Alors que les Ariégeois restent sur deux victoires consécutives depuis le début du championnat, Pamiers se présentait en costaud dans le Tarn-et-Garonne avec l’envie de signer un hat-trick gagnant qui les installeraient plus que jamais dans le haut du classement. En face, les Diables Rouges se sont fait méchamment tirer par la queue, la semaine dernière, avec une sévère défaite 55-3 contre Villefranche de Lauragais. Battus, certes, mais pas abattus, les joueurs et le public de Jean-Fleury espèrent alors réaliser une grosse performance en faisant tomber les Appaméens, quitte à transformer le stade champêtre de Nègrepelisse en chaudron bouillant pour un match…. endiablé… (résumé et photos par Wildon)
Les dix premières minutes ressemblent à s’y méprendre à une confrontation de bouquetins, tête contre tête, pour la conquête du ballon mais aussi pour l’occupation du terrain, les deux formations faisant jeu égal. Il faut attendre le quart d’heure pour que Pamiers ouvre la marque par deux pénalités successives d’Alban Casenave (12e et 16e, 0-6). Doucement mais sûrement, les Ariégeois impriment leur rythme mais aussi leur impact physique, poussant les joueurs de Nègrepelisse à une défense de tous les instants, mais aussi à commettre des fautes répréhensibles. Luans se fait prendre par la patrouille pour jeu dangereux et part dix minutes sur le banc (18e). Ce laps de temps profite alors à un Pamiers réaliste qui marque un essai par Bertro, transformé par Alban Casenave (22e, 0-13). Un frisson parcourt les travées surchauffées de Jean-Fleury, craignant que ses protégés ne rentrent au foyer avec une nouvelle valise…
Nègrepelisse hausse son jeu et fait douter Pamiers
C’est alors que Nègrepelisse hausse son niveau de jeu. Plus faible dans le défi physique, les Charbonniers prennent l’ascendant sur l’envie et font plus que jeu égal avec des Appaméens, désormais acculés en défense, et auteurs de fautes synonymes de deux cartons jaunes successifs (27e pour Richard, puis 35e pour Laberty). Profitant de cet avantage numérique, Husson ouvre le compteur (27e, 3-13) des Diables rouges. Sur un gros temps fort, les coéquipiers d’Este plantent la tente sur la ligne d’en-but ariégoise mais, sous l’effet de la précipitation, ils perdent le cuir à deux mètres de la ligne. Ce n’est que partie remise puisque, sur un délice de mini-chandelle à suivre de Luans, Rous récupère le ballon du bout des doigts et s’en va marquer un essai qui fait lever tout le stade (39e, 10-13). Voici Nègrepelisse revenu dans la course !
Pamiers se fait peur tout seul
L’entame de la deuxième période commence sous la forme d’un duel de buteurs. A la pénalité réussie d’Alban Casenave (44e, 10-16), Husson réplique sans sourciller par une autre une minute plus tard (45e, 13-16). Pamiers tente d’envoyer du jeu pour faire la différence et se débarrasser de ces Négrepelissiens décidément collants. Mais leur défi physique se teinte de fautes pour jeu brutal. Déjà « cartonné » en première période, Richard se fait a nouveau reprendre par l’arbitre pour des coups de poing assénés dans les rucks. Pamiers campait à moins de cinq mètres de la ligne d’essai, et la sanction tombe : carton rouge (56e). Husson ne rate pas les perches et ramène les siens à 16-16. Trois minutes à peine plus tard, Santos est puni pour un placage à l’épaule dans un regroupement. Et bam ! Nouveau carton jaune (62e), Pamiers se retrouve encore à treize contre quinze. Quand Jean-Boulbès se fait siffler pour une nouvelle faute qui coûte une pénalité convertie signée Husson (65e, 19-16), c’est à se demander si les Appaméens ont perdu le fil de leur jeu ou de leurs esprits.
Des arrêts de jeu incandescents
L’expulsion temporaire du local Malby (66e, carton blanc) ne profite pas à Pamiers, A. Casenave ratant même une pénalité (67e). Cette heure de jeu devient étouffante d’autant que les Ariégeois retrouvent leur jeu, s’appuyant notamment sur leur vitesse de jeu. Ils portent le feu sur la ligne négrepelissienne et imposent un énorme temps fort physique, tant et si bien que l’infortuné Husson doit quitter le terrain, le genou en vrac (70e). Devant la résistance des Diables Rouges, Pamiers s’en remet à son artificier, A. Casenave, qui retrouve son efficacité en balançant coup sur coup deux pénalités entre les perches (72e et 73e, 19-22). Le SCA vient de repasser devant au score.
Entre les minutes restantes du temps réglementaire et celles du long temps additionnel, les derniers instants de la rencontre sont littéralement bouillantes. Assis au bord d’un volcan, le stade semble tout près d’entrer en éruption. Les Charbonniers mènent deux « cocottes » monstrueuses jusque sur la ligne d’en-but appaméenne. Pour tout dire, il n’y a plus d’organisation, plus de tactique, plus de discipline côté Pamiers, chaque Ariégeois comblant la moindre brèche, le moindre trou, la moindre faille à la « vas-y-comme-j’te pousse » pendant que les Tarn-et-Garonnais pilonnent, trouent, perforent la défense adverse, grattant centimètre par centimètre… Par deux fois, le maul négrepelissien s’écroule dans l’en-but ariégeois mais par deux fois l’arbitre refuse l’essai, les Diables ne parvenant pas à aplatir sur la terre qui leur est promise.
