Après un arrêt de plus de deux mois et la mise à jour du calendrier la semaine passée, la phase retour du championnat de Nationale démarrait par un intriguant duel des extrêmes. Auteurs d’un parcours jusque-là impressionnant (cinq victoires en six matchs, une seule défaite à Tarbes), les visiteurs de l’US Bressane Pays de l’Ain (1er, 23 points) avaient repris là où ils s’étaient arrêtés en disposant de Suresnes le weekend dernier (27-7). Pour sa part, le Blagnac Sporting Club Rugby, en difficulté au classement (13è, 12 points), s’était bien relancé en s’imposant aux forceps face à Massy (16-13). Restait maintenant à savoir si David pourrait faire tomber Goliath… (Par Marco Matabiau/ Photo Patrick Crasnier).
La rencontre était précédée d’un moment de recueillement et d’une minute d’applaudissements à la mémoire de Cédrick Pujos, entraîneur des Espoirs blagnacais décédé ce jeudi. Le match débutait timidement. Après plusieurs échanges au pied, les visiteurs se mettaient les premiers en route: ballon subtilisé en touche, enchainement au près, le troisième ligne Benoit se saisissait du ballon et, bien soutenu par son seconde ligne Veyret, marquait en force. Viard transformait (7 – 0, 6è). L’ouvreur salait la note quelques minutes plus tard, consécutivement à une belle échappée du demi de mêlée Guilon côté droit (10 – 0, 13è). Le BSCR réagissait dans le sillage de ses deux troisièmes lignes Verdy et Vachon, mais le demi de mêlée Brun manquait l’occasion de rapprocher les siens au planchot (15è). Dans la foulée, les locaux maintenaient leur pression, obtenaient une pénal touche à 5 mètres de l’en-but bressan, mais se faisaient une fois encore confisquer le ballon (16è).
L’USBPA jouait à sa main, mettant l’accent sur sa puissance et son agressivité défensive. A l’inverse, les Caouecs multipliaient les approximations et rataient souvent les premiers plaquages, permettant à leurs adversaires du jour de constamment jouer dans l’avancée. Puis le rapport de force s’inversait: Blagnac réagissait par sa défense et sa mêlée, le trio Martin-Piffero-Weber réalisant un excellent travail. Les locaux étaient récompensés de leurs efforts quand, suite à une mésentente entre Lyons et Guilon, ils héritaient d’une pénalité que Brun convertissait des 25 mètres en face (10 – 3, 32è). Il fallait attendre les cinq dernières minutes pour voir les rouge et bleu enfin enchainer autour de leur jeune ouvreur Seunes et du trois-quart centre Tolofua, mais l’action avortait. Enfin, dans les arrêts de jeu, l’ailier Graulle contrait le dégagement bressan dans les 22 mètres, le BSCR récupérait, mais Bourg faisait front et ne cédait pas un pouce de terrain. Madame Groizeleau sifflait alors la pause.
Courageux Blagnac s’envoie, pragmatique Bourg
Les locaux revenaient sur le terrain avec un énorme appétit. Vachon grattait d’entrée un ballon au sol et gagnait une pénalité que Brun jouait vite, ce qui permettait aux hommes du président Trey d’occuper les 22 adverses. La mêlée gagnait une nouvelle pénalité. L’option pénal touche était choisie: le maul porté mettait les visiteurs à la faute. Le trois-quart centre Dupouy écopait même d’un carton jaune. Nouvelle pénal touche. Les locaux ne laissaient cette fois pas passer l’occasion: les avants, avec le renfort de Tolofua et Daurau Bedin pour ne citer qu’eux, organisaient et désaxaient un maul porté pour envoyer le seconde ligne Mutel derrière la ligne. Brun transformait (10 – 10, 47è).
Désormais en supériorité numérique, les Blagnacais se disaient qu’il y a avait peut-être un coup à faire. Il n’en était rien. Côté burgien, les entrées de Martin, Antonescu (l’ancien columérin) et du Sud-Africain Harmse donnaient un nouvel élan au pack. Un maul porté mettait les locaux au supplice et Viard ajoutait trois points (13 – 10, 51è). Il récidivait après une longue séquence de conservation (16 – 10, 57è). Le BSCR semblait chercher un second souffle, mais rien n’y faisait. Une nouvelle faute au sol permettait à Viard de donner neuf longueurs d’avance aux siens à un quart d’heure du terme (19 – 10, 64è).
Cependant, les Caouecs remettaient le bleu de chauffe, enchainant à leur tour les mauls portés. Sur une nouvelle pénal touche en bonne position, le deuxième ligne Maurens captait le cuir dans l’alignement. Bourg se préparait à affronter une nouvelle « cocotte ». Que nenni. Les rouge et bleu combinaient petit côté pour envoyer le talonneur (et néo-entrant) Villerouge derrière la ligne (19 – 15, 68è). Le BSCR pouvait se mettre à rêver d’un exploit. Viard s’assurait de mettre fin à leurs vélléités. En effet, l’ouvreur transformait deux pénalités (72è, 80è + 3), privant même les locaux d’un point de bonus défensif qu’ils auraient pourtant largement mérité: 25 – 15, score final.
