Né à Pamiers où il a fait ses classes, Yoann Huget n’a pas eu le parcours que son talent laissait supposer. Tout du moins au début de sa carrière. Depuis, l’ailier international affiche une régularité impressionnante tant avec son club du Stade Toulousain qu’en équipe de France. A 27 ans, il reste à l’Appaméen de belles choses à accomplir pour garnir un palmarès étonnamment vide. Mais son regard sur le rugby amateur et son attachement à son département de coeur montrent également que l’homme sait être aussi impliqué que le joueur l’est sur le terrain. (par Jeremy Guscott)
Yoann, parle-nous de tes premiers pas dans le rugby amateur ?
En Ariège bien sûr et à Pamiers où je suis né. J’ai commencé dès l’âge de 6 ans à l’école de rugby. Pas vraiment un hasard quand on sait que c’était mon père l’entraîneur. D’ailleurs je ne sais pas comment il a fait mais il s’est débrouillé pour toujours me suivre dans toutes les catégories et être mon coach. Je trouvais ça bizarre mais c’était sûrement pour garder son bouc-émissaire à ses côtés (rires). Plus sérieusement, il a été prépondérant et m’a beaucoup apporté. Je suis resté à Pamiers jusqu’en cadets. J’aurai pu partir avant, mais on avait une bonne bande de copains.
On te sait très proche de ta ville natale, Pamiers. Gardes-tu un oeil sur ce club et le niveau amateur en général ?
Oui évidemment. Surtout de mon club formateur, ils m’ont invité en début de saison pour donner le coup d’envoi. Il m’arrive également d’y aller dès que je peux, mais plus discrètement. Je suis ravi de la situation actuelle du club et de leur première place (NDLR : fédérale 3). Ça met en lumière le travail formidable effectué par les dirigeants et bénévoles depuis des années. Pamiers mérite d’être une place forte du rugby régional. Par ailleurs, certains plus âgés avec qui j’ai évolué jouent encore. Ils font de la résistance.
Tu as dû passer par la Pro D2 (Agen) pour éclore, as-tu envisagé de ne pas faire carrière et revenir en amateurs ?
Ce passage à Agen était pour moi une évaluation sur 2 ans. Savoir si j’étais capable d’endurer le rythme professionnel. En Espoirs à Toulouse, il n’y avait pas cette pression du résultat notamment. Cela a aussi coïncidé avec une grosse charge de travail que je me suis imposé pour me donner toutes les chances de réussir. Après, si cela n’avait pas fonctionné, j’aurai continué à jouer à un niveau inférieur.
Ton retour au Stade Toulousain en 2012 est apparu comme une évidence pour certains. Quel était ton sentiment au moment de revenir ?
Lors de mon départ du Stade en 2008, j’en avais discuté avec mon entraîneur en Espoirs de l’époque, Didier Lacroix, et je lui avais dit que je reviendrai peut-être. Il m’avait alors rétorqué que beaucoup de joueurs tenaient le même discours, sans y parvenir. C’est vrai que cela restait dans un coin de ma tête sans que cela reste une fin en soi. Mais lorsque l’opportunité s’est présentée, outre le choix sportif indiscutable, l’aspect affectif a joué pour revenir dans ma région de cœur.
Un mot sur la saison du Stade, pas vraiment linéaire. Quels sont vos objectifs ?
Le championnat est devenu compliqué avec le niveau du Top 14 qui est de plus en plus élevé. Il faut s’accrocher tous les week-ends. On a pu s’en apercevoir samedi dernier face à La Rochelle, une équipe qui ne joue que sur un tableau. Nous avons la Coupe d’Europe, dans laquelle nous sommes bien partis, le match de ce week-end sera décisif. Pour ce qui est du championnat, on va s’efforcer d’accrocher les six bien sûr. Nous sommes sur la bonne voie, il y a des indicateurs positifs, malgré un début de saison délicat.
Tu es régulièrement convoqué en équipe de France depuis quelques saisons, mesures-tu le chemin parcouru depuis Pamiers ?
On y pense de temps en temps, cela permet de profiter de chaque instant. Ce qu’il m’est arrivé en 2011 (NDLR : Yoann Huget avait été contraint de quitter l’équipe de France avant la Coupe du Monde car il ne s’était pas présenté à trois contrôles anti-dopage) m’a permis aussi d’apprécier les bons moments et de voir que chaque effort est récompensé. Mais je préfère me projeter vers l’avenir, ce n’est pas le moment de faire le bilan car cela signifiera que c’est la fin. Même si je me dis aussi que j’aurai plaisir à raconter tout cela à ma fille plus tard.
Justement après l’épisode douloureux de 2011, on imagine que la coupe du Monde 2015 est un grand objectif pour toi ?
Oui c’en est un. Mais au même titre que le Brennus ou la Coupe d’Europe, j’ai soif de victoires et de titres. Mon palmarès est toujours vierge, c’est frustrant et le temps passe vite ! Après honnêtement, jouer un quart de finale de Coupe d’Europe à domicile devant ses proches représenterait autant que de disputer un match de coupe du Monde, la motivation est la même.
Peut-on imaginer un jour Yoann Huget revenir dans le rugby amateur ?
Même s’il me reste pas mal d’années, c’est une chose à laquelle je pense d’ores et déjà. J’en discute souvent avec le Maire de Pamiers ou les représentants du Conseil Général de l’Ariège. J’aimerais m’investir à terme pour mon département et ma région. Par exemple, je trouve anormal qu’en Ariège, il n’y ait pas de club professionnel, de haut niveau et pas qu’en rugby. Quand on voit le nombre de sportifs professionnels formés chez nous, je suis certain que la plupart d’entre eux seraient ravis d’y finir leur carrière. Luzenac en football, a montré la voie, mais aussi les écueils à éviter. À l’instar de ce qu’a pu faire Fabien Barthez, Ariégeois de souche, j’aimerais avoir mon rôle à jouer.
Yoann HUGET en bref…
Né le 02/06/1987 (27 ans) à Pamiers
Poids 97 kgs taille 1m90
Poste ailier ou arrière
Clubs successifs Pamiers – Stade Toulousain – SU Agen – Bayonne – Stade Toulousain
International A – 33 sélections (6 essais)