Le RC Pézens XV évolue en 1ère série de la Ligue Occitanie. Un club qui anime le petit village audois de 1 500 âmes, et les réseaux sociaux (souvenez-vous du recrutement avorté de Scott Spedding), depuis six ans déjà, sous l’impulsion de Guillaume Gotti. Mais le jeune président (dont nous avions fait l’interview décalée en octobre 2018) a décidé de lever le pied côté bureau, pour mieux les chausser, dans les crampons, côté rectangle vert. Ce vert qui lui est si cher, avec trois montées et un titre de champion du Languedoc à son actif (fêté avec une certaine Clara Morgane), et qui lui vaut de garder un joli costume de président d’Honneur.
Bertrand Cros-Mayrevieille, 33 ans, au club depuis quatre saisons (dont nous avions aussi fait l’interview décalée en décembre dernier), lui succède donc au poste de président du RCP XV, avec la même détermination, et des idées plein la tête. De la théorie à la pratique, celui dont le métier est de parler de vin, nous explique comment son club entend bien devenir un AOC (Audois Omniprésent Club) du rugby… (par Jonah Lomu)
Bertrand, tout d’abord, pourquoi avoir accepté ce rôle de président ?
Déjà, et malheureusement, parce que je ne peux plus jouer au rugby à cause de nombreuses blessures et opérations. Le corps a dit stop, mais la tête, elle, en redemande. Je m’imaginais éventuellement entraîneur un jour pour garder la connexion avec le terrain, mais quand les dirigeants de Pezens m’ont contacté fin février pour me proposer ce challenge, j’ai accepté volontiers.
Comment perçois-tu les missions d’un président de club de 1ère série ?
Comme un défi de taille, surtout en ce moment. Mais je suis extrêmement bien entouré avec notamment mes deux managers, David Sanz et Benjamin Belmas, qui abattent un travail colossal. Ils sont clairement l’une des raisons de la réussite de ce projet. Nous nous étions engagés tous les trois auprès de nos joueurs et des autres dirigeants, pour un projet ambitieux, structurant, et pérenne. Donc nous faisons tout ce que nous pouvons pour tenir parole et leur rendre cette confiance.
Passer après Guillaume Gotti, tête de proue du RCP, c’est aussi une autre forme de challenge…
Guillaume, c’est l’image du club, son ADN, donc j’espère qu’il sera là encore très longtemps avec nous. Nous sommes tous très heureux de le savoir avec nous comme joueur, mais aussi comme »Président d’Honneur ». On considère souvent ce « titre » comme secondaire, sans réelle importance, mais pour moi c’est l’inverse, il a une grande valeur. Non seulement pour honorer tout le travail qu’il a accompli jusqu’ici, mais aussi pour assurer la bonne transition entre les deux projets.
Un rapprochement historique entre le XV et le XIII…
Quels seront les objectifs justement lors de la prochaine saison ?
L’objectif sera donc de vivre la meilleure saison possible en 2020-2021. Le RC Pezens s’est construit sur une histoire d’amitié, dans un village, où l’on voulait se faire plaisir avant tout, entre copains. Ceci dit, entre la 4ème série et la 1ère, il faut ajuster cette envie de continuer à profiter, se faire plaisir, boire un coup entre nous, tout en ayant l’implication nécessaire que demande le jeu en 1ère série. Donc déjà, s’impliquer sur le terrain, en y mettant un minimum de sérieux.
Ce qui explique ces changements au niveau du staff ?
En partie oui, nous avons renouvelé le bureau, consolidé la présence des bénévoles, des dirigeants des joueurs et des entraîneurs. On peut être satisfait puisqu’on conserve plus de 90% de tout ce beau monde. Patrice Lemoine sera l’entraîneur principal, Maxime Castant (talonneur de Carcassonne) aura la charge des avants, et Jonathan Jourdan, celle des trois-quarts. Et puis, à grands renforts d’appels, et de mails, nous avons mené des actions pour recruter et nous tourner avec plus de sérénité vers le futur, et progresser.
A l’image de ce rapprochement, peu commun, avec l’équipe voisine de Villegailhenc Aragon, qui joue à… XIII ?
Oui, par exemple. On me demande comment nommer ce partenariat que nous venons de conclure avec le VARL (Villegailhenc Aragon Rugby Ligue). On me parle de fusion, mais il s’agit bien de rapprochement c’est vrai. Je crois qu’il s’agit surtout de « bon sens ». C’est la confirmation des relations déjà excellentes que nous entretenons ensemble au quotidien. Beaucoup de joueurs des deux équipes se connaissent bien, et il arrive souvent que des 3ème mi-temps se finissent en commun.
Ajoutez à ça, la proximité géographique, le besoin d’asseoir un peu plus le Cabardès* comme une terre de rugby, qu’elle est déjà, le besoin de mutualiser les forces, les énergies et les moyens… et finalement on se rend vite compte que cette alliance coule de source.
Un atout humain et sportif donc ?
Tout à fait. De façon très pragmatique, il est évident que pour les joueurs, c’est quand même plus excitant et motivant de venir s’entraîner en étant 30 ou 40 plutôt que d’être une poignée, en plein hiver. Ils auront la possibilité de jouer en double licence en plus. Je suis convaincu que nous avons tous à apprendre les uns des autres, et que nous ressortirons grandi d’une telle aventure !