Si les Bressans ont parfaitement démarré la rencontre, prenant rapidement dix points d’avance, les Blagnacais n’ont jamais abdiqué et ont montré qu’ils n’avaient nullement l’intention de se présenter en victimes expiatoires. Revenus à hauteur dès le début de la seconde période, ils n’ont cependant pas pu tenir la distance face à une des très grosses cylindrées de la Nationale, se montrant notamment friables dans les zones de marques (deux ballons perdus dans l’alignement à cinq mètres de l’en-but adverse). L’USBPA a en revanche fait montre d’un froid réalisme, affichant une belle maîtrise et scorant à chacune de ses opportunités. A Blagnac (qui se rendra à Dax pour la prochaine journée), les plus en vue ont été le capitaine Vachon, Tolofua (souvent utilisé en fixation au milieu du terrain) et le pilier suppléant Biscioni, à l’aise en mêlée et agressif à souhait en défense. Côté Bourg (qui accueillera Dijon dans une semaine), le capitaine et arrière Dupont a assuré un long jeu au pied et des prises nettes sur les balles hautes, le troisième ligne Lyons s’est montré très actif, que ce soit au près ou depuis le fond de terrain, et l’ouvreur artificier Viard a fait un sans faute (20 points à 7 sur 7).
Réactions
Yoann Boulanger (Entraîneur, USBPA): « On est tombés sur une équipe de Blagnac qui a montré beaucoup d’envie, notamment dans le jeu d’avants. Ils ont essayé de nous prendre sur les ballons portés, sur le jeu au près. Il était difficile d’attaquer de très loin, de tenir le ballon avec un terrain aussi gras. Il fallait occuper, les mettre à la faute, ce qu’on a réussi à faire sur certaines séquences. J’ai bien aimé le début de match. On a joué plutôt libérés. Après on a commencé à cogiter face à cette équipe qui, je le répète, a fait preuve de beaucoup d’envie. Pas simple de venir gagner ici. On est contents du résultat même si on aurait peut-être pu se mettre à l’abri plus vite (…) On a été très réalistes. La moindre pénalité qu’on a eue, on a marqué. Il fallait être pragmatique. On a eu très peu de lancements à jouer, mais on est très heureux de l’avoir emporté ici ».
Eric Escribano (Entraîneur, BSCR): « Quand on laisse dix points d’avance à ce genre d’équipe en début de rencontre, il est difficile de revenir. On a payé nos erreurs cash. Une touche non trouvée, on prend un essai derrière, un en-avant, on prend trois points. A ce niveau, il faut respecter tout cela. Après, les garçons ne trichent pas, s’envoient. C’est la différence entre un groupe professionnel de 35 joueurs et nos 35 joueurs qui vont travailler tous les jours. Néanmoins, cela, on le savait dès le début. A nous de travailler. On sait que chaque match pour nous est un match de phases finales. On va s’accrocher et on ne laissera rien à personne (…) On avait demandé aux joueurs d’être efficaces en zone de marque. C’est ce qui a manqué. On apprend de nos erreurs. C’est ainsi que les joueurs de 20 ans qui jouent actuellement dans ce groupe continueront à grandir et passeront les échelons progressivement ».
Mathis Viard (Demi d’ouverture, USBPA): « Match très difficile. On bascule seulement au score à dix minutes de la fin. Beaucoup d’engagement de leur part. On savait qu’ils avaient fait un gros match la semaine passée contre Massy. On a su mettre des points au bon moment. Malgré le carton jaune, on a continué à marquer des points, ce qui nous a permis de faire la course en tête (…) On a essayé de jouer au large en première période, on a vu que ça ne passait pas. On a resserré le jeu autour de nos avants car il était important de s’imposer à l’extérieur ».
Matthieu Vachon (Troisième ligne et capitaine, BSCR): « Extrêmement déçus par le résultat, pas par l’investissement qu’on y a mis. On a tout donné. Il y a une différence de maîtrise. Cela fait mal de s’incliner à la maison (…) Dix points de retard d’entrée de jeu. C’était également le cas contre Massy: ça devient récurrent. Il va vite falloir rectifier ça, éviter de faire de telles entames. Après, on est obligés de courir après le score et on se fatigue (…) Ce que je retiens quand même, c’est qu’on s’est envoyés, on n’a pas triché sur les impacts: ça va piquer demain. On a été plutôt performants en mêlée face à cette équipe qu’on redoutait ».
Feuille de match
A Blagnac (Stade Ernest-Argelès): Union Sportive Bressane Pays de l’Ain bat Blagnac Sporting Rugby Club 25 à 15 (mi-temps: 10 à 3).
Arbitrage: Mme Aurélie Groizeleau (Ligue Nouvelle-Aquitaine) assistée de MM. Cédric Hueso et Cédric Monterde.
Cartons jaunes: à Bourg, Dupouy (45è).
Pour l’USBPA: 1 essai Benoit (7è), 6 pénalités (13è, 51è, 57è, 64è, 72è, 80è + 3) et 1 transformation Viard.
Pour le BSCR: 2 essais Mutel (45è), Villerouge (68è), 1 pénalité (32è) et 1 transformation Brun.
Composition BSCR: Vernetti; Graulle, Tolofua, Gaignard, Daurau Bedin; Seunes (o), Brun (m); Bonnet, Vachon (cap), Verdy; Mutel, Maurens; Weber, Piffero, Martin.
Sur le banc: Biscioni, Villerouge, Banière, Ponsole, Ferrary, Augustin, Villemur, De Sousa.
Entraîneurs: Christophe Deylaud, Eric Escribano et Romain Fuertes.
Composition USBPA: Dupont (cap); Santallier, Dupouy, Perret, Sanlaville; Viard (o), Guilon (m); Lyons, Buatier, Benoit; Veyret, Bloemen; Arias, Jullien, Drancourt.
Sur le banc: Anga’Aelangi, Martin, Antonescu, Jean Etienne, Maiquez, Cailleaud, Badet, Harmse.
Entraîneurs: Yoann Boulanger et Thomas Choveau.