C’est un dimanche de rugby amateur presque comme les autres. A quelques détails près. D’abord, parce qu’à quinze jours d’intervalle, la pluie et la boue étaient remplacées par un franc soleil, un joli parfum de printemps, et de belles pâquerettes sur le pré. Un beau temps qui rendait le repas des partenaires encore plus savoureux, et la préparation d’avant match encore plus agréable. Toutes les conditions étaient donc réunies pour voir du beau jeu, et assister un barrage de 4ème série occitan passionnant, entre Labastide St Georges et Naucelle… (par David Campese, photos Christophe Fabriès)
La sortie des vestiaires est accompagnée des encouragements d’usage et d’une ambiance enfin retrouvée de phases finales. De quoi rendre nerveux les acteurs, et vérifier l’adage que parfois, l’enjeu tue le jeu. A défaut d’une orgie d’essais, nous aurons donc droit à un 0-0 à la pause un peu tristounet. Le préposé au tableau d’affichage était au chômage technique, mais pas les joueurs, dont l’engagement ne faisait pas défaut.
Mais le passage à l’heure d’été était mal digérée par certains a priori. Deux pénalités en faveur de La Bastide St Georges sont enfin converties en points. 6-0, la récolte est maigre, mais laisse entrevoir la qualification. Les locaux restent sous la pression d’un essai transformé de Naucelle. Le public donne de la voix. Les décibels vont monter de deux crans quand, en toute fin de partie, les Aveyronnais trouvent une brèche dans la défense tarnaise. L’essai est imparable, et il est inscrit entre les perches. La transformation n’est qu’une formalité. 6-7, score final.
Le responsable du tableau d’affichage n’aura pas le temps, ni l’envie certainement, d’afficher le 7, que M. l’arbitre siffle la fin de la partie. Les Bastidiens sont ko debout, ou allongés, c’est selon. Naucelle, qui a revue le jour après plusieurs années de mise en sommeil et moultes péripéties (voir article : Après 4 ans, Lucas, 18 ans, réveille le club de son village), peut exulter. Les jeunes aveyronnais viennent d’écrire une belle page de leur nouvelle histoire. Le livre reste ouvert pour en écrire de nouvelles dans les prochaines semaines. La Bastide de son côté, est tombée, mais s’est vite relevée grâce à ses dynamiques dirigeants et bénévoles. La finale du Terroir à disputer ce dimanche sera l’occasion d’aller décrocher un bouclier, contre Lacaune, et de clôturer une saison pas comme les autres. Le printemps est arrivé, et avec lui, ses belles émotions, un temps oubliées…
Les réactions
Fabrice Lascours et Denis Batejat (co-entraîneurs Naucelle) : « Que de chemin parcouru par cette bande de copains. Il fut long, parfois pénible, semé de doutes, mais avec de belles joies, comme aujourd’hui. Cette équipe gravit les marches à son rythme, elle grandit et apprend à chaque rencontre. D’abord les bases du jeu, puis le collectif, ce collectif qui nous permet d’avoir confiance dans le partenaire, et de l’emporter. Partir de rien, et voir ces joueurs maintenant, on se dit que les efforts n’ont pas été vains. Bien sûr tout n’est pas parfait mais que le chemin parcouru est beau si l’on prend le temps de se retourner. Maintenant on va prendre chaque match l’un après l’autre. Il faut y croire et ne rien s’interdire, c’est le meilleur d’y arriver. »
Arnaud Poux (président Naucelle) : « C’est une saison réussie dans sa totalité, une progression tout au long de la saison, les joueurs ont de la maturité. C’est un sentiment de grande fierté pour moi. Ce match a tenu ses promesses au niveau du suspense, j’ai vu des hommes sur le terrain et non plus des gamins, qui ont gardé la tête haute, n’ont rien lâché. J’en profite ici pour remercier nos supporters, venus en nombre, un véritable 16ème homme qui a joué son rôle à fond ! Je suis très fier. »