Au coup de sifflet final de Mr Lascou, plusieurs Appaméens restent allongés sur le sol, totalement épuisés par ces longues minutes d’arrêt de jeu incandescentes. Pendant que les joueurs de Nègrepelisse, têtes basses, stoïques, restent debout. A se demander qui est le vainqueur du vaincu…
Les réactions
Benoît Marfaing, manager de Pamiers
Rugby Amateur : Vous attendiez-vous à un tel match ?
BM : On s’attendait à du combat, mais j’ai vu un match de faible niveau de Fédérale 2. On a eu un arbitrage un peu difficile à cerner, on n’a pas réussi à s’adapter à cela, beaucoup de pénalités, de cartons, de jeu hâché. Sur les deux ou trois ballons qu’on arrive à exploiter, on les met en danger. On repart de Nègrepelisse avec quatre points, ce sera la seule chose qu’il faudra retenir de ce week-end.
Rugby Amateur : Vous n’avez pas eu peur que le match vous échappe ?
BM : Si, au bout de la 20e minute, quand nous menons 13 à 3. Coup de sifflet après coup de sifflet, l’arbitre nous reproche des déblaiements avec l’épaule, on s’est dit que cela allait être compliqué. Après, Nègrepelisse est une équipe qui a besoin de points, vaillante, qui va miser sa saison sur les matchs à domicile, donc ils n’ont rien lâché. Mais oui, c’est vrai qu’on s’est fait peur tout le match. Mais ce n’est pas Nègrepelisse qui nous a fait peur, c’est nous tous seuls.
Rugby Amateur : Que retenir de positif de ce match ?
BM : Que nous sortons de ce bloc de trois matches avec deux victoires à l’extérieur et une à la maison. C’est tout ce qu’il faut retenir. Maintenant, on va passer quinze jours à la vidéo et à l’entraînement pour régler ce qui n’a pas été sur ce match.
Nicolas Beaudonnet, entraîneur de Nègrepelisse
Rugby Amateur : Au vu du score et de l’intensité déployée dans le temps d’additionnel, qu’a-t-il manqué à votre équipe pour faire basculer la rencontre de votre côté ?
NB : Il ne lui manque rien… ça se joue à une décision arbitrale. On fait une cocotte de vingt mètres qu’on écroule au pied des poteaux et il n’y a pas d’essai de pénalité… (silence) Ce n’est parce qu’on est des « petits » qu’on doit être arbitré comme des « petits », je ne décolérerai pas. Je ne peux rien reprocher à mes joueurs. On a joué à quatorze avec leur nouveau règlement, on a un blessé, on ne peut plus jouer à quinze. Si on n’est pas arbitré comme il faut, ça va vite devenir pénible.
Rugby Amateur : Est-ce qu’une rencontre comme celle-ci, malgré la défaite, peut être bonifiée par rapport au groupe, pour lui faire prendre conscience de toutes ses possibilités ?
NB : Bien sûr, on est conscient que nous avons des possibilités, sinon nous ne serions pas là. Il ne nous manque rien, on n’a pas raté une pénalité, on a fait le jeu et nous ne sommes pas récompensés, c’est tout… (silence). Ou alors il nous manque vingt kilos chacun. Encore une fois, je n’ai rien à reprocher aux joueurs. Ils viennent aux entraînements, parfois en avance, ils s’entraînent, ils font le job, ça me fait râler…
Damien Borderies, co-président de Nègrepelisse
Rugby Amateur : Quand on voit le score (19-22) et le jeu envoyé par votre équipe, quel sentiment prédomine ? De la frustration, de la colère ?
DB : Il y a beaucoup de mots qui pourraient illustrer ce match-là. Encore une fois les garçons ont fait le job, ça se joue à pas grand-chose contre Pamiers, un gros de la poule qui joue le haut du tableau. C’est triste pour nos joueurs parce qu’encore une fois, on n’est pas récompensé en fin de match. On est peut être arbitré comme des « petits » et c’est bien dommage parce qu’on méritait un autre sort, surtout pour nos joueurs.
RA : Comment fait-on pour garder les garçons sous pression positive après la gifle de la semaine dernière et la défaite d’aujourd’hui ?
DB : On ne parlera pas de la gifle de la semaine dernière parce qu’elle est anecdotique pour moi. Elle ne reflète pas l’état d’esprit des garçons. Nous avons onze matches à jouer à la maison et ce sont pour nous les plus importants. On joue avec nos armes, certes inférieures à celles de nos adversaires, mais on méritait la victoire aujourd’hui.
LA FEUILLE DE MATCH
A Nègrepelisse (Stade Jean Fleury) – Nègrepelisse – Pamiers 19-22 (Mi-temps : 10-13)
Pour Nègrepelisse : 1 essai de Rous (39), 4 pénalités (27, 45, 56, 65) et 1 transformation (39) de Husson.
Pour Pamiers : 1 essai de Bertro (22), 5 pénalités (12, 16, 44, 72, 73) et 1 transformation (22) d’A. Casenave.
Arbitre : Mr Lascou
Carton rouge : Richard (56e) de Pamiers
Nègrepelisse : Ducasse, Allaire-Snella, Prax, Lacassagne, Dellamaria, Este (cap), Ricco, Beaudonnet, Bounaudet, Husson, Laviale, Luans, Rous, Burghofer, Folghera – Remplaçants : Lopes, Malby, Ferrero, Ferrero, Jasinski, Prunes, Platek, Penard.
Pamiers : Piorkowska, Khalkhal, Pradaud, Richard, Vergnes, Laberty, Gatti, Jean-Boulbes, Sentenac (cap), A. Casenave, Garcia, Lebon, C. Casenave, Bertro, Malirach – Remplaçants : Kouda, Gilardon Paz, Teriou, Bayang, Santos, Simon, Rouja
PORT FOLIO