Pendant que le public, nombreux, se frayait un chemin jusqu’au complexe Lautard de Castanet, les joueurs sortaient des vestiaires pour aller à l’échauffement. Les regards en disaient long sur la motivation de chaque acteur, aussi ombrageux que le temps, quasi hivernal, qui allait accompagner ce sommet de l’élite régionale…(par Jonah Lomu)
Le corps arbitral, emmené par Christine Hanizet, était contraint de donner le coup d’envoi avec quelques minutes de retard, tant la foule, nombreuse, était ralentie sur la route, puis au guichet. En revanche, Laroque-Belesta n’était pas en retard pour ouvrir le score, suite à un en avant de réception sur le coup d’envoi, converti en drop (3-0). La réaction tarnaise ne se faisait pas attendre avec un essai inscrit en coin après une bonne séance de conservation (3-5). Saint-Sulpice imprime le tempo, en s’appuyant sur des relances saignantes de son troisième ligne centre, Noyer. Carayon se voit offrir une première pénalité, qui fuit les perches, puis une deuxième à la 10ème minute, qui passe (8-3). Laroque, dans le sillage de son capitaine Benoit Puigserver, parvient à conserver le ballon et avance au près. Le vent de travers, souffle contre les joueurs du Pays d’Olmes, qui filent en pénal touche. Mais cette dernière est contrée par l’alignement tarnais. Une munition gâchée au quart d’heure de jeu.
Les débats s’équilibrent, les intentions sont là, mais l’enjeu semble tétanisé certains joueurs, auteurs de maladresses inhabituelles. Les impacts sont rudes, on ne s’échappe pas, on se teste. Saint-Sulpice parvient à trouver quelques mini-brèches, compensées par une défense farouche des rouge et jaune, et doit se contenter de trois points de plus inscrits par Carayon à la demi-heure de jeu (11-3). ce dernier s’était vu refuser une pénalité peu de temps auparavant. Le vent fort étant difficile à dompter. Juste avant la pause, Puigserver reçoit un carton jaune, laissant ses coéquipiers à quatorze pour dix minutes. La mi-temps est sifflée, on se dit que les Ariégeois seront sans doute ne difficulté à la reprise…
23-0 pour Laroque…
Et pourtant, les Ariégeois marquent d’entrée une pénalité (11-6) et trouvent l’ouverture à la 54ème, sur un essai inscrit en force, sous les poteaux. Ils prennent l’avantage pour la première fois de la rencontre, et le consolident deux minutes plus tard sur pénalité (16-11). A l’heure de jeu, la domination de Laroque est sans partage, elle sera concrétisée par une belle initiative de Catala (Morgan) pour Cathala (Jérôme) après un deux contre un d’école conclu en coin. Piche, en grande forme, passe la transformation du bord de touche. 23-11, le break est fait. Saint-Sulpice est clairement sonné, mais tente de revenir dans le camp adverse. Au courage, ils avancent, mettant à la faute Laroque, qui reçoit même un carton jaune. Il reste treize minutes, les tarnais jouent la pénal touche mais se font à leur tour chiper le ballon, au plus mauvais moment pour eux. Le sort du match vient sans doute de basculer. Trois minutes plus tard, ils reçoivent un premier carton, jaune, puis un deuxième, de couleur rouge cette fois. Les nerfs ne lâchent pas, mais la frustration est grande. Laroque, sans état d’âme, joue les coups à fond, et sur l’un d’eux, aurait pu inscrire un nouvel essai. Mais comme un symbole, après avoir ouvert le score sur un drop, conclura la marque de la même manière. 26-11.
Le bouclier prend la direction du Pays d’Olmes. Les hommes de Stéphane Loze, Stéphane Sanchez et Pierre Mico ont fait le boulot, ils ont déplacé des montagnes, et la foule, venue les soutenir en masse. Avec notamment le soutien de joueurs de Lavelanet ou Saint-Girons, entraperçus ici ou là parmi les 2 500 spectateurs. Oui, le président Franck Blazy pouvait être fier de ses troupes. Pour Saint-Sulpice, après la défaite l’an dernier face à Lauzerte en finale de Promotion Honneur, ce deuxième échec consécutif était difficile à encaisser. Les joueurs du RCS ont effleuré du doigt leur rêve, qui s’est envolé au fur et à mesure que la seconde période s’égrainait. Le promu se consolera avec une deuxième montée d’affilée, ce qui n’est déjà pas si mal. Insuffisant pour consoler des Tarnais aux regards humides pour certains. Le Comité peut être fier de son champion et de son dauphin, ils ont livré une belle partie dans des conditions difficiles, et dans un bel état d’esprit.
