En s’imposant contre Maubourguet, Tarascon vient de s’approprier un « Pâques » complet : une qualification dans le dernier carré de la régionale 1, et surtout d’ores-et-déjà, la certitude de monter en fédérale 3, de par sa place de N°1 de la phase régulière. Une récompense pour tout un groupe et un club qui a su se remobiliser après une période d’incertitudes… (par Jonah Lomu, photos Raoul Denax)
Juin 2016, Tarascon vient de réaliser un belle saison, ponctuée d’une montée en Honneur. Julien Huguet décide alors d’endosser le costume d’entraîneur-joueur pour aider son club formateur. Le troisième ligne centre fait ses premiers pas de coach avec la réserve de l’UST. Deux ans plus tard, Tarascon s’invite à la table des grands de l’élite régionale, jusque dans le dernier carré, éliminé par le futur champion, Saint-Girons. On croit alors que le Stade du Moulin Neuf vient d’enclencher un nouveau cycle positif et durable. Mais cet optimisme légitime de prime abord, va laisser place au pessimisme.
Des résultats en dents de scie, des problèmes d’effectif, une formation pointée du doigt, et la relève pas si bien assurée que prévue. Proche de la relégation à la fin de l’exercice 2019-2020, les présidents qui avaient confié les clés du camion rouge et blanc, à Michel Lopez au préalable, font un double à l’attention de Julien Huguet. Ce nouveau duo a alors pour mission de consolider les bases, et bâtir dans la durée (voir article). L’ancien demi de mêlée du Stade Toulousain et le désormais ex-joueur devenu à 100% entraîneur, forment un duo complémentaire, en s’appuyant sur la même vision de formation des jeunes.
Julien Huguet explique : « Il y a trois ans, il y avait un manque d’effectif oui, les jeunes qui montaient n’avaient pas forcément les épaules pour apporter un plus. Il n’y avait pas cette continuité espérée. C’est différent aujourd’hui, les jeunes sont plus concernés par le projet, plus impliqués à tous les niveaux, ils sont entourés par des « anciens » qui forment un noyau dur. On a senti qu’il se passait quelque chose. » La large victoire inaugurale en début de saison dans le derby contre Laroque-Belesta l’a vite confirmé (voir résumé du match).
18 joueurs formés au club alignés lors du quart de finale
Premiers de leur poule, les Tarasconnais ont passé un gros test contre Montredon, équipe aguerrie, joueuse et au caractère bien trempé, comme le terrain du jour, balayé par des giboulées de saison. La victoire acquise en 8ème de finale se fait dans la douleur, certes, mais elle permet aux jeunes d’engranger de la confiance supplémentaire, à l’approche d’un quart de finale contre Maubourguet, au profil et aux couleurs similaires. C’est du 50-50 clamaient les deux équipes avant la rencontre, refusant d’avoir le statut de favori, histoire de s’enlever un peu de pression. Mais l’UST premier de poule face au Stade Olympique Maubourguet, 4ème, avait de fait les faveurs des parieurs ovales du dimanche.
A l’Isle-en-Dodon, le match commence par un round d’observation, les deux formations se jaugent sans trop se livrer, et puis Tarascon a pris le score, juste avant la pause par un essai transformé (13-3). Audabram, l’un des glorieux « anciens » avec les Marfaing, Alberich, et Coisnard, ajustera trois pénalités supplémentaires en seconde période (5 au total donc) pour donner un avantage que l’on croyait suffisant à l’heure de jeu (22-6) pour ne pas trembler. Et pourtant : « On a déjoué, Maubourguet n’y est pas étranger, ils se sont accrochés, étaient un peu à la limite parfois, et on a répondu, à tort. On prend deux pénalités retournées, un essai dans la foulée, plus une pénalité ». 22-13 à la 68ème minute, le SOM se démultiplie et Lascombes signe un doublé, que Lassalle bonifie par une transformation. 22-20 à la 77ème !
Les Pyrénéens y croient, et à raison, les remplacements vont bon train, les supporters retiennent leur souffle, une pénalité ou un drop changerait le cours de l’histoire d’un match que l’on croyait plié. La ligne ariégeoise est prise d’assaut, l’UST plie mais ne rompt pas. Et puis M. Sicard, arbitre du jour, siffle les trois coups.
