Pour un derby, c’est un derby. Du stade Bagatelle de Montauban au Municipal de Bressols, il y a 4,5 km à vol de « poulets » rugbystiques. Du sommet du clocher de l’un, tu vois la buvette de l’autre et inversement. C’est dire la proximité du RC Montauban et de l’AS Bressols à l’heure de cette première passe d’armes entre voisins. Malgré la pluie toute britannique qui tombe sur le stade, celui-ci se trouve déjà bien garni, du côté des deux buvettes de l’enceinte notamment, où les supporteurs des deux camps se côtoient. Mais à l’heure de Marignan (15h15), chacun a gagné son bout de tribune pour être prêt à assister, sur le pré, aux joutes que tout annonce serrées et disputées. Comme une impression que tout se jouera sur des détails, du jeu à la tactique, du coaching à la dernière passe, de celui qui résistera à celui qui tremblera à l’heure de la dernière seconde de la dernière minute… (Résumé et photos par Wildon)
Toute la première période est un combat équilibré entre les deux équipes, Montauban jouant mieux par le pied quand Bressols est plus conquérant à la main. Mais cette neutralisation des adversaires se retrouve aussi dans le jeu des pénalités qui émaillent les quarante premières minutes. Dans un remake du jeu du « chat et de la souris » le RCM et l’ASB se livrent un duel à distance entre leurs buteurs respectifs avec une belle forme de réussite dans un premier temps, Laplace scorant deux fois coup sur coup (9e et 13e), Simion lui répondant par trois fois (3e, 16e ,36e).
Mais ce duel sous la pluie va vite s’embourber dans autant d’échecs que de transformations, Laplace ratant les barres trois fois (19e, 25e et 39e), Simion ratant une fois sa tentative (28e). On le voit, au jeu de la stat’ et du sang-froid, Bressols aurait pu virer en tête aux citrons. C’est finalement le Racing qui rentre au vestiaire avec trois petits points d’avance et un solide sentiment d’ennui profond pour un derby qui tarde à chauffer la tribune et la main courante du stade Bagatelle.
Le retour sur le pré commence avec un double raté montalbanais, à savoir un drop-goal de Loukili qui passe à droite. L’arbitre siffle un retour à une faute préalable et accorde une pénalité au RCM dans la foulée, pénalité que Simion rate (41e). En face, Laplace n’est pas plus en veine puisqu’il rate à son tour la pénalité accordée par l’arbitre pour jeu dangereux (49e). L’ennui profond nous guette. Dans la minute qui suit, Eric Garcia et Christophe Miatto procèdent à un gros coaching, lequel comprend quatre changements d’un seul coup.
Mais le temps que la sauce prenne, c’est Bressols qui, toujours plus conquérant à la main qu’au pied, parvient enfin à monter deux attaques successives. La première échoue mais vaut à Montauban de perdre Simion sur carton jaune (51e). La seconde attaque se conclue en force et en beauté quand Bolay aplatit le cuir juste derrière la ligne d’essai montalbanaise. L’essai est bonifié par la transformation de Laplace (53e, 9-13). Bressols bascule devant à la marque et l’on se dit que le destin a peut-être choisi son camp.
L’ennui qui nous taraudait disparaît d’un seul coup. Voici que les ardeurs montalbano-bressolaises se réveillent et que la tension monte d’un cran d’un seul. Au terme de deux échanges de baffes, le troisième oblige l’arbitre à rouge-cartonner Ginestier côté locaux et Bettiol côté visiteurs (57e). Même à quatorze, les deux équipes s’envoient allègrement dans les plumes et dans les côtes. Coupable d’une charge puis d’un coup sur Combalbert, le bressolais Peyranne est invité à aller méditer sur la condition humaine pendant dix minutes sur son banc (68e). Dans la foulée, Bonis bonifie les siens de trois points de mieux (69e, 12-13).
La tension est palpable et amplifiée par le point d’écart qui sépare les deux équipes. Montauban pousse mais la ligne de Bressols ne bouge pas et la défense ne laisse passer personne. Du moins jusqu’aux deux dernières minutes de la rencontre. Pris par la patrouille arbitrale, les Bressolais commettent une première faute sur leur ligne des trente mètres qui donne une pénalité au Racing. Mais Tartini manque la mire (78e). Alors qu’ils gèrent parfaitement les assauts montalbanais, les joueurs de Bressols se mettent encore à la faute et toujours sur la ligne des trente mètres. Erreur que l’arbitre transforme en pénalité pour le RCM et, cette fois-ci, en face des poteaux. Tartini ne tremble pas, expédiant le cuir pile entre les barres, et donnant une victoire obtenue au forceps à Montauban (80e, 15-13).
