Le championnat Juniors Crabos était entré, début janvier, dans sa seconde phase. Une seconde phase dont la troisième journée proposait, en poule 2, un savoureux derby haut-garonnais. L’Union Sportive Colomiers (5ème, 1 point), défaite à Brive en ouverture (15-19), devait absolument se relancer sur son herbe. Plus facile à dire qu’à faire quand on sait que l’adversaire du jour, à savoir le Stade Toulousain (1er, 10 points), venait d’enchainer deux succès bonifiés (à Béziers, contre Brive). A noter que les deux équipes s’étaient affrontées en première phase et que les Rouge et Noir avaient emporté les deux face-à-face par un score cumulé de 73 à 21 On pouvait donc imaginer un Colomiers bien décidé à réagir… Marco Matabiau)
Les locaux entamaient la rencontre par une belle séquence de conservation au terme de laquelle la ligne de défense toulousaine se mettait hors-jeu. Il n’en fallait pas plus au demi de mêlée Culinat, des 40 mètres, pour déflorer le planchot (3-0, 2ème). L’USC maintenait la pression, notamment par le pied de son ouvreur Pacome Nassar et forçait les visiteurs à concéder un renvoi sous les poteaux. Auteurs d’une belle entame, les Columérins s’appuyaient sur une défense féroce, à l’image de ce plaquage du trois-quart centre Rey sur l’arrière stadiste Gil. Les forces semblaient toutefois s’équilibrer: la mêlée toulousaine prenait le dessus sur sa vis-à-vis et le jeu au pied des Bleu et Blanc se faisait moins précis. Néanmoins, c’est bien Colomiers qui inscrivait le premier essai de la rencontre. Ballon écarté côté droit, croisée en bout de ligne entre Rey et Crepin Leblond. L’arrière se fendait d’un retour intérieur et d’une superbe accélération avant de servir Duthil, venu se proposer au soutien. Le troisième ligne filait sous les poteaux, Culinat transformait et l’USC prenait dix longueurs d’avance (10-0, 15ème).
Les Toulousains réagissaient bien dans la foulée et lançaient les hostilités au large, balayant le terrain de droite à gauche, puis de gauche à droite, pour décaler Roux. L’ailier droit était repris, apparemment de façon illicite par Crepin Leblond, qui écopait d’un carton jaune (19ème). La pénal touche obtenue à cinq mètres ne donnait rien, le pack toulousain commettant un en-avant dans le maul porté. Sur la mêlée suivante, le paquet toulousain se voyait même sanctionné d’une pénalité et Colomiers se dégageait. C’était ensuite au tour des locaux de proposer un bon lancement, prolongé par le bel « offload » de Rey vers son ailier Ouari. Sur le retour, le deuxième ligne toulousain Tellier Flutre se rendait coupable d’un plaquage à l’épaule et recevait un carton jaune (25ème).
En infériorité numérique, les stadistes accumulaient imprécisions et maladresses. Pour leur part, les joueurs à la colombe capitalisaient à chaque opportunité. De retour en jeu (en Crabos, l’exclusion temporaire suite à un carton jaune ne dure que cinq minutes), Tellier Flutre maitrisait une fois encore mal son plaquage sur son homologue, le capitaine Fabre. Culinat prenait la pénalité et rajoutait trois points (13-0, 35ème). C’est le moment que le staff toulousain choisissait pour faire entrer du sang neuf puisqu’Ortal, Tolofua et Martin faisaient leur apparition sur le terrain.
Relation de cause à effet ou pas, les Rouge et Noir trouvaient enfin la solution aux problèmes posés jusqu’alors par la défense locale. Mis en débordement côté gauche, Roux obtenait une pénalité à cinq mètres. Richardis (habituellement arrière mais replacé à la mêlée pour pallier l’absence des blessés) dynamisait. L’action s’enchainait, Vignères rentrait sa course pour décaler son compère du centre Alary et l’envoyer derrière la ligne. Bergès transformait (13-7, 35ème + 3) et Monsieur Bes sifflait la pause.
Le Stade pousse, Colomiers fait de la résistance
La seconde période démarrait on ne peut plus mal pour les stadistes. Sur le coup d’envoi, Pacome Nassar sautait au ballon, mais Ortal lui passait dessous et le faisait basculer. Carton jaune immédiat (36ème). Dans la foulée, Colomiers attaquait mais se voyait repoussé par la défense, menée notamment par Tolofua. Ce dernier faisait toutefois preuve d’un peu trop d’enthousiasme et se laissait aller à quelques mots qui déplaisaient visiblement à Monsieur Bes. Verdict: pénalité pour Colomiers, et trois points de plus dans l’escarcelle de Culinat (16-7, 38ème). Colomiers gardait le contrôle des opérations, comme sur ce beau maul porté, qui accouchait d’une nouvelle pénalité (42ème). Les entraîneurs de l’USC effectuaient à leur tour des changements, Dunac et Lam suppléant Rey et Riazuelo.
Toulouse faisait de nouveau le forcing, enchainant pénal touches et pénalités jouées à la main, mais le rideau défensif columérin ne se fissurait guère. Les attaquants rouge et noir commençaient à s’agacer, allant notamment trop loin sur certains déblayages (52ème). Quelques instants plus tard, Richardis écopait lui aussi d’un carton jaune (55ème). Dans les dix dernières minutes du temps réglementaire, les trois-quarts, à l’image du duo Vignères-Alary, multipliaient les imprécisions et échappaient de nombreux ballons. La tension montait d’un cran quand, sur une action au départ anodine, une bagarre générale éclatait… et durait. Monsieur Bes et les entraîneurs des deux équipes avaient bien du mal à ramener tout le monde au calme. Au final, carton rouge pour Estrade côté Colomiers. Côté toulousain, ce sont Nemor et Megherbi qui étaient définitivement exclus. Le Stade Toulousain allait donc terminer la rencontre à 13.
