Huit mois d’enquête pour quarante minutes de reportage. Le magazine Envoyé Spécial abordait en décembre dernier le très sensible sujet de la pédo-criminalité dans le sport amateur. En prenant notamment exemple sur un éducateur sportif passé à l’acte auprès de deux soeurs âgées de 9 et 10 ans. Les fillettes ont eu le courage de se confier à leur mère, qui a aussitôt porté plainte. L’homme est accusé… comme il l’avait déjà été par le passé, à quatre ans de prison, dont deux fermes, pour agressions sexuelles sur mineurs. A sa sortie de prison, cet homme a changé de ville, et a pu, en toute impunité, continuer à être un éducateur sportif pour enfants. 77 affaires du même genre, dans de nombreux sports différents, ont été recensées depuis. Ce reportage a agi comme un électrochoc auprès des dirigeants du club de Montredon-Labessonié qui ont décidé d’agir concrètement…
Une semaine après l’avoir visionné, vingt cinq dirigeants, éducateurs, entraîneurs, plus quelques joueurs, se sont réunis dans le club house de l’OM XV, construit de leurs propres mains l’année précédente. ces bâtisseurs d’un rugby amateur exemplaire, ont évoqué la situation sportive de chaque équipe, avec la satisfaction de constater que l’école de rugby est passée de 40 à 70 gamins en deux saisons. Un essor qui s’explique notamment par la qualité confirmée des éducateurs. Stéphanie, Thierry, Rachel, Valérie, Philippe, Nicolas, Jérémie, Jean-Christophe, Jérôme, Benoît, Yves, Robert, Patrick, Loïc ou encore Thibault, sont, comme le président Gilbert Cros, les clés de voûte du club tarnais.
Les chiffres sont là, favorables, positifs, il faut aborder les questions d’organisation pour répondre correctement à cet essor. Car les parents font confiance à ce club formateur. Une confiance qui a aussi éveillée les consciences, reliant le reportage de France 2 à la vie du club. Et si parmi nous, se trouvait un pédophile, comment pourrions-nous le savoir ? A cette question sensible, la réponse est collective : « On est à l’écoute, car nous sommes tous concernés, mais tant que l’on parlera d’actes isolés, on aura cette fausse impression, que cela ne peut pas nous arriver. A tort ! On crée une association, le club grandit, et nul n’est à l’abri de ces agressions sexuelles, de ces attouchements condamnables, qui peuvent être commis par des proches du club et de la famille, comme c’est souvent le cas. »
« Garantir aux parents une sécurité supplémentaire, qu’ils apprécieront sûrement. »
Les victimes n’arrivent pas à parler, par peur de ne pas être prises au sérieux, peur de devoir être à nouveau confrontées à leur agresseur, pour ne pas choquer sa famille et la déséquilibrer, pour ne pas qu’on porte un regard sur eux, rester en paix tout simplement, car trop de souffrances déjà vécues.
Cette plongée inédite d’Envoyé Spécial dans le monde fermé des clubs amateurs et professionnels, a révélé la faillite de tout un système, des associations sportives aux fédérations, jusqu’aux services de l’Etat. Un système dont les failles judiciaires et administratives encouragent parfois la récidive et le maintien en poste d’éducateurs sportifs, sous le coup d’une procédure pourtant, ou déjà condamnés pour des agressions sexuelles. Les exemples très récents dans l’athlétisme et le patinage artistique, ne semblent être que la partie émergée de l’iceberg. « L’Association Colosse aux pieds d’argile », par l’intermédiaire de son fondateur Sébastien Boueilh, lui-même victime de viol, a le mérite depuis 2013 d’agir concrètement sur le terrain, pour sensibiliser et prévenir notamment sur les risques liés à la pédo-criminalité.