Une récompense pour tout un club
Tarascon peut exulter, le club est en demi-finale d’Occitanie et donc en fédérale 3 : « Cette victoire est une récompense pour tous les efforts fournis depuis le 15 juillet dernier. On est vraiment content et fiers des mecs. On a un groupe jeune, entouré de quelques anciens. Sur la feuille de match de ce quart de finale, nous avons aligné 18 joueurs formés au club, dans un village de 2 900 habitants, c’est pas mal. Comme je le dis souvent, ils sont le portefeuille de Tarascon. Ces jeunes ont de la valeur et des valeurs. Ils font leurs études à Toulouse, mais reviennent deux fois par semaine pour s’entraîner chez nous, c’est la définition même de l’amour du maillot ! »
Pierre Marfaing, arrière et un des papas de l’équipe, était heureux à plusieurs titres : « Très heureux oui, pour notre club, pour nous, notre ville, 22 ans après, l’UST retrouve la fédérale 3, comme l’ont fait nos parents pour certains d’entre nous. Le match a été très engagé, face à une très belle équipe de Maubourguet à qui je souhaite un bon championnat de France. Nous avons su prendre le score, et le garder, même si sur la dernière action, ça aurait pu tourner contre nous. Mais cette action reflète notre saison, et l’état d’esprit du groupe. Très fier de tout le monde, que l’aventure continue, l’objectif est atteint. Merci aussi à tous nos supporters, toujours là, qui poussent derrière nous. »
Son compère les lignes arrières, ouvreur et buteur de service, Bertrand Audabram, ne dit pas autre chose : « Nous devions élever notre niveau de jeu face à une très belle équipe de Maubourguet, jeune, joueuse, et qui surtout, ne lâche rien et nous a fait trembler jusque dans les dernières minutes ! Nous validons l’ambition et le travail de tout un club, pour et par ses supporters, ses dirigeants , mais surtout ses bénévoles qui œuvrent au quotidien pour que l’on soit dans les meilleures conditions possibles : cette saison leur revient. Nous travaillons depuis des années pour vivre ce genre de moments. Cette saison, un vrai groupe s’est créé, l’amalgame entre jeunes et plus anciens s’est mis en place et nous sommes plus que fiers de ce que nous avons accompli. La route est encore longue, mais je ne suis pas inquiet pour la suite. Avec l’esprit et les valeurs que règnent à l’UST, tout est réuni pour que l’on y arrive. »
Julien Huguet, tout à sa joie également, prend conscience lui aussi du parcours accompli depuis trois longues années avec ce nouveau groupe : « On parlait de la montée, mais juste entre nous, et puis l’appétit vient en mangeant paraît-il. Notre saison régulière nous a donc mis en appétit. On s’est dit que c’était mieux d’être petit chez les grands, que grands les chez les petits. Les présidents ne sont quasiment jamais intervenus cette saison, mais la semaine dernière, ils nous ont fait comprendre que nous étions à un match de la fédérale 3, que c’était devenu un objectif. On avait la pression bien sûr, mais là, on peut dire que la saison est déjà validée avec cette montée. »
Et maintenant ? « On a dit aux joueurs qu’on jouait 80 minutes pour en jouer 80 de plus. Soyons gourmands de ces instants, ils sont précieux. Le prochain match, contre Trèbes sera tout aussi passionnant que contre Maubourguet. On ne se connaît pas, on va donc se concentrer sur notre jeu. Ce sera du 50-50, et là, il n’y aura vraiment pas de favori (rires). » La joie est naturellement palpable, la 3ème mi-temps bien entamée, mais l’esprit suffisamment clair pour nous glisser une dernière phrase pleine de sens : « On sait qu’il va falloir bosser dur à l’intersaison, pour exister en fédérale 3, et s’y installer durablement. Ce sera l’objectif en tous cas… mais pour l’instant, on va profiter ! »
Tarascon est revenu à la table des grands, et n’a pas l’intention de la quitter cette fois…