Même si la victoire avait dorénavant choisi son camp, les Rouge et Noir souhaitaient au moins ne pas revenir bredouilles de ce court déplacement et aller chercher le point de bonus défensif. Crepin Leblond ne facilitait pas les choses en trouvant une superbe « 50-22 » (70ème). Pacome Nassar tentait quelques instants plus tard une pénalité, mais le ballon fuyait les barres. Enfin, au bout du bout des arrêts de jeu et au terme d’une action interminable, Alary trouvait un magnifique coup de pied transversal pour Bouniol. L’ailier, entré en jeu quelques minutes auparavant, se saisissait de volée du ballon et marquait dans le coin droit. En position pourtant délicate, Bergès transformait d’un maitre coup de pied (16-14, 70ème + 8). Trop peu trop tard, même si le point de bonus défensif était acquis. Dans la foulée, Monsieur Bes donnait le dernier coup de sifflet de la rencontre.
Cette opposition entre Rouge et Noir et Ciel et Blanc a une fois encore prouvé que les derbys sont des matchs on ne peut plus particuliers. Tout y était: tension, engagement et suspense. Alors qu’ils se présentaient avec une puissance offensive évidente (37 points de moyenne depuis le début de la saison), les protégés de Marc Dantin, Yoann Faure et Abraham Tolofua ont été tenus à leur plus faible total de la saison (14, comme lors de leur défaite en terre agenaise le 5 novembre dernier). Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé. Cependant, malgré l’animation de la charnière Richardis-Bergès et les efforts de Caublot, Tolofua, Vignères et Alary, les offensives toulousaines se sont le plus souvent heurté à la redoutable défense columérine, qui a souvent plié sans jamais rompre.
Menés par leur deuxième ligne Fabre – Lion (qui en avait visiblement mangé ce samedi) et le troisième ligne Duthil, les joueurs de Aurélien Béco, Eric Lacroix et Jean-Philippe Pons, solides sur les fondamentaux et pleins d’envie, ont su soutenir la comparaison physique et perturber le jeu visiteur, contestant chaque ballon, que ce soit en mêlée fermée ou dans l’alignement. Culinat s’est montré intraitable au pied (11 points) et Pacome Nassar, après un début hésitant, a parfaitement mené la barque. Place maintenant à une longue pause. Au programme de la quatrième journée, qui se jouera le weekend du 4 mars: Toulouse se rendra à Toulon (vainqueur à Béziers 27-7) pour un duel en rouge et noir et Colomiers ira affronter Valence Romans, lourdement défait à Brive (47-10).
Réactions
Aurélien Béco (Entraîneur, US Colomiers) : « On a juste à regarder la réaction des garçons. Énormément de satisfaction, de bonheur. On pensait qu’on avait moyen de rivaliser, même s’ils nous avaient déjà battus largement à deux reprises cette saison. A chaque match sa vérité. Les garçons ont su prendre conscience de leur potentiel et livrer un match d’hommes. Parce qu’ils deviennent des hommes. Je suis content pour eux ».
Marc Dantin (Entraîneur, Stade Toulousain) : « Un derby… Et les Columérins se le sont gagnés. Rien à dire. On a peut-être des points à prendre en début de seconde mi-temps, et il nous en manque deux à la sortie. Ils en ont eux aussi laissé en route. Le résultat semble logique sur l’ensemble du match (…) Même si on a eu beaucoup le ballon en deuxième période, il nous a manqué de savoir jouer dans les bonnes zones. »
Feuille de match
A Colomiers (Stade Michel-Bendichou): Union Sportive Colomiers bat Stade Toulousain 16 à 14 (mi-temps: 13 à 7). Arbitrage: Monsieur Gilles Bes (Ligue Occitanie).
Cartons jaunes: à l’US Colomiers, Crepin Leblond (19ème); au Stade Toulousain, Tellier Flutre (25ème), Ortal (36ème), Richardis (55ème).
Cartons rouges: à l’US Colomiers, Estrade (67ème); au Stade Toulousain, Nemor (67ème), Megherbi (67ème).
Pour l’US Colomiers: 1 essai Duthil (15ème), 3 pénalités (2ème, 35ème, 38ème) et 1 transformation Culinat
Pour le Stade Toulousain: 2 essais Alary (35ème + 3), Bouniol (70ème + 8), 2 transformations Bergès.
Composition US Colomiers : Crepin Leblond; Ouari, Rey, Daries, Hibert; Pacome Nassar (o), Culinat (m); Bigot, Duthil, Foltran; Lion, Fabre (cap); Lenisio, Riazuelo, Boyer.
Sur le banc: Lam, Rousseau, Estrade, Emery, Papaix, Galy, Dunac, Sajous Watzki.
Entraîneurs: Aurélien Béco, Eric Lacroix et Jean-Philippe Pons.
Composition Stade Toulousain : Gil; Roux, Vignères, Alary, Perissel; Bergès (o), Richardis (m); Talieu, Rousere, Cros (cap); Caublot, Tellier Flutre; Megherbi, Beffara, Varenne.
Sur le banc : Mulitolo, Ortal, Tolofua, Martin, Nemor, Pichardie, Bouniol, Moure.
Entraîneurs : Marc Dantin, Yoann Faure et Abraham Tolofua.