Samedi 27 mars dernier, l’Assemblée Générale du SC Nègrepelisse (fédérale 2) renouvelait son bureau directeur et portait à la co-présidence du club tarn-et-garonnais, une femme. L’info mérite d’être signalée car à l’heure où le rugby féminin se développe lentement mais sûrement, la présidence au féminin n’est que trop rare pour ne pas être mise en lumière. Du Top 14 à la Fédérale 3 c’est en effet la deuxième présidente d’un club de rugby après Pascal Clara, à Malemort. Cécile Montastier-Poujol s’est confiée à RugbyAmateur pour expliquer son parcours et présenter les objectifs de cette co-présidence. Mais attention : derrière la jeunesse, les rires et la bonne humeur, Cécile Montastier-Poujol sait aussi affirmer ce qu’elle souhaite pour son club de cœur, avec élégance et maturité. Une dame à la main de fer dans un gant de velours donc, qui parle d’un centre de formation novateur, qui pourrait faire des « petits »… (par Wildon)
Bonjour Présidente, pour celles et ceux qui ne vous connaissent pas, qui êtes-vous ?
J’ai 33 ans, je suis mère de deux « petitous », je jongle entre mon travail de cheffe d’entreprise (mandataire en assurance) et de co-présidence de Nègrepelisse. Et j’ai un mari extra, qui me soutient dans tout ce que je fais.
Comment êtes-vous arrivée au SCN ?
J’y suis arrivée il y a trois ans? comme secrétaire. Avant, j’étais dirigeante au RC Septfonds. Mais « Nègre » a toujours été un club de cœur, car c’est aussi une histoire de famille : mon mari, Christophe, est dans le club depuis sept ans en tant que soigneur, mon frère y a été joueur et Simon Este, qui a été joueur et capitaine de l’équipe jusqu’à la saison dernière, est le parrain de ma fille ! C’était logique pour moi de revenir à Nègrepelisse après Septfonds.
Quelle est votre histoire avec le rugby ?
J’ai grandi aux bords des stades : mon père était footballeur (!) mais un grand passionné de rugby. J’ai donc été bercée par le rugby. Le week-end, on allait voir jouer l’US Montauban. Je jouais aussi au rugby mais en cachette, ma mère n’était pas d’accord [rires]. C’était mon père qui m’amenait donc aux matches quand je jouais à Nérac. Après, j’y suis aussi devenue éducatrice pour les « petitous ». En fait, le rugby berce ma vie depuis toujours.
Qu’est-ce qui vous a poussé à la co-présidence de l’USN ?
Cela s’est fait de manière naturelle. Sincèrement, je voulais devenir présidente du club mais c’est arrivé plus tôt que prévu. Les anciens présidents partaient et je faisais partie du staff dirigeant. C’était logique, pour moi, d’y aller. J’avais vraiment envie de m’investir dans ce club. Lors de l’assemblée générale, j’ai été élue à l’unanimité par tous les membres votants. J’avais un peu peur en tant que femme, et je les remercie pour leur confiance. Cela me touche.
Qu’est-ce qu’une femme présidente, justement, peut apporter à une équipe essentiellement masculine ?
Ah la bonne question piège ! [rires puis un silence] Déjà, j’ai toujours occupé des postes à responsabilités, être dirigeante, vivre à cent à l’heure, me donner à fond. Même si je suis une femme, j’ai appris les codes du rugby et comment les joueurs fonctionnent. J’ai un côté maternel, même si certains joueurs sont plus âgés que moi, mais avec un caractère bien trempé. Même si en face de moi j’ai un joueur qui fait deux fois ma taille ! [rires] Mais il faudra parfois que je prenne des décisions et trancher…
Avoir quatre femmes au bureau directeur, est-ce là aussi votre volonté d’une parité homme/femme dans la gestion quotidienne du SCN ou est-ce simplement la volonté d’avoir les bonnes personnes aux bons postes ?
Non, il n’y aucun calcul particulier. C’est un pur hasard dû à un positionnement des personnes selon leurs compétences et leurs envies.
En tant que femme, est-ce que vous n’avez pas la volonté naturelle de développer un peu plus le rugby féminin ?
Oui, c’est quelque chose qui peut l’être. Actuellement, l’équipe féminine de Nègrepelisse forme une entente avec l’US Montauban, on va poursuivre ce développement qui est dans l’air du temps, et pousser les filles qui n’osent pas venir au rugby.
