Une confrontation entre le leader de la Poule 1 et son dauphin, le tout doublé d’un derby. C’était là l’affiche de la treizième journée du championnat Reichel Élite Espoirs. A domicile, le Stade Toulousain (1er, 41 points), titré en 2021 et champion de France en titre, souhaitait enchainer un troisième succès de rang après s’être imposé face à Narbonne puis à Grenoble. Le visiteur du jour, à savoir le Castres Olympique (2ème, 34 points), ne venait cependant pas en victime expiatoire et comptait au contraire confirmer son dernier succès (30-17) face à l’USA Perpignan… (Par Marco Matabiau/ Photos Stéphane Muller et Jason Sauvajon)
Les visiteurs entamaient parfaitement les débats. Après un bon lancement articulé autour du troisième ligne Tukino et du trois-quart centre Corpel, ils obtenaient une pénalité que le capitaine et ouvreur Gras se faisait un plaisir de transformer (0 – 3, 2ème). Réplique instantanée des Toulousains. Enchainement sur lequel le trois-quart centre Gourgues, le pilier Hawkes et le troisième ligne et capitaine Sentubery se mettaient en évidence. Faute au sol castraise, et Delpy remettait les deux équipes à égalité (3 – 3, 5ème).
Dans la foulée, les Stadistes prenaient l’avantage. Le deuxième ligne Labarthe servait Hawks à hauteur, lequel trouvait à son tour Delpy. L’ouvreur prenait l’espace et servait main – main Gourgues. Celui-ci négociait à merveille un ultime deux contre un pour envoyer son compère du centre Pichardie derrière la ligne. En bonne position, Delpy rajoutait deux points (10 – 3, 9ème). Guère rassasiés, les Toulousains continuaient d’appuyer là où ça faisait mal.
Après que Gourgues ait été projeté en touche à quelques encablures de la ligne, ses coéquipiers bénéficiaient d’une pénalité. Pénaltouche, ballon porté, puis jeu au près des avants, avant que le ballon ne soit extrait et que Gourgues, décidément très en vue en ce début de partie, ne trouve à hauteur nul autre que Pichardie, lequel filait réaliser un doublé personnel. Delpy transformait à nouveau (17 – 3, 16ème).
Après une pause fraicheur bien méritée, les Toulousains remettaient le couvert. Nouvelle pénaltouche, suivie d’un maul porté duquel Hawkes s’extrayait pour inscrire le troisième essai de sa formation (22 – 3, 23ème). Le CO essayait bien de réagir mais était pris à la gorge, comme sur cette offensive débutée à la ligne médiane et terminée… dans ses propres 22 mètres. Toutefois, à force d’abnégation, les Tarnais étaient enfin récompensés.
Une bonne mêlée, un lancement propre côté gauche, qui permettait à l’ailier Palchine de déborder. Sur le retour, Tukino et les deuxièmes lignes Boyer et Lopes gardaient l’équipe dans l’avancée. Assez pour qu’après une série de « pick and go », le troisième ligne Diaz ne franchisse la ligne d’en-but. Gras ajoutait la transformation (22 – 10, 33ème).
Malheureusement pour eux, les visiteurs perdaient coup sur coup Lopes et Tukino. Ils étaient remplacés par Konnov et Rakotomalala. Ce dernier se mettait d’entrée en évidence, tout d’abord par une charge pleine de rage, puis en grattant au sol et en provoquant une pénalité dans un ruck (déblayage illicite de Moreau). L’occasion était trop belle et Gras rajoutait trois points (22 – 13, 39ème). Dans la foulée, Teulet (fils de Romain) jouait au pied mais était contré par Labarthe.
Le deuxième ligne pensait marquer, mais c’était sans compter sur le retour in extremis de l’arrière Chabouni. Une dernière attaque toulousaine avortait quand, après une belle chevauchée du talonneur Lacombre, Rakotomalala mettait les mains sur le ballon et glanait une nouvelle pénalité. Monsieur Samora sifflait alors la pause et permettait aux trente acteurs d’aller se mettre au frais quelques minutes.
Castres fait douter Toulouse
A la reprise, le staff castrais faisait sortir le pilier Talalua et entrer son suppléant Balti. La première séquence de ce second acte voyait le talonneur tarnais Buruiana se faire arracher le ballon, puis Rakotomalala gratter au sol et récupérer, avant que Teulet, d’un judicieux par-dessus, ne permette à Chabouni de créer le désordre dans la défense locale. Une défense qui se mettait d’ailleurs à la faute, permettant à Gras de rajouter trois unités à son compteur personnel (22-16, 45ème).
Désormais, Toulouse subissait et Castres dominait, obtenant notamment une touche dans les 22. Prise de Konnov, ballon porté, puis les « pick and go » s’enchainaient avant que le solide gaucher Chanet ne franchisse la ligne et n’aplatisse. Transformation de Gras. Castres reprenait l’avantage (22 – 23, 51ème) après avoir enregistré un 20 – 0 en 18 minutes.
Décidé à redynamiser son groupe, le staff toulousain procédait à son tour à quelques changements. Megherbi et Boubila faisaient leur entrée en première ligne. Jouanny montait en seconde ligne, et Hawkes glissait au poste de flanker. La réaction ne se faisait guère attendre. Après une longue séance de possession, notamment au près grâce aux nouveaux entrants, les Toulousains optaient pour une pénaltouche. Combinaison entre Boubila et Megherbi. Essai. Mais Monsieur Samora faisait rejouer l’action. Qu’à cela ne tienne. Combinaison entre Boubila et Megherbi… et essai en coin du talonneur. Delpy rajoutait la transformation (29 – 23, 58ème).
