« Oui, il y a des incivilités grandissantes, oui, cela nous interpelle et oui, cela nous inquiète… »
Vous parlez de comportements liés au jeu, mais depuis plusieurs années, les arbitres sont victimes d’agressions verbales de plus en plus violents, et même d’agressions physiques. Est-ce que cela vous inquiète ?
Oui… Les incivilités sont croissantes. on a eu en Occitanie deux arbitres agressés en effet, c’est deux de trop bien sûr*. On sent que les comportements dans les stades ont tendance à se dégrader. Je pense que c’est sociétal. Vous savez, le dimanche, c’est un peu le défouloir après avoir accumulé des frustrations professionnelles ou familiales. L’arbitre devient une cible facile pour se défouler. D’ailleurs, le mot arbitre me semble inapproprié. Je préfère utilise le terme de directeur de jeu, qui est là pour accompagner le jeu. Le mot arbitre a une sorte de connotation plus négative, porté sur la sanction, plus que sur l’accompagnement. Il y a des joueurs qui pratiquent le rugby sans en connaître toutes les règles par coeur, car elles sont complexes parfois. On doit donc les accompagner, les guider, avec pédagogie. Et pour répondre à votre question clairement : oui, il y a des incivilités grandissantes, oui, cela nous interpelle et oui, cela nous inquiète.
*Voir notre article du 23 avril 2019 : une arbitre molestée à la sortie du terrain
*Voir notre article du 25 avril 2019 : Encore un match arrêté, et un arbitre frappé
Que faire concrètement pour y remédier ?
on essaye de véhiculer des messages, on rappelle chaque année en début de saison la loi Lamour, qui explique la mission de service public confiée à un officiel de match, comme à un policier ou un gendarme qui est assermenté, c’est un peu la même chose. Il faut qu’il y ait un respect mutuel des gens qui représentent l’institution envers les joueurs, et inversement bien sûr.
Les sanctions vous paraissent-elles suffisantes ?
Il y a des dossiers qui vont se traiter au pénal, donc ce sont forcément des sanctions lourdes. Une agression contre une personne chargée du service public, ça peut aller de la prison avec sursis à de la prison ferme pour des récidivistes. Et il y en a malheureusement. Je suis attentif aux sanctions évidemment, mais je le suis aussi au niveau des conséquences. Je parle ici des cicatrices invisibles, psychologiques. On les accompagne, on les soutient, et pour tout vous dire, on les incite à retourner sur le terrain le plus rapidement possible. J’ai souvenir de certains cas d’arbitres molestés, restés sans arbitrer pendant trop longtemps, n’ont jamais repris.
Pensez-vous que tout est mis en oeuvre par les présidents de clubs, pour éviter des incidents dans leurs stades ?
Un président de club a déjà beaucoup de responsabilités à la base dans une association, mais les jours de matchs, il doit veiller dans tous les cas, à ce qu’un service de sécurité soit bien présent, tout en surveillant le bon fonctionnement de la buvette, et les gens qui sont autour. Ce qui n’est évidemment pas facile, il se doit d’être entouré et aidé. Mais un président est pleinement responsable de tout débordement, qu’il doit canaliser.
Pour conclure, une affiche circule depuis peu pour promouvoir le recrutement des arbitres à destination des clubs, des établissements scolaires. Vous surfez sur l’effet de la Coupe du Monde ?
(Rires)On fait une affiche tous les deux ans en général, à destination des clubs, des magasins de sport, et des sites scolaires, pour dynamiser le recrutement. Mais il est évident que cette année, il nous semblait naturel, de mettre à l’honneur nos cinq arbitres français présents à la dernière coupe du monde. Sachant qu’ils ont été salués unanimement pour leurs très bonnes performances, avec Jérôme Garcès en tête de proue. On espère que ces performances et cette affiche susciteront de nouvelles et de belles vocations.
Devenir arbitre : pour tout savoir
tout à fait d’accord qu’un arbitre ne peut pas tout voir , le rugby est très complexe à arbitrer. en tant que responsable de la sécurité d’un club du niveau honneur je pense qu’on devrai justement redonner plus de pouvoir aux délégués qui sont présents sur le bord des stades pour palier aux agréssions dont peuvent ètre victimes les joueurs dans le dos de l’arbitre .