Si tout le monde aura oublié ce derby dans quelques temps, on ne retiendra que la victoire des Montalbanais et que c’est le banc du Racing qui aura permis de faire pencher la balance définitivement en sa faveur. Entre absence de réalisme, maladresse, énervement et précipitations, Bressols pourra nourrir, de son côté, quelques regrets et notamment celui de n’avoir pas su tuer le match quand il l’aurait fallu et d’avoir donné des munitions au RCM quand il ne l’aurait pas fallu.
Les réactions
Maxime Châtain, entraîneur de Bressols
Rugby Amateur : On imagine qu’il doit y avoir beaucoup de déception d’avoir laissé échapper cette victoire, voire d’avoir donné le coup de pied de grâce à Montauban dans les dernières secondes du match ?
MC : Beaucoup de regrets oui, les joueurs ont été vaillants. Je pense qu’on leur a fait peur aussi parce qu’on les a bien pris. Notre force reste le jeu à la main. Nous sommes des joueurs de ballon. Mais on a eu l’envie, la « sur-envie » (sic) et la fatigue. Ce qui nous fait perdre notre lucidité en fin de match. Il nous reste encore beaucoup de choses à régler. Il faut qu’on travaille plus.
Cédric Garcia, entraîneur du RC Montauban
Rugby Amateur : Compte tenu du scénario du match, est-ce que vous avez la sensation de revenir de loin ?
CG : Oui, bien sûr, on peut le dire. Maintenant, il n’y a jamais eu non plus de gros écarts que ce soit pour eux ou pour nous pendant toute la rencontre. Donc, notre victoire n’est pas un miracle non plus. Si Bressols avait remporté la partie, il n’y aurait rien eu à dire. Cet après-midi, le match se termine comme on jette une pièce. La semaine dernière, elle est tombée du mauvais côté pour nous parce qu’on perd à la 84e. Aujourd’hui, elle est tombée du bon côté parce qu’on gagne à la 83e. Cela a été un derby pas très joli, pas très agréable à regarder, mais engagé. Et comme je l’ai dit à mes joueurs, dans trois ou quatre mois, ce derby aura été oublié, on se rappellera juste qui a pris les points de la victoire.
RA : Une question un peu « poil à gratter » : cette victoire, c’est vous qui allez la chercher ou c’est Bressols qui vous la « donne » par ses fautes ?
CG : Vous savez, Bressols a aussi une ou deux occasions de tuer le match plus tôt. Honnêtement, à 13-9 pour eux, il n’y a rien à dire parce qu’ils sont meilleurs que nous, plus rugueux, plus vaillants, ils osent plus que nous. Mais sur les dix dernières minutes, on tient le ballon sur quelques séquences et on les a mis à la faute. Je ne dirai pas que c’est Bressols qui nous « donne » le match, mais sur les cinq ou six dernières minutes, c’est nous qui allons chercher la victoire.
RA : Au vu des deux premiers matches (une défaite avec bonus défensif et une victoire), est-ce que vous êtes dans les clous de votre prévision ?
CG : On n’avait pas trop fait de prévisions. On s’est donné le bloc des trois premiers matches pour voir où on se situe et voir ce qu’on pourrait faire ensuite. Entre Mauvezin dimanche dernier et Bressols aujourd’hui, on a quelques points d’appui et de références pour voir dans quels secteurs du jeu nous devons travailler. On fera cependant un point global après le match contre Moissac.
LA FEUILLE DE MATCH
A Montauban (stade Bagatelle) – RC Montauban – AS Bressols 15-13 (Mi-temps : 9-6)
Pour Montauban : 5 pénalités de Simion (3, 16, 36), Bonis (69) et Tartini (80)
Pour Bressols : 1 essai de Bolay (53) 2 pénalités (9, 13), et 1 transformation de Laplace (53)
RC Montauban : Lacam, Diaz, Souques, Heradi, Landes, Boisse, Martin, Bergamasco (cap), Combalbert, Loukili, Maffrezoppis, Muncherji, Rous, Girouard, Simion – Remplaçants : Alloi, Ginestier, Bonis, Tartini, Bosca, Laviale, Lafforgue.
Carton jaune : Simion (51)
Carton rouge : Ginestier (57)
Bressols : Vaitanaki, Kauiki, Briam, Lelamer, Martin, Gasc, Bolay (cap), Mendez, Blatche, Gibert, Laplace, Pavan, Bassaler, Dargassiès – Remplaçants : Vayssié, Peyranne, Bettiol, Noriega, Lafon, Larraigt, Gayraud.
Carton jaune : Peyranne (68)
Carton rouge : Bettiol (57)