Ce dimanche se disputait la vingt-et-unième et avant-dernière journée du championnat de Fédérale 2. La Poule 5 proposait un choc de haut de tableau. Sur son herbe, le Coq Léguevinois (2ème, 69 points) pouvait, avec un succès, assurer sa place de dauphin de Pont Long et ainsi éviter les barrages. Pas si simple, puisque se présentait face aux Haut-Garonnais les Béarnais de l’Union Sportive Morlanaise (3ème, 62 points), eux aussi en course pour cette précieuse deuxième place… (Par Marco Matabiau/ Photos Alain Sabathier et Alain Montségur).
Le match
Face au vent, les Léguevinois mettaient d’entrée la main sur le ballon, enchainant par des passes courtes dans les espaces. Après une belle séquence initiée par les centres Charlas et Brioux, puis relayée par Bueno, ils obtenaient une pénalité que l’ouvreur Decelle convertissait en points (3 – 0, 5ème). La réplique morlanaise ne tardait pas: grattage du talonneur Garces sur Antony, puis « 50-22 » d’école de l’ouvreur Dany.
C’était là le début d’une longue séquence lors de laquelle, plutôt que de prendre les points, Morlaàs jouait toutes les pénalités à cinq mètres, le but étant bien évidemment d’inscrire un essai. Néanmoins, pendant plus de cinq minutes, les hommes du Coq sortaient les griffes et repoussaient les divers assauts, notamment ceux du troisième ligne Martinez et de Garces (12ème).
Les locaux sortaient enfin de leurs 22 à la faveur d’une belle percée de Brioux. Ils tenaient toujours autant le ballon mais faisaient face à une défense hermétique, ce qui les forçait, à l’instar de Charlas et Torres, à user du pied rasant. Nouvelle pression haut-garonnaise, charges au près de Carré et Brioux, mais Torres échappait le ballon sur la ligne (19ème). La suite du premier acte était du même acabit, les deux rideaux défensifs se montrant intraitables.
Il fallait attendre les ultimes instants pour voir Decelle hériter d’une nouvelle pénalité. Sa tentative, des 40 mètres mais face au vent, échouait sous la barre. Ce n’était pourtant là que partie remise pour l’ouvreur haut-garonnais puisque dans les arrêts de jeu, il trouvait cette fois la cible (6 – 0, 40ème + 5). Monsieur Tanis, estampillé Ile-de-France mais originaire de Saint-Lys, sifflait la pause.
Une intensité de tous les instants
Désormais adossé au vent, Léguevin attaquait la seconde période pied au plancher et bénéficiait d’une pénalité. Le ballon botté par Decelle trouvait le poteau (42ème). Le staff des Rouge et Bleu effectuait ensuite les premiers changements, Hannachi, Biso et Bras faisant leur apparition. Carré passait au talonnage. En face, Afraite, Barara et Prat Dit Marsou cédaient leur place à Badone Ramirez, Zerrouane et Soumassierre.
L’USM remettait ensuite le nez à la fenêtre et se procurait une bonne pénaltouche, mais Bras confisquait le précieux sésame (55ème). A l’heure de jeu, Geyre débloquait enfin le compteur des siens (6 – 3, 60ème). Cela avait le don de réveiller le Coq. Touche dans les 22 mètres, prise d’Hannachi en début d’alignement. Le troisième ligne progressait, puis le jeu se poursuivait. Après une belle percussion axiale de Brioux, le ballon volait jusqu’à Accary, qui plongeait en-but. Decelle transformait et donnait dix longueurs d’avance aux locaux (13 – 3, 66ème).
Les affaires béarnaises ne s’arrangeaient guère puisque le capitaine Constant écopait d’un carton jaune (68ème). En supériorité numérique, les Haut-Garonnais tentaient de faire le break. Hannachi, toujours lui, captait le ballon et progressait, mais il ne pouvait aplatir. Au tour de Léguevin de se retrouver à 14 quand Gerardi commettait une faute au sol. Carton jaune (75ème) et trois points pour Geyre (13 – 6, 76ème).
Revenus dans le bonus défensif, les Béarnais sentaient bien qu’ils pouvaient arracher le match nul et lâchaient les chevaux. Tanguy perçait le rideau, puis trouvait le soutien de son troisième ligne Chazaly, qui progressait avant de recentrer au pied. Heureusement pour le Coq, Decelle assurait la couverture. Nouveau forcing morlanais sur pénalité à 5 mètres de la ligne, mais le porteur de balle attaquait directement le sol. Pénalité, et dix mètres de plus pour discussion intempestive. La chance des visiteurs était passée. Léguevin tenait son succès et sa deuxième place.
