Natif de Narbonne, Laurent Baluc-Rittener y a signé son premier contrat pro à 20 ans. Top 16, Top 14, H Cup, Challenge Européen, Pro D2, de Bourgoin à Albi en passant par Colomiers, le troisième ligne âgé aujourd’hui de 35 ans, a mené sa carrière avec passion et dévouement. Il a réduit la voilure comme il le dit lui-même, pour se construire une deuxième vie. En fédérale 1 à Castanet tout d’abord, puis au FCTT en fédérale 3 cette saison, où il prolonge le plaisir de jouer, tout simplement. Par son vécu, son franc-parlé et son verbe juste, Laurent est membre de Provale. Pour ces mêmes qualités, il a, pour notre plus grand plaisir, pris une licence avec…RugbyAmateur.fr. Histoire de nous livrer ses humeurs. Aujourd’hui, la Chocolatine du mercredi, et les bénévoles qui vont avec…
« Ils sont les chevilles ouvrières, les poutres qui charpentent l’édifice. Ils n’ont de cesse d’éduquer et de transmettre leur amour du rugby, dont ils parlent avec passion, et pour lequel ils donnent de leur temps sans compter. Pourtant, ils sont les seuls que l’on n’entend pas, ou que l’on n’écoute pas. Dans le brouhaha confus de notre sport qui a perdu sa boussole ces dernières semaines, ils sont encore les seuls qui continuent, contre vents et marées, à tenir le cap. Au milieu des scandales, des fusions sous perfusions, des compromissions, des promesses, des excès et des abandons, les éducateurs bénévoles sont toujours là. Présents, toujours à l’écoute de leurs « petits ». Patients aussi…
Et dieu sait s’il en faut de la patience pour s’occuper de jeunes garnements virevoltant dans tous les sens, peu soucieux de la voix qui les appelle, tant la quête permanente de l’objet du désir – le ballon – pousse à la turbulence ! Combien de fois nous ont-ils répété de nous baisser pour plaquer, de lever la tête pour chercher le soutien, ou de tourner les épaules pour passer. Combien de fois nous ont-ils répété que « le ballon que l’on passe, c’est un cadeau que l’on fait à son partenaire » !
Ils nous ont simplement appris le rugby. Et aujourd’hui je souhaite rendre hommage à tous ces bénévoles, à ces formidables éducateurs sans qui rien ne serait possible et qui, à l’heure de l’hyper médiatisation de notre sport, ne profitent guère de la lumière. Même si ce n’est pas sûrement pas ce qu’ils recherchent. On en a tous connu dans nos clubs respectifs. Tous avec des tenues improbables et des surnoms inoubliables. Je revois encore certains visages, des voix, des regards. Pat, Serge, Jean, Jean-Marc et tant d’autres. Authentiques, attentifs, dévoués corps et âmes à leurs clubs et à leurs gamins.
Aujourd’hui, peut-être plus encore qu’hier, le rugby a besoin d’eux, parce qu’ils sont la courroie de transmission d’un savoir-faire, les garants d’un état d’esprit qui a, hélas, la fâcheuse tendance à se diluer dans des valeurs de plus en plus troubles. A l’instar des éducateurs de foot obligés de composer avec les frasques des uns et les sex-tapes des autres, l’actualité chaude d’Ovalie ne donne pas les garanties d’exemplarité à offrir aux gamins des écoles de rugby (Même si chacun est libre de disposer de son corps et de son temps).
Mais parce que le sport se veut « socialisant » et éducatif, l’identification des enfants passe par des joueurs qui ont la responsabilité de leur propre image. Et en cela, la modestie effacée de nos éducateurs tranche avec les comportements de stars immatures, tandis que leur façon de tracer les limites reste encore le meilleur garde-fou face aux comportements excessifs et déconnectés de quelques « capricieux du rugby ». Eux qui nous ont tellement grondés quand on sortait des douches les genoux crottés, et qui supportaient avec indulgence nos chants de fond de bus, genre « pichouli » ou « rirette ». Même leur « soufflons » étaient remplis d’affection.
Et plus tard, quand on a le bonheur de jouer en équipe Première et de les croiser au hasard d’un match, alors… un simple regard suffit pour comprendre la fierté qu’ils ressentent. Et ces moments-là n’ont pas de prix. Voilà, je voulais simplement évoquer ces éducateurs bénévoles dont on parle si peu, dont la voix compte si peu, et qui font pourtant beaucoup, pour ne pas dire l’essentiel. Car même lorsque certains d’entre nous ont la chance de devenir pro, qu’on nous apprend un métier, une rigueur entrepreneuriale, la diététique, la musculation, les analyses vidéo, et tout le reste, on ne peut oublier que l’âme de ce sport et l’éthique qui va avec, ce sont eux qui nous les ont données. Gratos, avec la chocolatine du mercredi après-midi en rab. Et ça je ne veux pas l’oublier ! »