Six saisons que le Club Athlétique Périgueux n’avait pas évolué en Fédérale 1. Rétrogradés en 2015 par la DNACG pour cause de lourd déficit, les bleu ciel et blanc n’ont néanmoins pas perdu le… cap pendant ces années: champions de France de Fédérale 3 en 2017 face à Tours (46 – 6) après avoir disposé de Tournefeuille à Souillac en demi-finale, ils n’ont pu accéder à la Fédérale 2 que l’année suivante, et enfin à la Fédérale 1 l’an passé, au terme d’un exercice qui les a vus terminer deuxièmes de la poule 8 derrière l’USA Limoges. Le staff a été renouvelé: Jacques Delmas et Benjamin Bagate s’en sont allés. Ce sont désormais Didier Casadeï (manager général, coach du CA Brive pendant 10 ans), Louis Dubois (l’ex-manager général de Limoges) et Stéphane Polly (préparateur physique) qui tiennent les rênes. Les trois hommes se connaissent depuis leurs années brivistes. Pour Didier Casadeï, le travail a commencé dès que la montée a été actée aux alentours de la mi-avril: “J’ai donné mon accord pendant le confinement. Il a d’abord fallu faire une évaluation de l’équipe, voir les choses à améliorer, apporter à la fois de la qualité et du nombre. Pour ma part, malgré mes dix saisons passées à Brive, je n’ai pas d’expérience à ce niveau“.
Il est sûr que Périgueux a grandement fait évoluer son effectif à l’intersaison. Ont quitté le club le talonneur Ouvrard (Nantes), les deuxièmes lignes Getsadze (Trélissac), Nungent (Bergerac) et Cama (Marmande). Le troisième ligne sud-africain Peacock est parti à La Seyne alors que le trois-quart centre Lozeille et l’arrière Volte ont opté pour Bergerac. En revanche, un grand nombre de jeunes joueurs rejoignent le club: Tindillière (pilier, Vannes), les talonneurs Larre Larrouy (Béziers) et Mas (Narbonne), Revert (deuxième ligne, Stade Français) ainsi que Tixier (troisième ligne, Clermont) intègreront le pack. Derrière, Hardy (demi de mêlée, US Bressane) et Fouillade (trois-quart centre, Limoges) seront à surveiller. Pour encadrer ces recrues, des joueurs plus expérimentés: les Fidjiens (et ex-Biarrots) Tawake (pilier) et Ravuetaki (trois-quart centre), l’Argentin Parlatore (troisième ligne, Piacenza, série A italienne), l’ouvreur Tallet (de retour au club après son passage à Trélissac) et Ouchene (arrière, passé notamment par Libourne, Bergerac et l’UBB).
Le point de vue du manager Casadeï sur ce recrutement ? “On a 17 ou 18 nouveaux joueurs. Peu d’entre eux connaissent ce niveau. Pour la saison à venir, on est dans la peau d’un challenger. On est excités et impatients de s’étalonner. Le premier objectif est de créer un groupe afin de progresser dans notre travail au quotidien. Évidemment, se faire plaisir et faire plaisir aux personnes qui viennent nous soutenir au stade“. Afin de mettre tout cela en place, les joueurs périgourdins ont repris le chemin de l’entraînement le 16 juillet. Ils ont ensuite disputé trois matchs amicaux, face à Bergerac (21/ 8), Marmande (28/ 8) et Cognac (4/ 9). Le CAP disputera son premier match de championnat sur le terrain de Marmande avant d’accueillir, à Francis-Rongérias, le voisin Trélissac (6 kilomètres séparent les deux villes) pour un derby qui s’annonce détonnant.
Le samedi 23 juin 2018, en finale du Trophée Jean-Prat, le Sport Athlétique Trélissacois s’inclinait face à Lavaur. Au bout des prolongations, sous l’étouffante chaleur auscitaine, les Dordognots cédaient le titre aux Tarnais (21 – 24) sur la pelouse du Stade Jacques-Fouroux. Qu’il semble désormais loin ce temps, surtout si l’on considère tous les bouleversements que le club a connus depuis cet après-midi de début d’été. En janvier dernier, le manager Stéphane Labrousse quittait le SAT. Ce furent ensuite les deux entraîneurs Sylvain André et Mathieu Touron qui rendirent leur tablier, le second pour rejoindre Bergerac. Pour terminer, Pierre Laurent, après 12 ans de présidence, cédait son poste (même s’il reste en charge du recrutement) à Jean-Jacques Trapy. C’est dans ce contexte qu’ont été nommés les deux nouveaux coachs: Jean-Jacques Taofifenua, l’ancien coach de Limoges, et Matthieu Queille, passé par les juniors et les Espoirs de Bergerac.
A l’orée de la cinquième saison consécutive du club en Fédérale 1, Matthieu Queille nous livre ses impressions: “C’est un challenge excitant. On dispose d’un groupe grandement renouvelé, comme si on était devant une page blanche et que tout reste à écrire”. Les départs ont été nombreux: les deuxièmes lignes Lavergne (Périgueux) et Colombo (Bagnères), les ouvreurs Kralfa (Marmande) et Tallet (Périgueux) ainsi que l’ailier Dessoudeix (lui aussi à Périgueux) ne feront pas partie du groupe. Un exode massif a même eu lieu vers Mâcon puisque Abriat et Géraud (piliers), le Sud-Africain van Wyk (troisième ligne) et le demi de mêlée Lachaux rejoignent la préfecture de Saône-et-Loire. Pour le recrutement, “on a misé sur des jeunes qui arrivent de clubs pro, qui savent s’entraîner, des compétiteurs qui viennent chercher du temps de jeu“. Dont acte: Mélot (talonneur, Aurillac), l’Italien Orso (deuxième ligne, Pau), Lobjoit (polyvalent deuxième/ troisième ligne, UBB), Iarussi (troisième ligne, Valence Romans), Guigue (demi de mêlée, Provence Rugby), Cadieu (trois-quart centre/ ailier, Cognac) et l’Anglais Bungarro (arrière, Leicester) arrivent sur les bords de l’Isle.
Des vétérans ou des joueurs plus habitués à la Fédérale 1 complètent cette belle brochette. En première ligne, Trélissac a joué la carte internationale en enrolant le Fidjien Koroi (passé par Auckland et l’Ampo Ordizia RE, au Pays Basque espagnol) et l’Espagnol Durango, en droite ligne de Châteaurenard. Pour leur part, les trois-quarts centres australien Masima, ancien pensionnaire de Rodez, Graulhet et Nantes, et fidjien Voretamaya (Narbonne, passé par Albi, Brive et Colomiers) viennent densifier la ligne d’attaque. L’objectif du coach Queille est très clair: “Notre but est avant tout de nous maintenir à ce niveau et de trouver un peu de stabilité dans ce groupe où beaucoup de joueurs ne se connaissent pas“. Avec en point de mire le derby face à Périgueux lors de la deuxième journée? “Oui, c’est vrai, on m’en parle beaucoup. Cela crée de l’engouement. Beaucoup de gens attendent ça depuis longtemps. Je pense que le rugby a besoin de ce genre de matchs, notamment dans la période actuelle“. Avant de se rendre au CAP, il faudra bien négocier l’entame du championnat avec la réception du Rennes EC à Firmin-Daudou.