En se baladant du côté du ramier à Auterive (31), et en se penchant sur les photos du lustre d’antan du SAA, on ne peut pas passer à côté d’un grand gaillard d’1m92 pour une centaine kilos (source non vérifiée). Oui, Damien Saccol, c’est un physique et une figure du rugby, auterivain bien sûr, et bien au delà.
A 34 printemps, il a repris cette année comme bon nombre de ses copains, dans son club de coeur, après trois ans de coupure (problèmes aux cervicales). Même si la sécurité sociale a toussé à l’annonce de sa reprise, le 3ème ligne… devenu centre (si, si), nous livre un panorama croustillant de sa longue, riche et donc nouvelle carrière. On se délecte de ses anecdotes au moins aussi captivantes qu’une discussion de fin de soirée avec ce sacré bonhomme. Un XV de Rêve XXL… (par Bixent)
Première ligne
Nicolas Biral dit Bibi : je joue avec lui depuis cadets. A ce moment là, Bibi découvrit le rugby en tant qu’ailier, une erreur pour nous, pour lui et le rugby en général. Incapable d’attraper un ballon, et la vitesse d’un paresseux sous lexomil …bref pas son poste. Le problème était qu’il faisait partie de ces mecs dont l’entraîneur ne savait que faire.
Arrivé en sénior, il s’étoffe, devient un peu con et, ma foi, commence à ressembler à un rugbyman. Il découvre ainsi son poste de pilier et cela va lui aller comme un gant. Il deviendra ainsi un bon petit pilier gauche du SAA et s’emploiera au fil des années à être de plus en plus vicelard sur le terrain. Il a aussi repris cette année pour certainement une dernière saison.
Grégory Lacourt : le talonneur par excellence. Un gentil garçon en dehors du terrain, expert comptable de profession, bref, le gendre idéal . Mais sur le terrain, il en est tout autre. Il est capable de mordre les crampons d’un type tout en lui foutant un doigt au c… Même quand il charge à toutes les mêlées, il garde un petit sourire narquois. Il est capable de foutre la tête là où toute vie sur terre est impossible. Je l’ai vu sortir de matchs dans des états minables , j’avais mal pour lui. Mais lui reste souriant et heureux. Bref un guerrier, un mec fait pour être talonneur et il est, pour moi, un des meilleurs à ce poste dans le coin.
Olivier Uatini dit Maka : il nous est arrivé un jour à l’entrainement venant de ses îles natales de Wallis et Futuna. N’ayant connu que la pirogue comme sport, il a fallu lui apprendre les rudiments du rugby. Une force de la nature et d’une gentillesse incommensurable. Il s’était vite mis au pli en 3ème mi-temps, pour ça, pas de souci, il a vite appris. Il nous a plusieurs fois régalés de ses hakas dans l’allée centrale du bus.
Je me souviens de son premier match à Tarascon, lors de la première mêlée , il a fait tourner celle-ci comme une toupie sur un tour complet. Personne ne lui avait dit qu’on ne poussait que sur 1 mètre ! Olivier est maintenant reparti sur son île et a laissé un souvenir impérissable à Auterive.
Seconde ligne
David Villeroux dit Vichte: le grand gaillard de 125 kg qui, forcément, pèse dans une mêlée et dans le jeux en général. Il a été mon capitaine 2 saisons. Sa qualité première, une connaissance inégalée des règles de rugby. En effet, il sait exactement quelles règles permettent d’obtenir un carton blanc pour souffler 10 minutes. Grace à cela, il est, je pense, le recordman français du nombre de cartons blancs dans une saison. A mon avis , il n’a jamais joué 80 minutes depuis que les cartons blancs existent. Ce n’est pas sa seule spécialité, il a aussi le talent de pouvoir relever discrètement et avec efficacité une mêlée.
En effet, je me souviens d’une fois où il a exécuté un magnifique geste technique alors qu’il était le seul mec de la mêlée à s’être relevé. Même un type de dos à la buvette en train de commander un demi aurait pu voir que c’était lui . Et puis ne vous inquiétez pas pour le type en face, il en est ressorti indemne. A ce moment là, j’ai vu une chose rare : un arbitre avoir pitié d’un joueur au moment de lui infliger un jaune.
Trêve de plaisanterie , Vichte restera un type avec qui j’ai apprécié de jouer mais aussi de faire de longues 3ème mi-temps. Il faisait encore l’année dernière les beaux jours de Lèzat avant de se refaire les croisés.
