Dimanche matin, 10h43 très précisément, Stéphanie Vermande, secrétaire du club de Gramat (Promotion Honneur Occitanie), reçoit un appel d’un dirigeant de Souillac, club rencontré le weekend précédent. Ce dernier l’informe que le docteur de l’Assurance Maladie de Cahors, responsable par ailleurs du « tracing covid » dans le département du Lot, vient de le contacter quelques instants plus tôt. L’objet de l’appel était simple : Souillac a un cas positif au coronavirus dans son équipe, et un test collectif a été recommandé. Il est donc vivement recommandé d’en faire autant pour les séniors de Gramat. Trois heures avant une rencontre officielle, qu’auriez-vous fait ?
La secrétaire, qui travaille en ce dimanche matin, prévient aussitôt Julien Couffignal, le président de club, qui lui, est déjà dans le bus avec les joueurs, en partance pour Lisle-sur-Tarn. Après un quart d’heure de route, il parvient à avoir le docteur-covid, qui lui confirme ses conseils, à savoir faire tester tous les joueurs… tout en lui laissant le soin de prendre la décision de déclarer forfait, ou pas. « On laisse des bénévoles prendre ce genre de décisions. Nous ne sommes pas des médecins, encore moins des politiques. On nous dit d’aller se faire tester au plus vite, dès le lundi matin, mais personne n’est là pour nous dire de ne pas aller disputer un match de rugby. » s’agace la secrétaire gramatoise.
Aussi, Julien Couffignal fait aussitôt stopper le bus, explique la situation aux joueurs, et après concertation, décide de faire demi-tour. Dès cette décision confirmée, Gramat prévient le club de Lisle-sur-Tarn, l’arbitre, et le délégué. Dans ce cas précis, en respectant les règlements, ce forfait de dernière minute, est considéré comme perdu. La Commission des Epreuves va étudier ce dossier, dont la décision pourrait fort bien faire jurisprudence lors des prochains weekends.
« Si nous avons match perdu, ce sera secondaire ! »
« Nous ne regrettons absolument pas notre décision » précise Stéphanie Vermande, « au contraire, je comprends la colère ou la déception du moment chez nos adversaires du jour, mais nous aurions été prévenus plus tôt, nous aurions pu agir plus tôt forcément. »
Régis Sacarrere, entraîneur de Lisle-sur-Tarn, fulminait dimanche. Mais avec quelques jours de recul, il dit simplement : « Je pense juste que c’est compliqué, chacun se débrouille comme il peut dans ce flou artistique… cette saison sera très particulière de toute façon. » Côté lotois, on attend la décision, mais quoiqu’il arrive, le sentiment d’avoir été logique et responsable prévaut : « Si nous avons match perdu, ce sera secondaire. Nous pensons d’abord à la santé de tous, et aussi, au fait que chacun travaille le lundi matin. Les conséquences sont autrement plus importantes à ce niveau là, qu’un match de rugby perdu sur tapis vert.Et puis, ce n’est pas de gaité de coeur que nous payons un bus pour rien aussi ! »
A suivre…