Reporté pour cause de la pluie, les dirigeants de Fleurance et de Blagnac s’étaient mis d’accord pour disputer leur match en retard samedi dernier. Une grande première pour le club gersois, qui ne se doutait pas que ce jour resterait gravé dans les mémoires…
Blagnac, 2ème de la poule 3, avec 61 points, derrière l’intouchable Albi (73 pts), se déplaçait avec l’intention de glaner un quatorzième succès en quinze matchs. Surtout que Fleurance, 8ème avec 29 points, restait sur trois revers consécutifs, dont deux sur son pré, et gardé un regard appuyé sur les rétroviseurs, en direction du maintien. Première indication, si l’affiche a attiré la foule des grands jours, la réception d’avant match aussi. Tout ce beau monde, repu, pouvait prendre place pour assister au choc.
Nicolas Dupouy, manager de l’ASF, nous confiait la nature du discours tenu à ses joueurs avant de rentrer sur le terrain : « Nos mots ont été simples : jouer avec le coeur, car on était dans une période négative, avec 3 matchs perdus consécutivement, même si contre Tarbes, on avait vu du mieux. On ne voulait pas s’incliner à domicile, car on y a déjà perdu 4 fois, et ce n’était jamais arrivé. On leur a demandé de prendre du plaisir aussi. J’étais joueur il y a peu, s’entraîner dans la boue, le froid, sans gagner, ce n’est pas simple pour le moral. Là, les joueurs ont été héroïques, du début à la fin, notamment en défense. »
« Un coin de ciel bleu pour le printemps »
De la parole aux actes. Les Gersois ont pris le score rapidement, menant 16-11 à la pause. Tous les espoirs étaient permis. Blagnac assumait son statut et refroidit le stade Marius Lacoste par un essai dès le retour des vestiaires (16-18). Les Caouecs enfoncaient le clou cinq minutes plus tard par un nouvel essai (16-23). On croit l’affaire entendue, mais à l’heure de jeu, Fleurance continue d’envoyer du jeu, et se voit offrir une pénalité. Les coéquipiers de Damien Camacho choisissent la pénal touche. A raison, ce dernier la capte, et c’est Putuma, qui avait déjà ouvert le score d’entrée de première mi-temps, qui sort du groupé pénétrant pour aplatir à nouveau, un essai en coin, non transformé (21-23). Le huit de devant fleurantin est conquérant, et face à sept Blagnacais (Pointud purgeant dix minutes sur un carton jaune), s’offre mieux qu’un bonus défensif, avec une pénalité à trois minutes du terme. Bouisset, rentré au début de ce second acte enlevé, ne tremble pas. Des 22 mètres, il enquille les trois points. Les derniers du jour, qui plongeaient tout un peuple dans l’ivresse et l’allégresse d’une nuit sans fin, mais pas sans faim !
Nicolas Dupouy était un entraîneur heureux : « Cette victoire fait du bien évidemment, elle nous rapproche de notre objectif, qui reste le maintien. A la reprise en janvier, si on avait gagné contre Mauléon chez nous, on aurait pensé à la qualif, mais ils étaient au dessus. Je me dis aussi que si on avait gagné contre Mauléon, on n’aurait peut être pas trouvé les ressources pour gagner Blagnac, allez savoir. On a un effectif limité, avec de la casse chaque weekend, sauf samedi justement. Notre prochain match sera déterminant à Bagnères : si on le gagne, on sera maintenu, pas mathématiquement, mais mentalement. Et là, on pourra peut-être rêver à un coin de ciel bleu pour le printemps. »
Un pari à honorer pour le président
Ce déplacement à Bagnères sera à suivre de près donc. Avec un oeil tout particulier sur le président de Fleurance. En effet, Michel Courtès avait annoncé qu’en cas de victoire sur Blagnac, il irait à Lourdes à pied. Nous l’avons donc interrogé pour savoir s’il allait tenir parole ou pas : « C’est une victoire inespérée, inattendue, même si on a toujours dans un coin de la tête, l’idée que l’exploit est possible. On n’est pas au niveau des trois premiers, c’est sûr, mais sur un match tout est possible, à l’orgueil. Si on regarde le classement, on est 7ème, avec 5 bonus défensifs, ce qui signifie qu’on ne passe pas loin. Le club se structure, on a encore des progrès à faire, on le sait, et on y travaille. Lourdes ? A bientôt 71 balais, même si j’ai arrêté de fumer, ça ne me laisse que 15 jours pour me préparer. En revanche, j’ai du mental, alors je vais mobiliser les sponsors pour bénéficier d’une assistance médicale (rires). Mais je vais y aller oui, et je peux même vous dire que j’irai allumer un cierge sur place, pour nous aider à gagner le prochain match, et qui sait, voir plus haut. »
Certains proches du club nous ont affirmé que la dernière fois que le président avait été aperçu en train de courir, voire même de marcher plus de 100 mètres, remontait à un temps que des U18 ne peuvent pas connaître. Il y a des miracles qui coûtent cher, mais assurément, ce n’est pas la croix ni la… « Bagnères », de marcher 21km. Qui sait, Fleurance et son président seront prêts à sortir de la grotte pour se qualifier grâce à cette marche… forcée !