Le terme « pédo-criminalité » est d’ailleurs plus juste. En effet, « Pédophilie » désigne l’attirance sexuelle d’un adulte pour des enfants, préférant des relations physiques avec une mineur, selon la définition officielle. Mais un pédophile ne passe pas forcément à l’acte, tandis que celui qui passe à l’acte devient un pédo-criminel. Une nuance qui a son importance, qui n’est pas inutile à rappeler. « Changer les mots, c’est tenter de changer les choses » a déclaré le sociologue Pierre Verdager dans un article récent diffusé dans le Parisien
« Réclamer un casier judiciaire pour rentrer dans le club »
Et tenter de changer les choses, c’est ce qui a animé cette réunion tenue à Montredon. Après un long débat interne, tout le monde s’est senti concerné, avec l’envie d’agir concrètement, mais comment ?. « Nous étions d’accord pour prendre les meilleures dispositions possibles afin d’assurer aux gens qui nous confient leurs enfants, qu’ils ne se trompent pas. Nous avons donc décidé d’aller plus loin au sein de notre association. »
De la parole aux actes. Chaque éducateur en place s’est engagé à fournir son casier judiciaire au club. En 15 petits jours, chaque membre a ainsi donné son extrait, véritable certificat d’un passé sans déviance. « Nous avons pu passer à autre chose, en se félicitant que l’on pouvait garantir aux parents une sécurité supplémentaire, qu’ils apprécieront sûrement. »
« Ceux qui veulent nous rejoindre sont, bien sûr, les bienvenus, mais en connaissent désormais les conditions. »
Cette mesure, inédite, sera systématique à l’encontre de chaque dirigeant qui rejoindra Montredon à l’avenir. Une démarche solidaire, adoptée sans sourciller par tous les concernés. « Cela semble tellement logique au vu de nos fonctions » précise David Loubet, entraîneur de l’équipe fanion, connu et reconnu pour ses prises de position tranchées, avec les valeurs du rugby en bandoulière : « Les valeurs de notre sport sont fortes, parfois bafouées oui, mais doivent être défendues. On ne doit pas parler que de sport, on doit faire évoluer notre état d’esprit, ou pour d’autres, le conserver, en tout cas il faut avancer. Le club de Montredon veut être un exemple, pas pour les autres, ce serait prétentieux, mais pour ceux qui y vivent en interne. Rien n’est facile dans un club de rugby amateur, des grains de sables viennent forcément gripper la machine. Mais au moins, ceux qui veulent nous rejoindre, et ils sont bien sûr les bienvenus, en connaissent désormais les conditions. »
A l’image du personnage, le message est transparent. Le coach rajoute aussitôt : « Certainement que d’autres associations ont eu cette démarche, mais nous n’en avons pas connaissance. Alors de notre côté, on se lance, et surtout, on tenait à le faire savoir par un média de proximité. Après tout, les employeurs demandent très souvent cet extrait du casier judiciaire, pourquoi pas les clubs ? Surtout qu’il n’est pas difficile de se le fournir, cela prend 15 minutes par informatique, pour le bulletin numéro 3. Alors oui, si nous sommes précurseurs tant mieux. Si les instances du rugby l’imposent à tous de manière officielle, tant mieux aussi. Je me répète, mais cela semble tellement logique… »
Depuis que le club tarnais a pris cette décision radicale, l’actualité sportive est justement secouée depuis plusieurs semaines, par de nouvelles révélations qui éclatent au plus haut niveau. Éclaboussant ainsi certaines fédérations pointées du doigt pour leur passivité sur ces dossiers sensibles. Les victimes, elles, sortent du silence pour dénoncer des agressions sexuelles au passé plus ou moins lointain, et sont entendues car issues du plus haut niveau. Tennis, athlétisme, patinage artistique et même le football sont touchés par des affaires sordides et retentissantes qui font la Une des journaux nationaux. Des athlètes de tous horizons ont décidé de faire entendre leurs voix pour briser le silence, et réclamer des lois pour que les fédérations puissent agir plus vite contres des individus impliqués dans des affaires de violences sexuelles. Les récents scandales dans l’industrie du cinéma et de la musique ont ouvert les yeux au plus grand nombre, et démontrent, si besoin était, qu’il s’agit d’un véritable fléau sans frontières. Du fin fond du Tarn, une initiative aussi simple qu’efficace, pourrait bien servir à libérer les paroles, rassurer les parents, et surtout, protéger les enfants. A servir d’exemple tout simplement…
Le sport est très important pour les enfants, il doit servir a le faire grandir en lui donnant confiance, lui apprendre à respecter des règles, l’épanouissement, la prise d’initiative, socialement avec les copains copines, et prendre du plaisir à jouer, voilà tout ce que ces con…. brise et l’état et les fédérations ne font rien mai sa n’empêche pas les clubs d’agir et Oui cela semble logique j’espère que cela va se généraliser vite bravo.