Dans les coulisses du Mondial, la ville bretonne de Perros-Guirec, camp de base des Condores du Chili, a été le théâtre d’une belle rencontre entre deux cultures aux identités fortes. Dès leur arrivée, les Sud-Américains ont reçu un accueil des plus chaleureux et ont même été surpris à danser au son du Biniou-Kozh (cornemuse traditionnelle bretonne). Durant leur passage, les Chiliens ont fait partie intégrante du décor, partageant d’innombrables moments avec les locaux et le club de Lannion-Perros. Bien que les phases de poule de cette Coupe du Monde soient à peine finies, ce rapprochement insolite en restera sûrement comme l’une des plus grandes réussites.
Les Chiliens repartent les valises pleines … de Kouign-amann et de souvenirs :
Pour mieux comprendre ce qu’il s’est passé en Bretagne, il est important de bien connaître les deux protagonistes. D’abord, le Chili est l’invité surprise de ce Mondial, auquel il participe pour la première fois. La majorité de ces joueurs ne sont jamais venus en Europe et découvrent ici le haut niveau international. Sur les 33 joueurs retenus, 30 évoluent dans le jeune club de Selknam, créé en 2019 et basé à Santiago. À ce titre, ils se décrivent donc logiquement comme une grande famille, dont l’Uruguayen Pablo Lemoine est à la fois l’entraîneur en club et en sélection.
Cependant, ils ne viennent pas en France pour le tourisme, car cette Coupe du Monde a de grands enjeux pour eux, bien au-delà du sportif. En effet, le football reste roi au Chili, et la ferveur rugbystique a du mal à prendre. Ils comptent donc grandement sur la vitrine que représente un tel événement, pour continuer de se développer au niveau national.
Pour la petite ville côtière de Perros-Guirec et ses quelques 8000 habitants, habituellement loin de toute attraction médiatique, un tel événement est bien évidemment exceptionnel. En quelques semaines, des dizaines de caméras ont été braquées sur la côte bretonne. Julien Thérèse, le responsable communication du club de Lannion raconte : “Vous imaginez bien à quel point c’était incroyable pour nous, de recevoir une sélection nationale durant la compétition. On a l’impression que le monde entier était au courant que les Chiliens logeaient ici et ça a fait surtout un gros coup de pub sur notre ville.”
Il est vrai qu’en France, comme partout ailleurs, on adore les belles histoires de petits poucets, qui se battent avec leurs armes dans la cour des grands. Naturellement, Los Cóndores (en référence à l’oiseau, symbole national), ont donc très vite conquis les cœurs sur, et en dehors du terrain. “Dans leur pays, ces joueurs n’ont pas l’habitude d’évoluer devant 45 000 personnes comme ici, ils ont donc vécu un rêve éveillé et c’est également pour ça qu’on les aime” rappelle justement Julien. Si toutes les rencontres se sont finalement soldées par des défaites, les Chiliens ont tout de même montré une belle combativité. Malgré tout leur courage, l’apprentissage du haut niveau est cruel et les valises sont pleines au moment de rentrer au pays … mais pas seulement de points : elles sont également garnies de Kouign-amann, de Coquilles Saint-Jacques, de caramel au beurre salé et de souvenirs pour l’éternité.