Loin de proposer de grandes envolées malgré une volonté manifeste de faire vivre le ballon, les deux formations ont surtout mis l’accent sur l’intensité défensive. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles n’ont pas failli. Ayant subi la plupart de la première période, les joueurs de Luis Augusto Lubo Martinez et Julien Fumat n’ont rien lâché, dans le sillage des troisièmes lignes Martinez et Chazaly. Derrière, ils se sont appuyés sur le pied de Dany et les courses virevoltantes de Douarche et Tanguy, mais cela n’a pas suffi. Bonus défensif en poche, les Morlanais préparent désormais le prochain rendez-vous à La Plaine des Sports, à savoir le derby face au leader Pont Long.
Il aura tout fallu au Coq Léguevinois pour sortir vainqueur de cette opposition de haut de tableau. Solides en mêlée, impeccables en défense (à l’image de ces deux séquences à cinq mètres de leur ligne sur lesquelles ils n’ont rien cédé), les protégés de Julien Mir et Bastien Bourdette ont parfaitement su gérer leurs temps faibles avant de se détacher passée l’heure de jeu. Bueno, leader infatigable, et Hannachi, auteur d’une superbe entrée en jeu, ont fourni de belles prestations. Deuxième place en poche, les Haut-Garonnais se rendront, pour terminer la saison régulière, sur la pelouse d’Oursbelille-Bordères, battu de peu (33-34) ce dimanche par l’Entente Miélan-Mirande.
Réactions
Bastien Bourdette (Entraîneur, Léguevin): « Match très dur, très âpre. On savait que c’était une partie à tension émotionnelle du fait des nombreux arrêts. On a su faire le nécessaire face à une belle équipe de Morlaàs, qui venait chercher mieux que sa troisième place. On est assurés d’être seconds. Contrat rempli ».
Luis Augusto Lubo Martinez (Entraîneur, Morlaàs): « Très fier des garçons qui ont appliqué les consignes et respecté la stratégie. On savait qu’on allait devoir défendre énormément face à une grosse équipe de la poule. On a placé un cycle très défensif dans la semaine, en sachant qu’il fallait arriver jusqu’à un point de rupture pour pouvoir jouer notre jeu. Malheureusement, en supériorité numérique, on donne des ballons, on joue au pied. On va faire un travail avec les leaders au niveau du décisionnel. On prend un point chez le deuxième. Je pense qu’il y avait de la place pour plus ».
Quentin Bueno (Pilier, Léguevin): « Match difficile. Beaucoup de joueurs arrêtent à la fin de l’année, donc émotionnellement c’était chargé. On fait un match très solidaire en défense. On a vu que sur ce type de match, on ne lâchait rien. Même si offensivement ce n’était pas trop ça aujourd’hui, on a fait ce qu’il fallait en défense pour s’imposer dans ce gros combat ».
Yoann Martinez (Troisième ligne, Morlaàs): « Très belle équipe de Léguevin. On n’a pas du tout fait l’impasse. On voulait des points pour la qualif’. Match serré, âpre, entre deux équipes qui se sont envoyées. Ils nous ont pris devant. Ils marquent un bel essai. Félicitations à eux ».
Feuille de match
A Léguevin (stade municipal): Coq Léguevinois bat Union Sportive Morlanaise Rugby 13 à 6 (mi-temps: 6 à 0).
Arbitrage: M. Clément Tanis (Ligue Ile-de-France).
Cartons jaunes: à Léguevin, Gerardi (75ème); à Morlaàs, Constant (68ème).
Pour Léguevin: 1 essai Accary (66ème), 2 pénalités (5ème, 40ème + 5) et 1 transformation Decelle.
Pour Morlaàs: 2 pénalités (60ème, 76ème) Geyre.
Composition Léguevin: Sans; Accary, Charlas, Brioux, Lacoste; Decelle (o), Torres (m); Carré P., Bayol L., Bayol A.; Ceratti, Antony (cap); Gerardi, Morzelle, Bueno.
Sur le banc: Carré J., Hannachi, Bras, Biso, Alcazar, Margarit,, Bignebat.
Entraîneurs: Julien Mir et Bastien Bourdette.
Composition Morlaàs: Cloute; Tanguy, Douarche, Darrigrand, Bordeu; Dany (o), Geyre (m); Chazaly, Prat Dit Marsou, Martinez; Constant (cap), Caro Saisi; Barara, Garces, Afraite.
Sur le banc: Badone Ramirez, Zerrouane, Soumassierre, Cortes, Somps Baradat, Lichanot, Duran.
Entraîneurs: Luis Augusto Lubo Martinez et Julien Fumat.
PORTFOLIO (PHOTOS ALAIN MONTSEGUR)