Est-ce que Nègrepelisse aura un jour sa propre équipe féminine ?
Pourquoi pas ? C’est possible, dans les années à venir.
« Un centre de formation partagé avec le club de foot »
Quels sont les objectifs prioritaires de la co-présidence ?
Dans l’immédiat, nous voulons que notre équipe 1 se maintienne en Fédérale 2. On n’a jamais été aussi haut dans la hiérarchie du rugby. On y est et on veut s’y faire une place durable. Amédée Domenech arrête comme manager général mais reste joueur du club. A l’heure actuelle, je ne peux pas vous dire qui sera le nouveau manager. Nous devons en discuter prochainement.
Quel sera le nouveau staff ?
Pour la saison prochaine, les entraineurs de l’équipe A seront Pierrick Esclauze (avants) et Romain Husson (arrières) pour qui ce sera sa première expérience en tant que coach. Pour l’équipe B, ce seront les mêmes entraîneurs que la saison dernière à savoir Frédéric Cavaillé (avants) et Jean-Rémi Laroque (arrières), avec pour objectif d’aller le plus loin possible dans le championnat des réserves.
Vous avez aussi lancé un centre de formation assez unique ?
Oui, ce centre de formation (cadets et juniors) a été mis en place par Yoann Azémar et Nicolas Beaudonnet, deux anciens joueurs de l’équipe 1, champions des Pyrénées en 2013. Ce centre va se faire en partenariat avec l’équipe de football de Nègrepelisse (U14, U16, U19). L’objectif était la mutualisation des moyens, la formation et la scolarité en commun pour les deux sports avec un centre d’entraînement partagé. C’est en plein lancement, avec deux journées de détection le 24 avril et le 15 mai prochains, pour un démarrage à la rentrée. La mairie est en train de chercher les locaux idéaux pour regrouper les joueurs du centre ainsi que le partage des terrains et des structures.
Où en est votre école de rugby justement ?
Elle est composée d’environ 90 jeunes, et en plein développement donc. Notre école dispose de très bons co-présidents (Olivier Michinel et Sylvain Lagarrigue). Je tiens sincèrement à les féliciter parce qu’ils maintiennent les entrainements dans un strict respect des règles sanitaires. Cela permet au club de vivre malgré la crise.
Commet vit justement le club en cette période de pandémie ?
On essaie de maintenir le moral des troupes, joueurs, staff, et bénévoles. Le club n’appartient à personne et vit grâce aux licenciés (*) et aux bénévoles. Ce sont eux qui font la vie du club, quand on n’est pas en période de crise sanitaire. On est une grande famille avec tous les supporteurs qui viennent à Jean-Fleury le dimanche. Pour garder la cohésion, on fait du mailing ou des messages par WhatsApp. Samedi dernier, lors de l’Assemblée Générale, tout en respectant les conditions sanitaires dans la salle des fêtes où elle a eu lieu, cela a fait chaud au cœur de se voir « en vrai ». J’en profite pour adresser un grand merci encore à la mairie de Nègrepelisse qui a accepté qu’on fasse notre assemblée dans ce lieu pour respecter les distanciations.
Pour vous, présidente, un dimanche « normal » et idéal, ce serait quoi ?
Une dimanche à Jean-Fleury, avec ma famille, à préparer les repas d’avant-matches, à voir les joueurs arriver, puis voir le match, il fait beau et, à la fin, c’est Nègrepelisse qui gagne bien sûr [rires]. C’est ce qui nous manque : être ensemble et partager la passion du ballon ovale !
Un dernier mot pour conclure ?
Il est pour mon co-président, Francis Gabrielli. Je le remercie de m’avoir suivi. Parfois la saison sera compliquée, mais ça va être une grande aventure !
Bureau directeur 2021-2022
Président d’Honneur : Morgan Tellier, maire de Nègrepelisse
Co-Présidente : Cécile Montastier Poujol
Co-Président : Francis Gabrielli
Trésorier général : Gerard Vidallet
Trésorière adjointe : Thérèse Groc
Secrétaire générale : Monique Lanies
Secrétaire adjointe : Nathalie Gabrielli
(*) Actuellement, le club représente environ 200 licenciés, toutes catégories confondues, malgré la saison blanche.