Réactions
Stéphane Loze (co-entraîneur Laroque-Belesta) : C’est incroyable, et tellement beau. On ne donnait pas cher de nos chances en quart, en demi, ni même lors de cette finale. Les gars ont prouvé qu’ils avaient un coeur énorme. A la mi-temps, on s’est dit qu’à 11-3, on avait toutes nos chances et qu’en revenant au score, on ferait douter Saint-Sulpice. On a réussi à revenir puis à passer devant, en méritant, je pense, cette victoire. Je tiens à féliciter tout un groupe, car il ne pouvait y avoir que 22 noms cochés sur la feuille de match, mais c’est tout un groupe qui a bossé ensemble. L’équipe réserve a elle-aussi, réalisé une superbe saison, tout le monde a tiré dans la même sens. Je suis très heureux…et je remercie rugbyAmateur pour l’éclairage qu’il nous donne tout au long de la saison. En espérant que cela continue pour le championnat de France, ce qui voudrait dire que notre saison soit vraiment exceptionnelle.
Renaud Gely (co-entraîneur Saint-Sulpice) : C’est une grand déception forcément, mais on a laissé des points en route ne première mi-temps, où l’on fait aussi quelques mauvais choix. On s’est un peu précipité par moments, alors qu’avec un peu plus de maîtrise et de patience, on aurait pu trouver l’ouverture. Je sentais que l’écart à la pause était insuffisant, et que ce serait difficile de résister au retour de Laroque, à qui, il faut rendre hommage, car ils ont réalisé un très bon match. Bravo à eux, on va digérer cette déception, et repartir de l’avant pour bien figurer en championnat de France. Je tiens malgré tout à féliciter tous les gars pour leur investissement, et ce n’est pas parce que l’on perd en finale qu’il faut tout oublier. On a réalisé une très belle saison, et avons atteint l’objectif qu’on s’était fixé, à savoir la montée.
Paul Barthez (pilier Laroque) : On est champions ! C’est énorme, on ne nous attendait pas à ce niveau, et on y est. Si on nous avait dit en début de saison qu’on monterait en fédérale 3 et qu’on serait champions, je ne l’aurais pas cru. Mais on est allé se le chercher tout ça, avec nos tripes, avec les moyens du bord, ce qui fait que je suis encore plus fier de jouer dans cette équipe, qui se connait depuis longtemps, et de ce résultat qui va rester dans nos mémoires toute notre vie. On est un peu le village des irréductibles gaulois (rires)
Benoit Puigserver (3ème ligne et capitaine Laroque) : C’est assez incroyable à vrai dire. La montée, le titre, c’est fantastique, surtout pour moi, à mon âge (rires). On a jamais baissé les bras cette saison, à l’image de cette finale, où on s’est accrochés, notamment en première période. On a limité la casse, pour réaliser une deuxième mi-temps pleine. Je tiens à saluer Saint-Sulpice, qui est une belle équipe. Je suis très heureux pour tout le groupe, mais aussi pour le club, et plus généralement, l’Ariège, dont on défendait les couleurs. On est très fiers de ramener ce bouclier chez nous, en espérant donner du bonheur aux gens, dans une zone géographique en difficulté au niveau économique. C’est un moment dont on se souviendra toute notre vie !
Florian Carayon (ouvreur Saint-Sulpice) : Beaucoup de déception oui, mais on laisse passer notre chance en première période je crois. On aurait pu avoir un capital points plus important, qu’on a pas su, ou pu, défendre en deuxième mi-temps, face à une équipe de Laroque qui a bien joué le coup. On savait que ce serait compliqué, et ça l’a été. On est très déçus, car après une saison comme la nôtre, on espérait la boucler par un titre, mais c’est comme ça. On va tenter de relever la tête en championnat de France, retenir la montée en fédérale 3, ce qui n’est déjà pas si mal pour un promu.
Benoit Cailloux (troisième ligne Laroque) : On a livré un gros match, d’abord en s’accrochant en première période car Saint-Sulpice nous a mis en difficulté, puis en seconde, où on su marquer vite et imposer notre jeu. C’est vraiment une grande joie bien sûr, car il n’y avait pas grand monde pour croire qu’on pouvait finir champions. On va bien fêter ça, mais en gardant à l’esprit qu’il y a encore le championnat de France, qu’on v a jouer à fond aussi. Et puis, il sera ensuite de penser à la sélection, pour qui sait, un autre titre !
Loïc Bendrell (pilier Laroque) : C’est ma première année au club, j’arrive, et on décroche le titre, c’est plus qu’un rêve. En plus on monte, alors que demander de plus. Faire un beau parcours en championnat de France peut être. Mais quelle joie !
Cédric Piche (ouvreur Laroque) : Mon premier sentiment, c’est la fierté d’appartenir à ce groupe, car il est composé de mecs formidables. on a bossé dur toute la saison avec le staff pour faire au mieux. On a battu la Vallée du Girou en quart, Beaumont en demie, et Saint-Sulpice en finale, trois des équipes que tout le monde voyait monter. Et puis, avec nos valeurs, nos moyens, on a renversé des montagnes.
Patrick Laffont (Maire de Laroque d’Olmes) : C’est une immense fierté pour les deux villes que représentent l’entente. Le sport, et surtout le rugby, parviennent à faire déplacer les foules, la preuve encore pour cette finale. Je dis un grand bravo à toute l’équipe, qui apporte énormément de joie à tous les habitants de notre commune, et bien au-delà, j’en suis certain
Bonus : un autre regard sur la finale