Thierry Picco: J’ai eu la chance de jouer avec lui avant qu’il parte chez notre voisin Saint Sulpice sur lèze. Le couteau suisse des 2 dernières lignes de la mêlée. Avec le niveau qu’il avait déjà à l’époque, il n’a pas été étonnant de le voir exploser à St Sul et ainsi de le voir devenir un des capitaines historiques de cette équipe. Il y sera vice-champion de France de Fédérale 2.
Il reviendra au SAA, deux ans plus tard pour nous apporter tout son talent. J’ai eu l’occasion de jouer seconde latte quelques matchs avec lui et ai pu aussi assister à sa facilité à punir un voleur de balle en mêlée ( l’opposé de vichte !). Sur le coup, on a eu un peu pitié du type en face. En bref, Thierry est un de ses joueurs dont on parlera longtemps dans le coin. Il fait encore aussi les beaux jours de Lézat du haut de ses 40 ans.
Richard Sandré : Joueur de ma génération, on se suit depuis cadets et on s’est aussi pas mal suivi pour les pépins physiques. Sûrement le meilleur plaqueur qui m’a été donné de côtoyer. Le vrai sécateur, nombreux sont les 8 à avoir vu les Pyrénées grâce à lui. Il faut dire que l’arbitrage était moins regardant à l’époque.
Christopher Foumas dit la foume : Un collègue de boulot donc obligé de le citer. De 4 ans mon cadet, on a donc commencé à jouer ensemble qu’en séniors. Malgré son quintal, Chris était un de ces joueurs sans rate, qui court toute l’après midi après les types sans baisser de régime. Il a joué 2 années sans croisé au genou, autant vous dire que les crochés n’étaient pas sa spécialité. Il a maintenant perdu 20kg et fait des trails longues distances. Rien d’étonnant, tout à fait en adéquation avec son mental de gagneur. Je lui souhaite bon courage pour la diagonale des Fous fin octobre.
Jéremie Chinaud dit kino : le 8 de ma génération, on s’est suivi depuis poussins. Des qualités physiques de puissance naturelle hors normes qui en ont fait une machine à mettre des tubes, au grand détriments des pauvres 3ème lignes ailes. Par contre, et j’insiste parce que lui n’est pas d’accord, il n’a jamais rien compris au repli défensif d’un 8 que je me suis efforcé de faire à sa place pendant tant d’années !
La charnière
Damien Grande : On a fait nos classes ensemble jusqu’en juniors. Depuis ma place de centre, je me régalais de le voir dérouler la panoplie du 9. Des claques, des croches pattes et vas-y que je te marche sur la main, que je te crache sur la jambe, et que je pleurniche à l’arbitre mais bien-sûr quand ça craint je me réfugie derrière un gros. Une vrai pièce de théâtre à lui tout seul.
David Disségna : Un des meilleur ouvreurs qu’il y ait eu au SAA ces dernières années. Des crochets dévastateurs, une accélération de malade, un coup de pied de mammouth mais surtout toujours une belle coiffure avec ce qu’il faut de gel. En 2013, il nous quitte pour Saint Girons où il y sera sacré champion Midi-Pyrénées et de France en 2014. La famille Dissegna a toujours était une actrice majeure de notre club. Daniel le père a longtemps était un haut dirigeant et Cyril le frère a repris la présidence du club cette année.
Les trois quarts
Jean-luc Roussel dit Kader, kouider ou Kouiner: Un corps d’un pilier dans un ailier. Son physique fait rire les adversaires en début de match mais moins plus tard. Un mec qui sent le rugby, une vision du jeu et un gros raffut, telles sont ses armes. Ses qualités lui ont permis d’être double champion avec David Disségna .
Jérôme Miguel : Un cousin à moi donc impossible de l’éviter : J’ai joué à ses cotés lors de ma première année de sénior. Spécialiste de la fixation de la défense par des retours intérieurs dévastateurs. Un premier centre à l’ancienne quoi. Il a un réflexe hors du commun lorsqu’il se fait déborder, il se jette sur l’adversaire en le taclant. Au début, ça surprend, après on s’y habitue. Il est aussi le André Rieux des 3ème mi-temps, il se met à poil, tire sa chose vers l’avant et, à l’aide d’une baguette en bois, nous fait des concertos en Si bémol.
Stéphane Vacilotto dit Vaci: Le pur centre, rapide, puissant et technique. Il a fait les beaux jours d’Auterive jusqu’en 2003. Champion Midi Pyrénées en 2002. C’était le mec beau gosse, fort au rugby et gaillard sans faire un pet de muscu. le Mec pénible quoi !