Le club de Lannion Perros à la sauce chili
Une partie d’entre eux sont d’ailleurs partagés avec les Bretons et particulièrement ceux du club de Lannion Perros (Régionale 1). Julien raconte la Coupe du Monde spéciale qu’ils ont vécue : “Il y a eu trois entraînements ouverts au public, dans notre stade Yves Le Jannou, et ils ont réuni 1200 personnes à chaque fois. C’est dire l’engouement. En plus, toutes nos équipes, de l’école de rugby aux féminines, ont pu approcher les joueurs et nos séniors ont même eu la chance de partager des entraînements avec les réservistes. Bon, évidemment, après quelques touches, la différence technique s’est vite faite ressentir. Mais malgré cet écart de niveau, les joueurs chiliens se sont intégrés très humblement, par petit groupe. Ils nous ont même donné des consignes, en français ou par langue des signes (sourire). »
En plus de l’attractivité médiatique, le passage des Condores sera également bénéfique pour le rugby des Côtes d’Armor en terme d’infrastructures. En effet, un magnifique complexe a été bâti pour l’occasion, avec cryothérapie, vélos, espace de massage ou encore une salle dédiée aux médias. Le terrain a également été remis à neuf (main-courante, arrosage automatique, cuve de récupération de l’eau de pluie). Toutes ces installations profiteront donc bientôt au club de Lannion Perros, en échange de tous les efforts fournis pour l’événement.
Des histoires de vie, de partage, le rugby est rassembleur :
Durant ces quelques semaines, les Chiliens ont toujours été très accessibles, comme le confirme Julien : “Ils résidaient dans un grand hôtel SPA, proche de la mer. À notre grande surprise, on les a vu se baigner quasiment tous les soirs”. Cette même plage a également été le sujet d’une anecdote décalée, qui augmentera encore le capital sympathie des Chiliens. “Nous y avions tourné un clip pour notre rentrée, tous en slip de bain aux couleurs du club, sur une musique des années 80 : la dolce vita », raconte-t-il (Une vidéo d’ailleurs relayée sur RugbyAmateur) “Quand les joueurs chiliens l’ont vu, ils en ont parlé à la mairie, qui a bien évidemment sauté sur l’occasion pour leur offrir des maillots semblables, avec le slogan de Perros : La vie en Rose”. Beaux joueurs, les Sud-américains, se sont même mis en scène, pour reproduire la vidéo originale, postée ensuite sur les réseaux, ce qui a bien évidemment réjoui Julien : “Malgré l’enjeu, ils parviennent à ne pas se prendre au sérieux. Manifestement, ce groupe ne s’empêche pas de profiter aussi de quelques moments de détente comme celui-ci. C’est plaisant à voir.”
Une demande très particulière…
Les Chiliens sont des gros consommateurs de viande, d’ailleurs le barbecue est un réel art de vivre chez eux. Julien nous fait part d’un épisode insolite : « L’hôtel 5 étoiles dans lequel ils avaient leurs quartiers a une restauration plutôt « gastro », et donc peu adaptée à la nutrition habituelle d’un Chilien. L’équipe a donc démarché une boucherie locale partenaire du club, la Maison Blanchard, dont le fils des gérants joue au rugby. Leur demande était assez exceptionnelle : 60 kilos de viande de bœuf. Les artisans bouchers, intrigués, sont bien évidemment allés aider les Condores pour ce barbecue géant, mais ont finalement assisté à un vrai cours de découpe et de cuisson. Comme je vous le disais, c’est vraiment culturel pour eux, ils cuisinent en suivant un protocole très strict. Surtout, ils mangent une quantité énorme de viande ! Même le boucher a été surpris. »
Un départ en émotions…
Lors du dernier match à Nantes, contre l’Argentine, environ 70 membres du club de Lannion Perros ont fait le déplacement et n’ont pas manqué de venir saluer leurs protégés, à l’issue de la rencontre. “Je crois d’ailleurs qu’ils ont été assez touchés par ce geste” estime Julien.
