Sur les vingt années qu’il vient de passer à entraîner, Eric Roca en a passées huit à Saint-Sulpice la Pointe. Le manager tarnais a décidé de ne pas poursuivre une aventure qui a forcément marqué son parcours rugbystique et humain. Il explique ce choix et sa projection future…
De ses années d’entraîneur avec les Belascain de Lavaur, à celles passées sur le banc du RCS XV, Eric Roca (51 ans) se souvient des belles choses, à former et bâtir un groupe : « C’est toujours passionnant de former des jeunes oui, et de les voir grandir, s’épanouir, c’est aussi ce que j’ai vécu entre Lavaur et St Sulpice, et j’ai apprécié les accompagner. » Ce grand passionné de rugby, exigent envers lui-même et ceux qui l’entourent, prend de la hauteur pour évoquer ce qui remonte à la surface comme premiers souvenirs : « J’ai vécu de superbes moments, d’autres plus compliqués, mais toujours sincères et intenses. Au rayon des bons moments, les deux montées, en fédérale 3, puis en fédérale 2. Le 8ème contre Gimont et le quart de finale du championnat de France de Fédérale 3 contre Auch, futur champion quelques semaines plus tard. Il y a eu aussi de belles fêtes, une véritable communion avec les joueurs, les dirigeants et les supporters. »
Et puis, il y a des souvenirs, plus récents, qui laissent un goût amer : « Il a y eu des moments plus difficiles, mais c’est normal. Depuis le covid, même si tout n’est pas lié à ca, il y a eu beaucoup d’arrêts, de joueurs cadres, et en même temps. C’était compliqué d’absorber ces pertes en aussi peu de temps, surtout à un moment où l’on avait besoin d’expérience à certains postes. Cette saison est compliquée, la fédérale 2 est exigeante, demande un investissement total, ce n’est pas toujours le cas, ni facile de répondre à ces impératifs… »
Eric Roca : « Il faut accepter que les mentalités changent, mais… »
Derrière ce constat se cache peut-être l’explication majeure à cette décision d’arrêter avec « Saint-Sul » : « J’arrive sans doute au bout d’un discours, et c’est légitime, autant pour moi que pour les joueurs. Mais il est vrai que que ne me retrouve plus trop dans mes objectifs personnels, dans ma recherche d’implication, pas toujours partagée par certains joueurs. Il faut accepter que le monde change, que les mentalités changent, mais j’avoue avoir un peu de mal avec certaines mentalités oui. Le rugby, je le conçois comme un plaisir, mais avec l’implication minimale et nécessaire pour jouer ou prétendre jouer à un certain niveau. L’entraîneur que je suis a parfois eu le sentiment de devoir endosser un autre costume. C’est ainsi, et je crois savoir que c’est partout pareil. De toute façons, j’imagine que les joueurs sont dans un certain confort avec moi depuis le temps, ils ont ou auront besoin d’entendre une autre voix, un autre discours. »
Mais Eric Roca est du genre à voir le verre à moitié plein : « Il y a toujours du positif à en tirer : comme de faire monter des juniors en séniors. Des gamins que j’ai entraînés en cadets, puis en juniors. C’est une fierté de les avoir formés et d’en voir évoluer déjà avec l’équipe Une, d’autres doivent encore travailler, mais ils y arriveront. »
Au moment d’évoquer la suite de son parcours, le technicien se montre transparent : « La suite ? Je me pose la question bien sûr, mais je vais d’abord m’attacher à finir au mieux cette longue saison. Après, je dois savoir si je me repose un peu ou pas, car le rugby est une véritable passion, chronophage, énergivore. Si je repars sur un autre projet, il faut qu’il me corresponde sur du moyen et du long terme, pour bâtir, avec des gens et un club qui partageront cette même envie. Le niveau importera moins que l’implication des personnes. Je n’exclus pas de former des jeunes ou de continuer à entraîner des séniors encore, mais j’arrive à un âge où je veux profiter du rugby, pas le subir. J’ai entraîné à deux, à trois, j’ai été manager, mais peu importe, je m’adapte très facilement. L’important, c’est d’avoir la même vision, si on y l’envie et l’énergie, ça marche, la passion fait le reste. » (sourire).
Eric Roca ne sait pas encore où il va rebondir, mais il sait d’où il vient et tient à envoyer un message à son futur-ex club : « Je veux remercier ici Thierry Thonon, un président passionné qui m’a fait confiance pendant huit ans, et ce n’est pas rien. Ce club a grandi, et évolué positivement, grâce au travail de chacun, grâce à des dirigeants et des bénévoles investis, tout comme les joueurs qui ont porté les couleurs du RCS. Je ne garderai que les bons souvenirs, le regret aussi de cette finale Honneur perdue contre Laroque-Belesta quand je suis arrivé au club, où il nous manquait beaucoup de monde, mais c’est ainsi. Bref, je ne vais citer personne, mais je remercie toutes les personnes croisées au sein du RCS XV. »
Nul doute que les occasions ne manqueront pas de se recroiser plus tard, sur un terrain, ou en dehors.
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