Lionel casalis dit YoYo: Une légende d’Auterive à son poste. des crochets de fou, un turbo dans le derrière, bref tous les atouts d’un super ailier. Yoyo a marqué jusqu’à 30 essais par saison fin des années 90 à début 2000, autant que moi en … 10 ans. Inimaginable à l’heure actuelle. Il restera, à mon avis, pendant très longtemps, le meilleur marqueur d’essais du SAA .
Paul-Benjamin Senseby dit Paul-Ben : Un arrière complet, un excellent pied, toujours un super timing dans son jeu et comme tous les arrières, il possède une feinte de plaquage incroyable !
Entraîneur
Heymans Lionel dit Bouba : Un entraîneur très technique. Un perfectionniste, rien n’est laissé au hasard avec lui. Il nous a énormément fait progresser et nous sommes, un peu grâce à lui, montés en Fédérale 3 en 2010. Depuis son retour chez lui à Saint-Girons en 2012, il a glané 2 titres Midi-Pyrénées et 2 titres de Champion de France, c’est dire l’entraîneur exceptionnel qu’il est.
REMPLAÇANTS :
Frederic Carougé dit Carouge : un pilard, à l’époque car maintenant tout maigre et donc 3ème ligne, qui ne parlait pas beaucoup mais qui remuait de la viande. Je l’ai vu descendre un type à Mazères parce que le gars se réjouissait que son équipe ait marqué…pas commode l’animal ! Lors d’un déplacement à Moissac, il m’a fait avoir le plus beau fou rire d’avant match.
L’arbitre prend les premières lignes dans les douches et leur demande de se présenter et de préciser leur poste. Fred s’est donc présenté, et au lieu de dire qu’il était pilier gauche, a dit : » je suis plombier chauffagiste ». On a rigolé pendant au moins 10 minutes dans les vestiaires.
Moïse Soulié : le mental d’un talon dans un corps de 3ème ligne. Ce qui donne un des secondes lignes les plus rudes qu’on ait eu à Auterive. Un joueur toujours très engagé dans les matchs, peut être trop au goût des arbitres. En effet, Moïse est, à mon avis, le joueur local ayant pris le plus de cartons jaunes dans sa carrière. Si bien que lorsque j’étais jeune, on pariait à quelle minute du match il en prendrait un. Cela n’enlève rien à tout ce qu’il a apporté depuis longtemps à Auterive.
Patrick Clavier dit La Clave: Un des champions 2002. Un pilier polyvalent, un coup dans le ruck, un coup 3ème centre. Il nous faisait de belles envolées avec son allure atypique
Denis Marty : Ancienne gloire du SAA XV au talon. J’ai très peu joué avec lui mais je l’ai beaucoup vu jouer. Il m’a même entraîné en benjamin. Le meilleur lanceur en touche qu’Auterive ait eu. Comme tous les bons talonneurs, il ne demandait pas son reste dans les rugueux combats d’avants. Dans mes souvenirs, je ne l’ai jamais vu à un après-match sans sa fameuse entaille sur le haut du nez. Un grand monsieur qui fait maintenant le bonheur de nos boulistes car très adroit au tir.
Christophe Raymond: On a partagé sa dernière saison, il était à cette époque notre capitaine. Un joueur exemplaire comme j’en ai rarement vu. Jamais un mot mais par contre il rembaillait quelque chose. Tantôt 3ème ligne, tantôt seconde, qu’importe, le travail était fait et il n’y avait jamais rien à lui reprocher.
Cyril Ménasse : un 3/4 polyvalent avec qui j’ai peu joué, mais qui m’a marqué par une habitude particulière qu’il avait juste avant le coup d’envoi. Il se mettait sur la ligne des 50 et il montrait son anatomie intime à tous les joueurs adverses dans le but de les faire dégoupiller. Et ça marchait souvent.
Philippe Antichan: Il était arrivé au club en provenance de Monréjeau, au début des années 2000. Un extraterrestre avait débarqué chez nous. Un ouvreur comme on n’en avait encore jamais vu au club. D’ailleurs, il fut l’un des acteurs du titre midi-pyrénées en 2002. J’ai pu faire, à ses côtés au centre, sa dernière saison à Auterive. Quel plaisir, le rugby devient plus facile à cotés de types comme lui.
Photos bonus : Damien le sans culotte
Damien le penseur détective, ça colle au personnage