Les Chiliens aux grands cœurs sont repartis, mais laisseront une trace de leur couleur rouge, sur la côte de Granit Rose. Le jour du départ, la population bretonne est venue en masse, pour saluer une dernière fois ses hôtes sud-américains. Un moment vécu logiquement avec beaucoup d’émotions par tous. Certains ont gardé contact avec la sélection, notamment le Boucher Yohann Blanchard. Ainsi, plus qu’une amourette d’été, les deux cultures sont désormais liées par cette belle histoire, qui représente parfaitement le rugby que l’on aime…
Dans les coulisses du Mondial, la ville bretonne de Perros-Guirec, camp de base des Condores du Chili, a été le théâtre d’une belle rencontre entre deux cultures aux identités fortes. Dès leur arrivée, les Sud-Américains ont reçu un accueil des plus chaleureux et ont même été surpris à danser au son du Biniou-Kozh (cornemuse traditionnelle bretonne). Durant leur passage, les Chiliens ont fait partie intégrante du décor, partageant d’innombrables moments avec les locaux et le club de Lannion-Perros. Bien que les phases de poule de cette Coupe du Monde soient à peine finies, ce rapprochement insolite en restera sûrement comme l’une des plus grandes réussites.
Les Chiliens repartent les valises pleines … de Kouign-amann et de souvenirs :
Pour mieux comprendre ce qu’il s’est passé en Bretagne, il est important de bien connaître les deux protagonistes. D’abord, le Chili est l’invité surprise de ce Mondial, auquel il participe pour la première fois. La majorité de ces joueurs ne sont jamais venus en Europe et découvrent ici le haut niveau international. Sur les 33 joueurs retenus, 30 évoluent dans le jeune club de Selknam, créé en 2019 et basé à Santiago. À ce titre, ils se décrivent donc logiquement comme une grande famille, dont l’Uruguayen Pablo Lemoine est à la fois l’entraîneur en club et en sélection.
Cependant, ils ne viennent pas en France pour le tourisme, car cette Coupe du Monde a de grands enjeux pour eux, bien au-delà du sportif. En effet, le football reste roi au Chili, et la ferveur rugbystique a du mal à prendre. Ils comptent donc grandement sur la vitrine que représente un tel événement, pour continuer de se développer au niveau national.
Pour la petite ville côtière de Perros-Guirec et ses quelques 8000 habitants, habituellement loin de toute attraction médiatique, un tel événement est bien évidemment exceptionnel. En quelques semaines, des dizaines de caméras ont été braquées sur la côte bretonne. Julien Thérèse, le responsable communication du club de Lannion raconte : “Vous imaginez bien à quel point c’était incroyable pour nous, de recevoir une sélection nationale durant la compétition. On a l’impression que le monde entier était au courant que les Chiliens logeaient ici et ça a fait surtout un gros coup de pub sur notre ville.”
Il est vrai qu’en France, comme partout ailleurs, on adore les belles histoires de petits poucets, qui se battent avec leurs armes dans la cour des grands. Naturellement, Los Cóndores (en référence à l’oiseau, symbole national), ont donc très vite conquis les cœurs sur, et en dehors du terrain. “Dans leur pays, ces joueurs n’ont pas l’habitude d’évoluer devant 45 000 personnes comme ici, ils ont donc vécu un rêve éveillé et c’est également pour ça qu’on les aime” rappelle justement Julien. Si toutes les rencontres se sont finalement soldées par des défaites, les Chiliens ont tout de même montré une belle combativité. Malgré tout leur courage, l’apprentissage du haut niveau est cruel et les valises sont pleines au moment de rentrer au pays … mais pas seulement de points : elles sont également garnies de Kouign-amann, de Coquilles Saint-Jacques, de caramel au beurre salé et de souvenirs pour l’éternité.
