mire défaillante, et le cuir part trop à droite. Encore raté, de très peu (23e). Réponse du berger à la bergère puisque Grisolles obtient également une pénalité. Marty, lui, trouve victorieusement le H dès la première tentative et déflore une marque restée vierge (25e, 0-3). Le Sporting passe la seconde et enclenche le turbo avec Paulo les Belles Cannes qui file le long de la ligne de touche. Il décale Marty, lequel sprinte en terre promise, s’offrant tout seul, comme un grand, l’essai et la transformation (27e, 0-10). Le jeu des deux équipes s’équilibre à nouveau jusqu’à la mi-temps.
Reyniès vendange ses pénalités
De retour sur le pré, Reyniès pousse Grisolles à la faute et obtient une pénalité qu’un autre buteur (G. Roumagnac), le troisième en trois tentatives donc, ne parvient pas, non plus, à expédier entre les barres (42e). Neuf points vendangés, cela commence à faire beaucoup, surtout face à un Sporting qui, sans être écrasant de domination, gère parfaitement les velléités offensives locales. Et l’on sent bien que Grisolles peut s’ouvrir à tout instant, le chemin qui mène à l’en-but. Ce que les coéquipiers du capitaine et inoxydable Nougailhon font peu après. Sur une action côté droit, le pack grisollais enfonce progressivement la défense adverse pour « déposer » V. Lacrambe et le ballon derrière la ligne d’essai, avec deux cent cinquante kilos de tendre poussée collective. Marty rate complètement la transformation (51e, 0-15).
Le ROC n’emballe pas le match, Grisolles en profite
Reyniès se met à jouer beaucoup plus offensif, au point de venir camper à quelques encablures de l’en-but grisollais et obtienne une faute sifflée en leur faveur. Mené de quinze points, Reyniès préfère jouer la pénalité au pied, par l’entremise de G. Roumagnac, et prend les trois points (55e, 3-15). En privilégiant le point de bonus défensif, Reyniès refuse d’emballer le match et abandonne toute ambition de victoire à Grisolles. D’autant que pour avoir contesté l’arbitre, ce dernier envoie Mazzer en « prison » pour dix minutes. En supériorité numérique, Reyniès monte une nouvelle attaque laquelle, et se transforme, à nouveau, en pénalité face aux barres. G Roumagnac ne tremble pas (61e, 6-15).
Est-ce que cela sentirait la « remontada » ? Même pas ! Cinq minutes plus tard, sur une nouvelle touche courte, jouée aux cinq mètres, les Reyniésiens se font encore surprendre avec cette combinaison, Nougailhon passant le cuir à Metge. Tout seul petit côté, ce dernier marque, sans difficulté, le troisième essai de Grisolles (66e, 6-20), Marty ne parvenant pas à bonifier l’essai. Plus aucune action ne viendra ternir la victoire offensivement bonifiée de Grisolles. Quant aux joueurs de Reyniès, même si la volonté de bien faire a été visible et louable, ils sont repartis « fanny », battus et sans aucun point défensif au final, laissant Grisolles s’échapper au classement général.
Les réactions
Rémy Gausseran, entraîneur de Reyniès
RA : Comme vous l’avez dit à vos joueurs dans votre causerie d’après-match, trouvez-vous le score trop sévère ?
RG : Oui, complètement. Je trouve qu’on a plus que rivaliser tout au long de la partie. On a quasiment fait jeu égal avec eux. Après, on a payé pour des petites fautes qu’on fait depuis le début de la saison, des fautes de jeu dues au manque d’expérience et qui font qu’on est largué au score alors qu’on est dans le vrai. On est tombé sur une équipe de Grisolles plus expérimentée, qui a plus de certitudes que nous, puisque qu’on est une équipe qui se reconstruit. On aurait mérité le bonus défensif.
RA : Vous avez semblé être aussi efficace défensivement, que fébrile en attaque. Vous partagez ce sentiment ?
RG : C’est exactement ça. Offensivement, on paie notre gros déchet, on a du mal à se trouver et à l’arrivée, on manque de liant, on a beaucoup de mal à concrétiser nos occasions, même sur des temps forts. C’est dommage parce qu’on les a contrés devant, ce qui est pourtant le point fort de Grisolles.
RA : Alors que vous êtes menés 0-15 et que vous êtes devant l’en-but de Grisolles, prendre les trois points n’était-ce pas l’aveu d’un manque d’ambition ou ne pas savoir comment emballer le match ?
RG : Peut-être. Je crois aussi qu’on a joué avec la trouille de perdre, tout simplement. On a voulu assurer au maximum. Et puis Grisolles est une équipe qui fonctionne très bien en contre. Plus tu joues contre eux et plus tu t’exposes à leur réaction. C’est difficile de trouver l’équilibre entre emballer le match et se faire prendre en contre. Emballer, c’est une chose. Après, il faut aussi maîtriser l’emballement (rires). Ce qui nous fait défaut, c’est que nous avons une excellente conquête mais on éprouve beaucoup de mal à l’exploiter derrière. Alors oui, on a voulu assurer le minimum.
Christophe « Kiki » Géraud, entraîneur de Grisolles.
RA : Vous marquez trois essais sans en prendre un, vous prenez les quatre points de la victoire plus le bonus offensif. Vous pouviez faire mieux ?
CG : Je ne sais pas si on peut faire mieux mais effectivement, on prend cinq points à l’extérieur contre le second qui est une équipe qui jouera le haut du tableau. On construit notre saison petit à petit, étape après étape. Si les autres nous prennent pour ce qu’on n’est pas, nous, on sait qui on est, et où on en est. On est une équipe qui se reconstruit gentiment, dans un état d’esprit sympathique. Pas plus. Tout le monde nous attend comme des ogres mais on est un groupe qui vit bien. Donc, on prend cinq points chez le second, c’est bien. Je m’en contente aisément.
RA : La force de votre équipe n’est-elle pas d’être sereine et concentrée tout au long de la partie, notamment sous la pression adverse ?
CG : Le groupe était là avant le match ! L’équipe était prête avant d’entrer sur la pelouse. Nous avons respecté cette équipe de Reyniès. De dimanche en dimanche, on se transporte, et nous avons affronté le haut du tableau de façon crescendo. La journée comptera dans la vie de mon groupe. Après, pour ce qui est du contenu, à notre niveau, on fait selon l’homme en rose [l’arbitre] et nos adversaires, on avance. Tous les dimanches sont différents…
LA FEUILLE DE MATCH
A Reyniès (stade Raymond Castes), Reyniès – Grisolles 6-20 (Mi-temps : 0-10)
Pour Reyniès : deux pénalités de G. Roumagnac (55 et 61)
Pour Grisolles : trois essais de Marty (27), V. Lacrambe (51) et Metge (66), une transformation (27) et une pénalité de Marty (25)
Arbitre : Mr Andreau
Reyniès : Milani, Erjafallah, Briantais, El Mokhtari, J. Roumagnac, Lapalus, Micheletto (cap), Ferradol, Delpont, G. Roumagnac, Denis, Crabie, Laphil, Revask-Raboula, Monacelli – Remplaçants : Kieffer, Djordjevic, Delille, Bacqué, Babin-Barrau, Escoubre, Salé.
Grisolles : Borajo, Valles, Pojer, C. Rodrigues, T. Rodrigues, Nava, Nazzer, Nougailhon (cap), Mayarf, Marty, Mocellin, El Hajji, Raynaud, Paulo, Manenc – Remplaçants : Metge, V. Lacrambe, Caterina, J. Lacrambe, Lagrange, Bœuf, Latterade.
PORT FOLIO
Un talon buteur, pas commun