Les deux équipes faisaient alors le nécessaire pour l’emporter, continuant de jouer tous les ballons, mais les défenseurs se montraient redoutables dans le combat au sol, notamment Rakotomalala et le Toulousain tout fraichement entré Salhi. Touchés, les Stadistes Jouanny et Pichardie devaient quitter leurs coéquipiers, entrainant l’entrée de Pouzelgues et le retour de Labarthe.
Les Rouge et Noir, toujours par la botte de Delpy, parvenaient à creuser l’écart (32 – 23, 67ème). Le CO ne désarmait cependant pas. Dans ses 40 mètres, Delpy souhaitait occuper au pied mais se faisait contrer par le pilier Sokobale. Un bon rebond pour Verdu, lequel se saisissait du cuir et partait, après un sprint de 40 mètres, inscrire le troisième essai castrais (32 – 28, 73ème).
Les visiteurs avaient l’occasion de créer l’exploit. Ils obtenaient tout d’abord un coup franc suite à une mêlée, mais le coup de pied haut était trop long pour mettre l’arrière-garde toulousaine en difficulté. Dans les arrêts de jeu, le droitier Megherbi était sanctionné, toujours en mêlée fermée. Pénaltouche dans les 22 des locaux. S’engageait alors une terrible lutte au près, voyant les attaquants tarnais se ruer à l’assaut de la ligne de défense toulousaine. Cette dernière faisait front. Mieux même, quand Mekenese grattait un dernier ballon sur Rakotomalala (80ème + 2). Pénalité, et fin des hostilités.
Quel match les deux formations auront proposé au nombreux public massé le long de la main courante du terrain annexe d’Ernest-Wallon. Empruntés et battus dans les duels dès l’entame, les joueurs de Cédric Jalabert, Renaud Gély et Marcel Garvey auront mis une bonne vingtaine de minutes à entrer dans la partie. Malheureusement pour eux, ils avaient alors 19 unités de retard.
Pourtant, multipliant les offensives et les prises d’initiative, ils ont peu à peu refait surface, revenant progressivement au score, puis passant même devant leurs hôtes du jour à une trentaine de minutes du terme. Malgré les performances remarquées de Rakotomalala, Gras et Chanet, ils n’auront cependant pu garder cet avantage mais se consoleront tout de même avec un point de bonus défensif amplement mérité. A venir pour les Tarnais: la réception de Provence Rugby, dernier de la classe.
Il était temps! Auteurs d’un début de match canon, les protégés de David Mélé, Jerome Kaino et Joe Tekori ont rapidement pris les devants, proposant un jeu tant rapide que limpide. Cependant, ils auront ensuite souffert une bonne trentaine de minutes avant de ressortir la tête de l’eau et de reprendre les devants, dans les pas des Hawkes, Delpy, Gourgues et Richardis (ce dernier auteur à l’heure de jeu d’une relance sur laquelle il aura mystifié cinq défenseurs, un crochet intérieur après l’autre). Solidaires en défense sur la fin de rencontre, les Toulousains obtiennent un succès précieux et confortent leur première place avant de disputer un nouveau derby la semaine prochaine, à Colomiers cette fois.
Réactions
David Mélé (Entraîneur, Stade Toulousain) : « Une victoire dont on avait besoin face à une belle équipe de Castres qui nous avait malmenés chez elle. On a su remettre les choses dans l’ordre en mettant notre jeu en place, en étant solides défensivement quand il l’a fallu. On a montré du caractère pour emporter ce match important pour nous, pour la suite de notre saison. La semaine prochaine, on va à Colomiers pour un match tout aussi important ».
Renaud Gély (Entraîneur, Castres Olympique): « On n’était pas loin. L’entame nous fait mal. On savait que le match se jouerait sur les collisions. On a subi d’entrée, ce qui leur a permis de marquer trois essais en vingt minutes. On rééquilibre par la suite. On est mieux dans le match. Ces matchs-là, face à un champion de France, se jouent sur des détails. On manque encore de précision. Néanmoins, comme on a dit aux garçons, on a le niveau pour aller se qualifier. On a pris un point de bonus. A nous d’assurer notre qualification lors des matchs qu’il nous reste à jouer ».
Feuille de match
A Toulouse (Stade Ernest-Wallon) : Stade Toulousain bat Castres Olympique 32 à 28 (mi-temps: 22 à 13)
Arbitrage: M. Hugues Samora assisté de MM. Cédric Py et Cyril Laverre (Ligue Occitanie).
Pour Toulouse : 4 essais Pichardie (9ème, 16ème), Hawkes (23ème), Boubila (56ème), 2 pénalité (5ème, 67ème) et 3 transformations Delpy.
Pour Castres : 3 essais Diaz (33ème), Chanet (51ème), Verdu (73ème), 3 pénalités (2ème, 39ème, 45ème) et 2 transformations Gras.
Composition Toulouse : Richardis; Ben Alla, Pichardie, Gourgues, Galtier; Delpy (o), Llaveria (m); Sentubery (cap), Moreau, Jouanny; Labarthe, Portat; Hawkes, Lacombre, Varenne.
Sur le banc : Boubila, Mekenese, Condon, Salhi, Darroque, Remue, Pouzelgues, Megherbi.
Entraîneurs : David Mélé, Jerome Kaino et Joe Tekori.
Composition Castres : Chabouni; Palchine, Ferrié, Corpel, Escribe; Gras (o, cap), Teulet (m); Tukino, Guiraud, Diaz; Boyer, Lopes; Talalua, Buruiana, Chanet.
Sur le banc : Mitu, Sokobale, Konnov, Rakotomalala, Verdu, Falguera, Loop, Balti.
Entraîneurs : Cédric Jalabert, Renaud Gély et Marcel Garvey.
Un grand merci à Stéphane Muller et Jason Sauvajon pour les photos de ce match