Le club de Lannion Perros à la sauce chili
Une partie d’entre eux sont d’ailleurs partagés avec les Bretons et particulièrement ceux du club de Lannion Perros (Régionale 1). Julien raconte la Coupe du Monde spéciale qu’ils ont vécue : “Il y a eu trois entraînements ouverts au public, dans notre stade Yves Le Jannou, et ils ont réuni 1200 personnes à chaque fois. C’est dire l’engouement. En plus, toutes nos équipes, de l’école de rugby aux féminines, ont pu approcher les joueurs et nos séniors ont même eu la chance de partager des entraînements avec les réservistes. Bon, évidemment, après quelques touches, la différence technique s’est vite faite ressentir. Mais malgré cet écart de niveau, les joueurs chiliens se sont intégrés très humblement, par petit groupe. Ils nous ont même donné des consignes, en français ou par langue des signes (sourire). »
En plus de l’attractivité médiatique, le passage des Condores sera également bénéfique pour le rugby des Côtes d’Armor en terme d’infrastructures. En effet, un magnifique complexe a été bâti pour l’occasion, avec cryothérapie, vélos, espace de massage ou encore une salle dédiée aux médias. Le terrain a également été remis à neuf (main-courante, arrosage automatique, cuve de récupération de l’eau de pluie). Toutes ces installations profiteront donc bientôt au club de Lannion Perros, en échange de tous les efforts fournis pour l’événement.
Des histoires de vie, de partage, le rugby est rassembleur :
Durant ces quelques semaines, les Chiliens ont toujours été très accessibles, comme le confirme Julien : “Ils résidaient dans un grand hôtel SPA, proche de la mer. À notre grande surprise, on les a vu se baigner quasiment tous les soirs”. Cette même plage a également été le sujet d’une anecdote décalée, qui augmentera encore le capital sympathie des Chiliens. “Nous y avions tourné un clip pour notre rentrée, tous en slip de bain aux couleurs du club, sur une musique des années 80 : la dolce vita », raconte-t-il (Une vidéo d’ailleurs relayée sur RugbyAmateur) “Quand les joueurs chiliens l’ont vu, ils en ont parlé à la mairie, qui a bien évidemment sauté sur l’occasion pour leur offrir des maillots semblables, avec le slogan de Perros : La vie en Rose”. Beaux joueurs, les Sud-américains, se sont même mis en scène, pour reproduire la vidéo originale, postée ensuite sur les réseaux, ce qui a bien évidemment réjoui Julien : “Malgré l’enjeu, ils parviennent à ne pas se prendre au sérieux. Manifestement, ce groupe ne s’empêche pas de profiter aussi de quelques moments de détente comme celui-ci. C’est plaisant à voir.”
Une demande très particulière…
Les Chiliens sont des gros consommateurs de viande, d’ailleurs le barbecue est un réel art de vivre chez eux. Julien nous fait part d’un épisode insolite : « L’hôtel 5 étoiles dans lequel ils avaient leurs quartiers a une restauration plutôt « gastro », et donc peu adaptée à la nutrition habituelle d’un Chilien. L’équipe a donc démarché une boucherie locale partenaire du club, la Maison Blanchard, dont le fils des gérants joue au rugby. Leur demande était assez exceptionnelle : 60 kilos de viande de bœuf. Les artisans bouchers, intrigués, sont bien évidemment allés aider les Condores pour ce barbecue géant, mais ont finalement assisté à un vrai cours de découpe et de cuisson. Comme je vous le disais, c’est vraiment culturel pour eux, ils cuisinent en suivant un protocole très strict. Surtout, ils mangent une quantité énorme de viande ! Même le boucher a été surpris. »
Un départ en émotions…
Lors du dernier match à Nantes, contre l’Argentine, environ 70 membres du club de Lannion Perros ont fait le déplacement et n’ont pas manqué de venir saluer leurs protégés, à l’issue de la rencontre. “Je crois d’ailleurs qu’ils ont été assez touchés par ce geste” estime Julien.
Les Chiliens aux grands cœurs sont repartis, mais laisseront une trace de leur couleur rouge, sur la côte de Granit Rose. Le jour du départ, la population bretonne est venue en masse, pour saluer une dernière fois ses hôtes sud-américains. Un moment vécu logiquement avec beaucoup d’émotions par tous. Certains ont gardé contact avec la sélection, notamment le Boucher Yohann Blanchard. Ainsi, plus qu’une amourette d’été, les deux cultures sont désormais liées par cette belle histoire, qui représente parfaitement le rugby que l’on aime…